L'impie élevait ce blasphême; Nos passions l'ont adopté: Nos passions ont fait notre incrédulité. Malheureux! et comment nous mentir à nous-même ? Une secrète voix, accusant ce système, Nous dit notre immortalité. Oui, sans cesse exister, oui, respirer sans cesse, Et d'une éternelle jeunesse Et pourquoi de la renommée M'agite la soif enflammée ? D'où me vient cet espoir qui poursuit un grand nom? Disciples des neuf sœurs qui consolez la terre, Césars qui l'embrasez des flambeaux de la guerre, Qu'elle est noble la voix de votre ambition! Elle raconte, elle proclame Les titres augustes d'une âme L'instinct de sa grandeur future Vous élance au-delà du temps. Quoi! le grand homme, quoi! le sage Qui des arts sur la terre alluma le flambeau, Lui, qui par des bienfaits y marqua son passage, Et, sujets éternels d'un' néant invincible, Nos frères, nos amis n'entendraient point nos pleurs ! Ah! si de la vertu sublime Le blasphême n'est plus un crime, Dans le tableau de la nature Ce roi de l'univers forme une tache obscure Justes, souffrez sans espérance; Méchans, régnez en paix; d'un oeil d'indifférence Dieu voit tout vous vivez étrangers à son cœur. Non, non, quoi que l'impie atteste, Notre âme, ce rayon céleste, Héritera d'un autre sort: Libre d'une charge grossière, C'est d'un vêtement de poussière Qu'elle se dégage à la mort. Homme immortel, salut! Jamais ma lyre sainte Des cieux en un jour solennel, Tel qu'un triomphateur, tu dois franchir l'enceinte, Rayonner de leur gloire en tes regards empreinte, Et te mêler à l'Eternel. Laisse des imposteurs te nommer un insecte De la hauteur des cieux ton âme est descendue; Echappée aux liens de la mortalité. Comme alors à tes yeux tout s'agrandit, tout change! Ces nuages épais que de la conjecture Qui ne te laissaient voir dans l'immense nature Tu la vois, tu la suis dans son immensité : Quelle douce et pure allégresse! Quel ravissement, quelle ivresse Quand Dieu t'aura lui-même admis à ses conseils ! Tristes encore et douloureux Des horreurs du trépas, des tourmens de la vie, Arrête, Dieu trop généreux, Arrête; l'homme est faible, hélas! et je chancelle: Qu'elles s'effacent donc ces images hideuses Moi je veux à la Mort consacrer un cantique : En triomphe à sa gloire, au milieu des tombeaux, J'élève un radieux portique, Et je l'anime de ces mots: « En vain l'homme, dès qu'il respire, >> Se sent né pour la royauté; >> Si l'homme veut régner il faut que l'homme expire: » Au-delà de la tombe est placé son empire; » C'est la mort qui l'enfante à l'immortalité. » ROUCHER. AUX NATIONS. CIEUX, terre, mers, faites silence; Courbe-toi, vaste firmament: Etres vivans, prosternez-vous: Tremblez.... ce jour affreux approche; |