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Les aquilons sont moins terribles
Que leurs intrépides coursiers.

Chantez dans vos augustes fêtes
Le Dieu de la nuit et du jour,
Enfans de Jacob; vos conquêtes
Sont des gages de son amour.
Célébrez le Dieu des batailles,
Rois d'Israël; sur vos murailles
Plantez ses sacrés étendards;
Et bénissez dans leur enceinte
Ce Dieu dont la majesté sainte
Se montre et brille à vos regards.

Qu'il est grand cet Être adorable!
Qu'il est juste! qu'il est puissant!
Que sa conduite est admirable
Sur l'impie et sur l'innocent!
Heureux celui qui le révère !
Ce n'est point un maître sévère
A punir toujours incliné;

Sa main frappe, son cœur pardonne;
Et jamais ce Dieu n'abandonne
Que ceux qui l'ont abandonné.

L'abbé de REYRAG.

ODE TIRÉE DU

PSAUME XL.

Que rien ne peut troubler la tranquillité de ceux qui s'assurent en Dieu.

CELUI qui mettra sa vie

Sous la garde du Très-Haut,
Repoussera de l'envie

Le plus dangereux assaut.
Il dira: Dieu redoutable,
C'est dans ta force indomptable
Que mon espoir est remis:
Mes jours sont ta propre cause;
Et c'est toi seul que j'oppose
A mes jaloux ennemis.

Pour moi, dans ce seul asile,
Par ses secours tout-puissans
Je brave l'orgueil stérile
De mes rivaux frémissans.
En vain leur fureur m'assiége;
Sa justice rompt le piége
De ces chasseurs obstinés :
Elle confond leur adresse,
Et garantit ma faiblesse
De leurs dards empoisonnés.

O toi que ces cœurs féroces

Comblent de crainte et d'ennui,
Contre leurs complots atroces
Ne cherche point d'autre appui :
Que la vérité propice

Soit contre leur artifice
Ton plus invincible mur;
Que son aile tutélaire

Contre leur âpre colère
Soit ton rempart le plus sûr.

Ainsi, méprisant l'atteinte
De leurs traits les plus perçans,
Du froid poison de la crainte
Tu verras tes jours exempts,
Soit que le jour sur la terre
Vienne éclairer de la guerre
Les implacables fureurs,
Ou soit que la nuit obscure
Répande dans la nature
Ses ténébreuses horreurs.

Quels effroyables abîmes
S'entr'ouvrent autour de moi!
Quel déluge de victimes

S'offre à mes yeux pleins d'effroi !
Quelle épouvantable image

De morts, de sang, de carnage,

Frappe mes regards tremblans! Et quels glaives invisibles Percent de coups si terribles Des corps pâles et sanglans!

Mon cœur,

sois en assurance;
Dieu se souvient de ta foi;
Les fléaux de sa vengeance
N'approcheront pas de toi :
Le juste est invulnérable;
De son bonheur immuable
Les anges sont les garans;
Et toujours leurs mains propices
A travers les précipices
Conduisent ses pas errans.

Dans les routes ambiguës
Du bois le moins fréquenté,
Parmi les ronces aiguës,
Il chemine en liberté ;
Nul obstacle ne l'arrête :
Ses pieds écrasent la tête
Du dragon et de l'aspic;
Il affronte avec courage
La dent du lion sauvage,
Et les yeux du basilic.

Si quelques vaines faiblesses

Troublent ses jours triomphans,

Il se souvient des promesses
Que Dieu fait à ses enfans.
A celui qui m'est fidèle,
Dit la Sagesse éternelle,
J'assurerai mes secours;
Je raffermirai sa voie,
Et dans des torrens de joie
Je ferai couler ses jours.

Dans ses fortunes diverses
Je viendrai toujours à lui;
Je serai, dans ses traverses,
Son inséparable appui :
Je le comblerai d'années
Paisibles et fortunées;
Je bénirai ses desseins:
Il vivra dans ma mémoire,

Et partagera la gloire

Que je réserve à mes saints.

J.-B. ROUSSEAU.

SUR LE RÉTABLISSEMENT DU CULTE,

LOIN de moi, muse mercenaire,

Esclave du crime puissant,
Des tyraus lâche tributaire,
Fléau du malheur innocent!

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