NÉANT DES GRANDEURS HUMAINES. SUR Ce théâtre où disparaissent Quelle face! quels yeux ! quel regard immobile ! Ce qu'il perd l'attendrit, ce qu'il risque le glace. Ciel, soutiens sa faiblesse, et, pour dernière grace, Qu'il achève enfin de mourir. Venez, voyez, troupe frivole, Qu'un culte sacrilége ose diviniser; L'arrêt n'est point douteux, il a proscrit l'idole, Connaissez votre sort, présomptueux fantômes! Rapprochez-vous enfin de l'espèce mortelle ; Odes. 21 Mon œil tremblant parcourt la terre; Les mourans et les morts gisent de tous côtés: Elle entr'ouvre son sein. Quel spectacle elle enserre! Tous mes sens sont épouvantés. Que de gouffres infects qui sans cesse engloutissent! O terre, de la mort trophée épouvantable! Dans ces tas de poussière humaine, Cette foule de rois, fiers rivaux du tonnerre, Ces sages dont l'esprit brilla d'un feu céleste. De tant d'hommes fameux voilà donc ce qui reste: Des tombeaux, des cendres, des vers! Ode couronnée aux Jeux Floraux en 1737. FIN DES ODES PINDARIQUES, MORALES ODE TIRÉE DU PSAUME CXLV. N 'ESPÉRONS plus, mon âme, aux promesses du monde; Sa lumière est un verre, et sa faveur une onde Que toujours quelque vent empêche de calmer. Quittons ces vanités, lassons-nous de les suivre : C'est Dieu qui nous fait vivre, C'est Dieu qu'il faut aimer. En vain, pour satisfaire à nos lâches envies, Ce qu'ils peuvent n'est rien; ils sont, comme nous sommes Et meurent comme nous. Ont-ils rendu l'esprit ; ce n'est plus que poussière Dont l'éclat orgueilleux étonnait l'univers ; Ils sont mangés des vers. Là, se perdent ces noms de maîtres de la terre, Tous ceux que leur fortune Faisait leurs serviteurs. MALHERBE. DES CONSIDÉRATIONS DE LA MISÈRE HUMAINE. ODE EXTRAITE DU CHAPITRE XXII DE L'IMITATION DE JÉSUS-CHRIST. FAUT IL que cette vie, en soi si misérable, Ait toutefois un tel attrait, Que le plus indigent et le plus méprisable Le pauvre, qui l'arrache à force de prières, Et l'artisan s'épuise en sueurs journalières Oui, s'il était au choix de notre âme insensée De languir toujours en ces lieux, Lâches qui sur nos œnrs, aux voluptés du monde, Que rien n'y peut former d'impression profonde Nous verrons à la fin, aveugles que nous sommes " Et qu'il ne peut toucher que les esprits des hommes, Que ne peut toucher le vrai bien. Tant qu'à ce corps fragile un souffle nous attache, Que le plus innocent ne se peut voir sans tache, Le plein calme est un bien hors de notre puissance; Il descendit du ciel avec notre innocence; Comme ces deux trésors étaient inséparables, Et le même péché qui nous fit tous coupables, |