Ces volcans, effroi de Bellone, Ces foudres cachés sous ses pas. Contre la terre consternée, Quand la nature est déchaînée, Vous l'imitez dans ses horreurs ; Et le plus affreux phénomène Dont frémisse la race humaine, Sert de modèle à vos fureurs.
Que ne puis-je, arbitre des ombres, Forçant les portes du trépas, Evoquer des royaumes sombres Tous les morts de tous les climats ! A chacun d'eux si j'osais dire : Un Dieu t'ordonne de m'instruire Qui t'a conduit au noir séjour : Presque tous, homme impitoyable! Ils répondraient : C'est mon semblable Dont la main m'a privé du jour.
Ah! jetez ces coupables armes; De vous-mêmes prenez pitié; Connaissez, éprouvez les charmes De l'amour et de l'amitié. Que la force, que la puissance, Nobles soutiens de l'innocence, Ne servent plus à l'opprimer; Ecartez la guerre inhumaine, Et ne vouez plus à la haine
Le moment de vivre et d'aimer. CHAMpfort.
L'HOMME a dit : «Les cieux m'environnent,
» Les cieux ne roulent que pour moi; » De ces astres qui me couronnent >> La nature me fit le roi;
» Pour moi seul le Soleil se lève ; » Pour moi seul le Soleil achève » Son cercle éclatant dans les airs; » Et je vois, souverain tranquille, >> Sous son poids la terre immobile » Au centre de cet univers. >>
Fier mortel, bannis ces fantômes; Sur toi-même jette un coup d'œil. Qui sommes-nous, faibles a'omes, Pour porter si loin notre orgueil ? Insensés! nous parlons en maîtres, Nous qui, dans l'océan des êtres, Nageons tristement confondus; Nous dont l'existence légère, Pareille à l'ombre passagère, Commence, paraît et n'est plus.
Mais quelles routes immortelles Uranie entr'ouvre à mes yeux! Déesse, est-ce toi qui m'appelles Aux voûtes brillantes des cieux ? Je te suis. Mon âme agrandie, S'élançant d'une aile hardie, De la terre a quitté les bords: De ton flambeau la clarté pure Me guide au temple où la nature Cache ses augustes trésors.
Grand Dieu! quel sublime spectacle Confond mes sens, glace ma voix ! Où suis-je? quel nouveau miracle De l'Olympe a changé les lois? Au loin, dans l'étendue immense, Je contemple seul, en silence, La marche du grand univers; Et dans l'enceinte qu'il embrasse, Mon œil surpris voit sur leur trace Retourner les orbes divers.
Portés du couchant à l'aurore, Par un mouvement éternel, Sur leur axe ils tournent encore Dans les vastes plaines du ciel. Quelle intelligence secrète
Règle en son cours chaque planète
Par d'imperceptibles ressorts? Le Soleil est-il le génie
Qui fait, avec tant d'harmonie, Circuler les célestes corps?
Au milieu du vaste fluide Que la main d'un Dieu créateur Versa dans l'abîme du vide, Cet astre unique est leur moteur. Sur lui-même agité sans cesse, Il emporte, il balance, il presse L'éther et les orbes errans ; Sans cesse une force contraire, De cette ondoyante matière, Vers lui repousse les torrens.
Ainsi se forment les orbites Que tracent ces globes connus; Ainsi, dans des bornes prescrites, Volent et Mercure et Vénus.
La Terre suit; Mars, moins rapide, D'un air sombre s'avance, et guide Les pas tardifs de Jupiter; Et son père, le vieux Saturne, Roule à peine son char nocturne Sur les bords glacés de l'éther.
Oui, notre sphère, épaisse masse Demande au Soleil ses présens;
A travers sa dure surface
Il darde ses feux bienfaisans.
Le jour voit les heures légères Présenter les deux hémisphères, Tour à tour, à ses doux rayons; Et, sous les signes inclinée, La Terre, promenant l'Année, Produit des fleurs ou des moissons.
Je te salue, âme du monde, Sacré Soleil, astre de feu,
De tous les biens source féconde, Soleil, image de mon Dieu!
Aux globes qui, dans leur carrière, Rendent hommage à ta lumière, Annonce Dieu par ta splendeur; Règne à jamais sur ses ouvrages; Triomphe, entretiens tous les âges De son éternelle grandeur.
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