La foudre gronde sur nos têtes; Le bruit effrayant des tempêtes Eclate long-temps dans les airs; La nuit étend ses voiles sombres : Mais le soleil, vainqueur des ombres, Sort plus brillant du sein des mers.
Je vais rappeler la mémoire De ce fameux événement; Puisse le flambeau de l'histoire L'éclairer éternellement !
Quel être plus puissant m'inspire? Où suis-je ? l'air que je respire Devient plus serein et plus pur : Ravi sur la voûte éthérée, A travers le vaste empyrée Je vole sur un char d'azur.
Ciel! l'éternelle intelligence, Qui dispose à son gré du sort, Dieu, précédé de la vengeance, Ouvre le temple de la mort, Lieu sombre où la fraycur errante Se traîne à la lueur mourante D'un pâle et lugubre flambeau. La mort, qui jamais ne se lasse, Y trouve à chaque instant qui passe La porte affreuse du tombeau.
Que l'homme l'implore ou la brave, Rien ne touche son cœur d'airain; Dieu parle, elle accourt en esclave A la voix de son souverain : « Va, lui dit-il, punir la terre; Sois plus cruelle que la guerre : Pars, vole, pbéis à mes lois; Ravage, ébranle les empires, Et de l'horreur que tu respires Va remplir le palais des rois.
Epargne les princes iniques, Vils instrumens de mon courroux; Epargne les rois tyranniques.... Frappe le plus juste de tous. » Il dit, et la sœur de la Parque Cherche un père dans le monarque, Un sage dans le conquérant : A cet accord rare et sublime La mort reconnaît sa victime; Déjà Louis est expirant.
Ariête, implacable furie ; Respecte des jours précieux : La voix, les voeux de la patrie Peuvent encor monter aux cieux. Vains soupirs! le péril redouble: L'Europe attentive se trouble:
Le Bavarois est consterné : Des temples les murs respectables Répètent les cris lamentables Du peuple aux autels prosterné.
Prince, qui défendra le titre Que brigue ton fier oppresseur ? L'Europe n'aura plus d'arbitre, Les rois perdront leur défenseur. Les cieux sont-ils impénétrables? Et les plaintes des misérables S'égarent-elles dans les airs?
Non, non; leur voix est entendue : La Santé, du ciel descendue, Rend un héros à l'univers.
Déjà l'Alsace délivrée
Change ses cyprès en lauriers, Et la Victoire rassurée
Vole au-devant de nos guerriers. O douce Paix, vierge céleste, Après une guerre funeste
Sur nous vous régnerez encor: Le temps des orages s'écoule, Les plaisirs descendent en foule, Assis sur des nuages d'or.
Tels sont les sujets mémorables Que choisissait l'antiquité :
Dans ses travaux toujours durables Elle instruit la postérité. Imitons son exemple utile; Enfans d'Horace et de Virgile, Immortalisons les vertus,
Et peignons le roi le plus juste, Ami des beaux arts comme Auguste,
Et bienfaisant comme Titus.
A BUFFON,
CONTRE SES DÉTRACTEURS.
BUFFON, laisse gronder l'envie ;
C'est l'hommage de sa terreur: Que peut sur l'éclat de ta vie Son obscure et lâche fureur? Olympe, qu'assiége un orage, Dédaigne l'impuissante rage Des aquilons tumultueux : Tandis que la noire tempête Gronde à ses pieds, sa noble tête Garde un calme majestueux.
Pensais-tu donc que le génie Qui te place au trône des arts, Long-temps d'une gloire impunie Blesserait de jaloux regards? Non, non; tu dois payer la gloire; Tu dois expier ta mémoire
Par les orages de tes jours:
Mais ce torrent, qui dans ton onde Vomit sa fange vagabonde, N'en saurait altérer le cours.
Poursuis ta brillante carrière, O dernier astre des Francais ! Ressemble au dieu de la lumière, Qui se venge par des bienfaits. Poursuis; que tes nouveaux ouvrages Remportent de nouveaux outrages Et des lauriers plus glorieux : La gloire est le prix des Alcides; Et le dragon des Hespérides Gardait un or moins précieux.
C'est pour un or vain et stérile Que l'intrépide fils d'Eson Entraîne la Grèce docile
Aux bords fameux par la toison : Il emprunte aux forêts d'Epire Cet inconcevable navire
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