PINDARIQUES ET PHILOSOPHIQUES.
ALLANT chátier la rébellion des Rochelois, et chasser les Anglais descendus dans l'île de Rhé, en 1627 (1).
Donc un nouveau labeur à tes armes s'apprête ; Prends ta foudre, Louis, et va, comme un lion, Donner le dernier coup à la dernière tête De la rébellion.
Fais choir en sacrifice au démon de la France Les fronts trop élevés de ces âmes d'enfer, Et n'épargne contre eux, pour notre délivrance, Ni le feu ni le fer.
(1) Cette ode, pleine de verve, riche en images et variée dans ses mouvemens, a cette marche libre et fière qui convient à l'ode héroïque mais nous sommes de l'avis de Marmontel, qui n'aime pas à voir un poëte animer son roi à la vengeance contre ses sujets. Les Muses sont des divinités bienfaisantes et conciliatrices: il leur appartient d'apprivoiser les tigres, et non de rendre les hommes cruels.
Assez de leurs complots l'infidèle malice A nourri le désordre et la sédition;
Quitte le nom de juste, ou fais voir ta justice En leur punition.
Le centième décembre a les plaines ternies, Et le centième avril les a peintes de fleurs, Depuis que parmi nous leurs brutales manies Ne causent que des pleurs.
Dans toutes les fureurs des siècles de tes pères Les monstres les plus noirs firent-ils jamais rien Que l'inhumanité de ces cœurs de vipères Ne renouvelle au tien?
Par qui sont aujourd'hui tant de villes désertes, Taut de grands bâtimens en masures changés, Et de tant de chardons les campagnes couvertes, Que par ces enragés?
Les sceptres devant eux n'ont point de priviléges; Les immortels eux-mêmes en sont persécutés; Et c'est aux plus saints lieux que leurs mains sacriléges Font plus d'impiétés.
Marche, va les détruire, éteins-en la semence, Et suis jusqu'à leur fin ton courroux généreux, Sans jamais écouter ni pitié ni clémence Qui te parle pour eux.
Ils ont beau vers le ciel leurs murailles accroître, Beau d'un soin assidu travailler à leurs forts, Et creuser leurs fossés jusqu'à faire paroître Le jour entre les morts;
Laisse-les espérer, laisse-les entreprendre; Il suffit que ta cause est la cause de Dieu, Et qu'avecque ton bras elle a pour la défendre Les soins de Richelieu;
Richelieu, ce prélat de qui toute l'envie Est de voir ta grandeur aux Indes se borner, Et qui visiblement ne fait cas de sa vie Que pour te la donner.
Rien que ton intérêt n'occupe sa pensée; Nuls divertissemens ne l'occupent ailleurs; Et de quelques bons yeux qu'on ait vanté Lyncée, Il en a de meilleurs.
Son âme toute grande est une âme hardie, Qui pratique si bien l'art de nous secourir, Que, pourvu qu'il soit cru, nous n'avons maladie Qu'il ne sache guérir.
Le ciel, qui doit le bien selon qu'on le mérite, Si de ce grand oracle il ne t'eût assisté,
Par un autre présent n'eût jamais été quitte Envers ta piété.
Va, ne diffère plus tes bonnes destinées; Mon Apollon t'assure et t'engage sa foi Qu'employant ce Tiphys, Syrtes et Cyanées Seront havres pour toi.
Certes, on je me trompe, ou déjà la Victoire, Qui son plus grand honneur de tes palmes attend, Est aux bords de Charente en son habit de gloire Pour te rendre content,
Je la vois qui t'appelle, et qui semble te dire : Roi, le plus grand des rois, et qui m'es le plus cher, Si tu veux que je t'aide à sauver ton empire, Il est temps de marcher.
Que sa façon est brave, et sa mine assurée! Qu'elle a fait richement son armure étoffer! Et qu'il se connaît bien, à la voir si parée, Que tu vas triompher!
Telle en ce grand assaut où des fils de la terre La rage ambitieuse à leur honte parut, Elle sauva le ciel, et rua le tonnerre Dont Briare mourut.
Déjà de tous côtés s'avançaient les approches : Ici courait Mimas; là Typhon se battait; Et là suait Euryte à détacher les roches Qu'Encelade jetait.
« PreviousContinue » |