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Pour conquérir l'univers.
Sa clémence vous appelle,
Nations; que votre zèle

Serve le Dieu que je sers.

LEFRANC DE POMPIGNAN.

CONTRE LES HYPOCRITES,

ODE TIRÉE DU PSAUME LVII.

Si la loi du Seigneur vous touche,
Si le mensonge vous fait peur,
Si la justice en votre cœur

Règne aussi bien qu'en votre bouche,
Parlez, fils des hommes; pourquoi
Faut-il qu'une haine farouche

Préside aux jugemens que vous lancez sur moi!

C'est vous de qui les mains impures
Trament le tissu détesté

Qui fait trébucher l'équité
Dans le piége des impostures,

Lâches aux cabales vendus,

Artisans de fourbes obscures,

Habiles seulement à noircir les vertus!

L'hypocrite, en fraudes fertile,
Dès l'enfance est pétri de fard;
Il sait colorer avec art

Le fiel que sa bouche distille;
Et la morsure du serpent

Est moins aiguë et moins subtile Que le venin caché que sa langue répand.

En vain le sage les conseille;
Ils sont inflexibles et sourds;

Leur cœur s'assoupit aux discours
De l'équité qui les réveille;
Plus insensibles et plus froids

Que l'aspic qui ferme l'oreille

Aux sons mélodieux d'une touchante voix.

Mais de ces langues diffamantes
Dieu saura venger l'innocent:
Je le verrai ce Dieu puissant
Foudroyer leurs têtes fumantes ;
Il vaincra ces lions ardens,

Et dans leurs gueules écumantes

Il plongera sa main, et brisera leurs dents.

Ainsi que la vague rapide

D'un torrent qui roule à grand bruit

Se dissipe et s'évanouit

Dans le sein de la terre humide;

Ou comme l'airain enflammé

Fait fondre la cire fluide

Qui bouillonne à l'aspect du brasier allumé. (1)

-Ainsi leurs grandeurs éclipsées

S'anéantiront à nos yeux;

Ainsi la justice des cieux
Confondra leurs lâches pensées :
Leurs dards deviendront impuissans,
Et de leurs pointes émoussées
Ne pénétreront plus le sein des innocens.

Avant que leurs tiges célèbres
Puissent pousser des rejetons,
Eux-mêmes, tristes avortons,
Seront cachés dans les ténèbres;
Et leur sort deviendra pareil
Au sort de ces oiseaux funèbres
Qui n'osent soutenir les regards du soleil.

C'est alors que de leur disgrace
Les justes riront à leur tour;
C'est alors que viendra le jour

De punir leur superbe audace;

(1) Lefranc de Pompignan a imité cette idée au commencement de l'ode précédente.

Et

que,

sans paraître inhumains,

Nous pourrons extirper leur race,

Et laver dans leur sang nos innocentes mains.

Ceux qui verront cette vengeance
Pourront dire avec vérité.
Que l'injustice et l'équité

Tour à tour ont leur récompense;
Et qu'il est un Dieu dans les cieux
Dont le bras soutient l'innocence,

Et confond des méchans l'orgueil ambitieux.

J.-B. ROUSSEAU.

ODE TIRÉE DU PSAUME CXXXVIII,

Voce mea ad Dominum clamavi.

Le Seigneur écoute ma plainte; Mes cris ont attiré ses regards paternels; J'ai percé la majesté sainte

Dont l'éclat l'environne, et le cache aux mortels.

Mes regrets, mes clameurs funèbres
Au lever de l'aurore imploraient son appui ;
Je l'invoquais dans les ténèbres,

Et mes tremblantes mains s'élevaient jusqu'à lui.

Dans les plus cruelles alarmes,

Aux douleurs, aux remords, à la crainte immolé,
Je m'excitais moi-même aux larmes :
Mais Dieu se fit entendre, et je fus consolé.

Je suivais jusqu'aux premiers âges Ses soins pour nos aïeux, son amour, ses bienfaits: Par-tout s'offraient des témoignages

De ce qu'il fit pour eux, sans se lasser jamais.

Quoi! m'écriais-je, il fut leur père,

Leurchef, leur conducteur en tout temps, en tout lieu; Oublîra-t-il, dans sa colère,

Que nous sommes son peuple, et qu'il est notre Dieu?

Non, l'espérance m'est rendue;

Je sens fuir loin de moi les périls que je crains :
Dieu soutient mon âme abattue,

Et ce prompt changement est l'œuvre de ses mains.

J'ai rappelé dans ma mémoire

Des bontés du Seigneur l'inaltérable cours:
Mon cœur méditera sa gloire,

Et ma bouche aux mortels F'annoncera toujours.

Eh! quel Dieu plus grand que le nôtre? Quel Dieu peut égaler sa force et son pouvoir ? Israël n'en aura point d'autre ;

Lui seul de nos tyrans a confondu l'espoir.

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