Je reconnais ma déesse! C'est l'Imagination. Reine aimable des mensonges, Non, déesse, je m'égare; Par toi se change en douceurs; Par toi sont semés de fleurs. Tu peux, quand la destinée 1 C'est par toi, divine fée, Ta divine frénésie Pouvait seule enfler le cœur Si tu n'avais montré Rome, Les eût-il domptés tous deux? N'aurait jamais eu la force Tu fais les talens de plaire; L'art de rendre moins sévère Jamais loin de ta présence Ne sont les Ris et les Jeux : Dès que ton beau feu s'allume, Vénus vient tailler sa plume; Feu divin que Prométhée Alla prendre dans les cieux; Rare et cher présent des dieux, Muses que j'ai tant chéries, (1) Poëte aimable et galant, mort en 1719, âgé de quarante-deux ans. Adieu, douces rêveries; Adieu, Pinde; adieu, fontaine ; Aussi bien de ma carrière A priver mes tristes yeux. Dans le malheur qui m'accable Mais qu'a donc tant à se plaindre Et qui, bien loin de la craindre, Je sens qu'un dieu se retire; Je vais, déesse, à ta gloire, Les derniers vers que j'ai faits. CHAULIEU. L'ENTHOUSIASME. ANIMÉ d'une noble audace, Quel accès violent m'agite? Il m'embrase, un démon l'excite; Ainsi s'élance la bacchante, Le thyrse en main, les yeux troublés; 15 |