J'y vole; la pitié me guide, Viens, je t'offre un bras secourable; Quoi! tu tombes à mes genoux! Ne crains pas que mon âme altière, Et souille mes dons à tes yeux. Qui veut acheter des esclaves, Et non s'attacher des amis ! Oui, je hais la pitié farouche Tandis que, Ainsi nous voyons sur nos têtes DELILLE. Odes. 20 LE PHILOSOPHE DES ALPES. PRÈS des sources du Rhône et de ces monts énormes, Avide de jouir, avide de connaître, Dans la pompe des cours, dans le fracas des villes, A la voix de l'erreur il se laissa conduire : Une lyre à la main, dans ces vallons paisibles, Vous disait-il un jour : « O monts inaccessibles, » Sommets majestueux ! » Vous, siége des hivers, et trône des tempêtes, » J'aime à vous contempler, à fixer sur vos faîtes » Un œil respectueux. » Troncs noirs et dépouillés, dont la tige robuste » Etale tout l'honneur d'une vieillesse auguste, » Vous entendrez mes chants; » Redites-les, rochers, dans vos profondeurs sombres; >> Bois épais, consacrés par l'horreur de vos ombres, » Ecoutez mes accens. » Au milieu des cités, loin de ces bords sauvages, » Dans le cercle des lois, des mœurs et des usages, >> Tout homme est resserré. » Il est couvert d'un masque et flétri sous les chaînes, >> Et soumis aux erreurs d'âmes faibles et vaines » Dont il est entouré. » Ah! dans ce lieu désert où l'on pense sans maître, » J'appelle les humains qui des droits de leur être » Sont encore jaloux. » Alpes, c'est à vos pieds, loin d'un joug méprisable, » Que l'esprit est hardi, fécond, inébranlable, >> Immense comme vous. » Je m'élève; je crois être assis sur vos cimes, » Sans crainte, sans dédain mon œil les envisage; LE PHILOSOPHE DES ALPES. PRès des sources du Rhône et de ces monts énormes, Avide de jouir, avide de connaître, Dans la pompe des cours, dans le fracas des villes, A la voix de l'erreur il se laissa conduire : Une lyre à la main, dans ces vallons paisibles, Vous disait-il un jour : « O monts inaccessibles, >> Sommets majestueux ! » Vous, siége des hivers, et trône des tempêtes, » J'aime à vous contempler, à fixer sur vos faîtes » Un ceil respectueux. |