» O mes fils!...» A ces mots le trouble, les alarmes De sa voix maternelle interrompent le cours. Français, vous l'entendez; c'est la patrie en larmes Qui vous tient ce discours. Vengez-la; repoussez des nations jalouses; Quels sont vos ennemis? Des lâches, des parjures, Vous n'eûtes pour vainqueurs ni le fer homicide, Corrupteur de vos camps. C'est cet orgueil jaloux, ces haines intestines Sur le vaisseau public il faut veiller sans cesse Et ses flancs sont ouverts! Sachez que nos destins sont enfans de nous-mêmes. Et ne fait point, sans nous, flotter les diadêmes Pourquoi de vos malheurs rendre les dieux complices? De Crevelt, de Minden si la triste mémoire Du sang de nos rivaux ces plaines sont fumantes; Le soc y vient heurter leurs ossemens épars; Et l'Escaut roule encor, jusqu'aux mers écumantes, Les casques et les dards. Les palmes d'Hastembeck, filles de votre audace, Ah! si de vos lauriers la tige s'est fiétrie, Plus brûlant que ces feux qui des sombres Ardennes Il vole, il fait briller la flamme vengeresse ; Dans les plaines de Mars s'il doit trouver sa tombe, Ainsi tomba jadis dans les champs de Ravène, Vous eussiez vu la Gloire, en ces momens funestes, Mais celui dont la fuite ose acheter la vie Revient, les yeux baissés, par de sombres détours; Il craint tous les regards : la peur, l'ignominie, Enveloppent ses jours. C'est l'opprobre éternel des bords qui l'ont vu naître, Vil aux yeux de l'amour, vil aux yeux du courage, Soldats! vouez ce glaive aux dangers de la France; 1 S'il vous manque des chefs, du fond des rives sombres Evoquons Luxembourg, ou Turenue, ou Villars : Héros de nos aïeux, marchez, augustes ontbres, Devant nos étendards. Toujours on vit l'audace enchaîner la fortune; Dans le sein d'Albion, chez les fils de Neptune, Tels d'affreux léopards, dans leurs courses sanglantes, Mais l'aspect d'un lion, roi des plages brûlantes, Dieux! avec quels transports une épouse, une mère, Vont presser le vainqueur entre leurs bras chéris! Qu'il est beau de couvrir les cheveux blancs d'un père Des lauriers de son fils! Ce fils verra les siens, un jour dans sa vieillesse, C'est alors que ma lyre, amante du courage, Tout l'empire des temps. LE BRUN. LES PASSIONS. Q UEL essaim d'ennemis terribles Nourris-tu dans ton sein, mortel infortuné ? Tantôt de ces liens il sent le poids funeste; Il fait pour les briser mille efforts généreux : |