Pour conquérir l'univers. Serve le Dieu que je sers. LEFRANC DE POMPIGNAN. CONTRE LES HYPOCRITES, ODE TIRÉE DU PSAUME LVII. Si la loi du Seigneur vous touche, Règne aussi bien qu'en votre bouche, Préside aux jugemens que vous lancez sur moi! C'est vous de qui les mains impures Qui fait trébucher l'équité Lâches aux cabales vendus, Artisans de fourbes obscures, Habiles seulement à noircir les vertus! L'hypocrite, en fraudes fertile, Le fiel que sa bouche distille; Est moins aiguë et moins subtile Que le venin caché que sa langue répand. En vain le sage les conseille; Leur cœur s'assoupit aux discours Que l'aspic qui ferme l'oreille Aux sons mélodieux d'une touchante voix. Mais de ces langues diffamantes Et dans leurs gueules écumantes Il plongera sa main, et brisera leurs dents. Ainsi que la vague rapide D'un torrent qui roule à grand bruit Se dissipe et s'évanouit Dans le sein de la terre humide; Ou comme l'airain enflammé Fait fondre la cire fluide Qui bouillonne à l'aspect du brasier allumé. (1) -Ainsi leurs grandeurs éclipsées S'anéantiront à nos yeux; Ainsi la justice des cieux Avant que leurs tiges célèbres C'est alors que de leur disgrace De punir leur superbe audace; (1) Lefranc de Pompignan a imité cette idée au commencement de l'ode précédente. Et que, sans paraître inhumains, Nous pourrons extirper leur race, Et laver dans leur sang nos innocentes mains. Ceux qui verront cette vengeance Tour à tour ont leur récompense; Et confond des méchans l'orgueil ambitieux. J.-B. ROUSSEAU. ODE TIRÉE DU PSAUME CXXXVIII, Voce mea ad Dominum clamavi. Le Seigneur écoute ma plainte; Mes cris ont attiré ses regards paternels; J'ai percé la majesté sainte Dont l'éclat l'environne, et le cache aux mortels. Mes regrets, mes clameurs funèbres Et mes tremblantes mains s'élevaient jusqu'à lui. Dans les plus cruelles alarmes, Aux douleurs, aux remords, à la crainte immolé, Je suivais jusqu'aux premiers âges Ses soins pour nos aïeux, son amour, ses bienfaits: Par-tout s'offraient des témoignages De ce qu'il fit pour eux, sans se lasser jamais. Quoi! m'écriais-je, il fut leur père, Leurchef, leur conducteur en tout temps, en tout lieu; Oublîra-t-il, dans sa colère, Que nous sommes son peuple, et qu'il est notre Dieu? Non, l'espérance m'est rendue; Je sens fuir loin de moi les périls que je crains : Et ce prompt changement est l'œuvre de ses mains. J'ai rappelé dans ma mémoire Des bontés du Seigneur l'inaltérable cours: Et ma bouche aux mortels F'annoncera toujours. Eh! quel Dieu plus grand que le nôtre? Quel Dieu peut égaler sa force et son pouvoir ? Israël n'en aura point d'autre ; Lui seul de nos tyrans a confondu l'espoir. |