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Dieu puissant, du sein de la nue
Ta main guidait Jacob par l'Egypte investi:
Les flots troublés l'ont reconnue,
Et du son de ta voix leur gouffre a retenti.

Tes cris, semblables au tonnerre, Jusqu'au fond de l'abîme ont porté la terreur; Et les fondemens de la terre,

Par ta course ébranlés, ont tressailli d'horreur.

Le tourbillon qui t'environne

Vomit des traits brûlans qui répandent l'effroi;
Les éclairs brillent, le ciel tonne,

La mer frémit, recule, et s'ouvre devant toi.

Ton char dans ces routes profondes
Ne laisse point de trace, et court à l'autre bord.
Pharaon te suit dans les ondes:

Il y cherche ton peuple; il y trouve la mort.

Israël, après mille obstacles,

Va remplir le désert de ses cris triomphans:
Seigneur, un seul de tes miracles

Anéantit l'Egypte, et sauve tes enfans.

LE BRUN.

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IMAGE DU BONHEUR TEMPOREL DES MÉCHANS.

ODE TIRÉE DU PSAUME CXLIII.

BENI

ENI Soit le Dieu des armées,
Qui donne la force à mon bras,
Et par qui mes mains sont formées
Dans l'art pénible des combats!
De sa clémence inépuisable
Le secours prompt et favorable
A fini mes oppressions:
En lui j'ai trouvé mon asile,

Et par

lui d'un peuple indocile

J'ai dissipé les factions.

Qui suis-je, vile créature!

Qui suis-je, Seigneur, et pourquoi

Le souverain de la nature

S'abaisse-t-il jusques à moi?

L'homme, en sa course passagère,
N'est rien qu'une vapeur légère

Que le soleil fait dissiper;

Sa clarté n'est qu'une nuit sombre,

Et ses jours passent comme une ombre

Que l'œil suit et voit échapper.

Mais quoi! les périls qui m'obsèdent
Ne sont point encore passés!

De nouveaux ennemis succèdent
A mes ennemis terrassés!

Grand Dieu! c'est toi que je réclame;
Lève ton bras, lance ta flamme,
Abaisse la hauteur des cieux,
Et viens, sur leur voûte enflammée,
D'une main de foudres armée,
Frapper ces monts audacieux.

Objet de mes humbles cantiques,
Seigneur, je t'adresse ma voix :
Toi dont les promesses antiques
Furent toujours l'espoir des rois;
Toi de qui les secours propices
A travers tant de précipices,
M'ont toujours garanti d'effroi,
Conserve aujourd'hui ton ouvrage,
Et daigne détourner l'orage
Qui s'apprêle à fondre sur moi.

Arrête cet affreux déluge,

Dont les flots vont me submerger.
Sois mon vengeur, sois mon refuge
Contre le fils de l'étranger :

Venge-toi d'un peuple infidèle,
De qui la bouche criminelle
Odes.

24

Ne s'ouvre qu'à l'impiété,

Et dont la main, vouée au crime,
Ne connaît rien de légitime

Que le meurtre et l'iniquité.

Ces hommes, qui n'ont point encore
Éprouvé la main du Seigneur,
Se flattent que Dieu les ignore,
Et s'enivrent de leur bonheur.
Leur postérité florissante,
Ainsi qu'une tige naissante,
Croît et s'élève sous leurs yeux :
Leurs filles couronnent leurs têtes
De tout ce qu'en nos jours de fêtes
Nous portons de plus précieux.

De leurs grains les granges sont pleines:
Leurs celliers regorgent de fruits :
Leurs troupeaux tout chargés de laines
Sont incessamment reproduits :
Pour eux la fertile rosée,

Tombant sur la terre embrasée,
Rafraîchit son sein altéré;

Et pour eux le flambeau du monde
Nourrit d'une chaleur féconde
Le germe en ses flancs resserré.

Le calme règne dans leurs villes;
Nul bruit n'interrompt leur sommeil:

On ne voit point leurs toits fragiles
Ouverts aux rayons du soleil.
C'est ainsi qu'ils passent leur âge.
Heureux, disent-ils, le rivage
Où l'on jouit d'un tel bonheur !
Qu'ils restent dans leur rêverie.
Heureuse la seule patrie

Où l'on adore le Seigneur!

J.-B. ROUSSEAU.

LA MISERICORDE DIVINE.

GRAND Dieu, par quels encens et par quelles victimes
Pourrai-je détourner ton courroux que je crains?
J'ai mérité la mort, et pour de moindres crimes
Le monde a vu tomber la foudre de tes mains.

L'excès de tes bontés augmente mon offense;
Tu me combles de biens, au lieu de me punir;
Et l'on voit, ô prodige! une égale constance
En moi pour t'offenser, en toi pour me bénir.

Il est vrai, mon Sauveur, mes fautes sont mortelles ;
Toujours ma passion s'oppose à tes projets :
Mais, hélas! si tu perds tous ceux qui sont rebelles,
En quel lieu de la terre auras-tu des sujets?

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