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Ans; il nous fait voir les Anglais et les Français sur les terribles champs de bataille de Crécy et de Poitiers, mais il nous les montre aussi aux tournois, où enivrés par les doux regards de leurs dames les chevaliers joutaient et rompaient des lances dans l'arène bien souvent ensanglantée.

Christine de Pisan, déjà citée comme poète, écrivit "Le Livre des Faits et bonnes Mœurs du sage roi Charles V," et nous pouvons mentionner Christine encore parmi les chroniqueurs, Enguer- de Pisan. rand de Monstrelet et Juvénal des Ursins.

Aucun de ces auteurs, cependant, ne cherche les causes des événements et les résultats, au point de vue philosophique, aussi ne peut-on les appeler réellement des historiens. Le premier auteur qui mérite ce titre est Philippe de Comines, né vers 1445, mort en 1511.

Philippe

de Comines.

Comines naquit sujet du duc Philippe de Bourgogne et nous le voyons au service du comte de Charolais, plus tard Charles le Téméraire. Lorsque Louis XI vint si imprudemment à Péronne se mettre entre les griffes du lion Comines apprit à connaître le caractère de son maître et celui du roi. Il vit que Louis devait triompher de Charles, il servit secrètement le roi à Péronne, et peu après, devint son conseiller le plus intime. A la mort de Louis XI Comines ne fut pas en faveur sous Charles VIII, mais cependant il prit part à la bataille de Fornoue et remplit quelques missions diplomatiques en Italie. Louis XII le favorisa et ce fut sous ce règne qu'il écrivit son histoire. Il ne se contente pas de raconter, il critique, il voit le mobile qui fait agir les hommes. Il est presque un moderne, mais il n'est pas de la Renaissance, car il ne sait pas le latin. Ce

qui nous intéresse dans Comines c'est l'histoire de la France de Louis XI. Il nous décrit la lutte de la royauté et de la féodalité qui est agonisante, et nous fait voir le roi ayant à côté de lui Olivier le Daim et Tristan l'Hermite, le roi mal vêtu, de petite mine, mais qui a fait tomber la tête de St. Pol et de Nemours et qui a recueilli presque tout l'héritage de Charles le Témeraire et celui de René d'Anjou. Pour Comines, cependant, "la fin justifie les moyens," et Louis XI est grand, puisqu'il a réussi à abattre ses ennemis. L'historien du xve siècle avait raison d'admirer les talents du politique, mais la postérité n'a pas oublié, comme Philippe de Comines, que l'homme fut mauvais fils, mauvais époux et mauvais père. L'historien de nos jours demande aux grands hommes les qualités du cœur aussi bien que celles de l'esprit, sinon sur le génie il y aura toujours une tache qui en diminuera l'éclat. La théologie est l'étude principale du moyen âge, et les deux grands théologiens de cette époque sont Saint Bernard, et Abélard si fameux surnard et Abé tout pour son amour pour Héloïse. C'est au moyen âge que parut cette œuvre extraordinaire, l'"Imitation de Jésus-Christ," attribuée à Thomas-à-Kempis et, par quelques-uns, à Jean Gerson.

Saint Ber

lard.

Antoine de
La Salle.

Le principal roman du moyen âge est le "Petit Jehan de Saintré," écrit probablement par Antoine de La Salle, à qui on attribue aussi "Avocat Pathelin." Il n'y a rien de plus amusant, de plus gracieux que cette fine critique de la chevalerie, où nous voyons le jeune chevalier, la dame des Belles Cousines et le riche abbé jouer des rôles si divers.

SECONDE PARTIE

LE SEIZIÈME SIÈCLE

CHAPITRE I

LA RENAISSANCE ET FRANÇOIS Ier

LE pouvoir royal affermi par les quatre grands Capétiens, Louis VI, Philippe-Auguste, Saint Louis et Philippe le Bel, avait agrandi la France La Renaiset avait amélioré le sort du peuple en sance. diminuant le pouvoir des seigneurs féodaux. Lorsque Philippe de Valois monta sur le trône en 1328 l'avenir semblait promettre une heureuse carrière à la nouvelle dynastie. Les terribles guerres, dites des Anglais, les luttes des Armagnacs et des Bourguignons, mirent la France à deux doigts de sa perte et accablèrent le peuple de maux de toutes sortes. La nouvelle féodalité sortie des fleurs-de-lys était aussi puissante que le roi, et lorsque Jeanne la Pucelle eut délivré le royaume des Anglais il fallut que Louis XI abattît de nouveau le pouvoir des seigneurs. De Philippe VI à Charles VII, la France combat pour son existence nationale, sous Louis XI elle se fortifie, elle arrondit ses frontières, elle se prépare pour la guerre à l'étranger. Charles

VIII et Louis XII conduisent leurs soldats en Italie, François 1er est vainqueur à Marignan et vaincu à Pavie, les Français sont éclairés par la vive lumière de la Renaissance italienne et, rentrés chez eux, ils vont tâcher de l'imiter. Ils essaient de comprendre quelles sont les causes de cette Renaissance, ils verront qu'elle est due en grande partie à l'étude de l'antiquité et ils étudient, eux aussi, les arts et les lettres de la Grèce et de Rome. Ainsi les guerres d'Italie furent une des grandes causes de la Renaissance en France; les Français furent inspirés par le siècle de Léon X et bientôt égalèrent leurs modèles dans toutes les branches. Ce contact des Français et des Italiens activa la Renaissance en France, mais elle eût eu lieu sans cela. La prise de Constantinople par les Turcs en 1453 avait répandu les Grecs et leur culture dans toute l'Europe, et la France eût étudié l'antiquité comme le fit plus tard l'Angleterre. L'invention de l'imprimerie, en mettant à la portée de tout le monde les chefs-d'œuvre grecs et latins, en propageant les nouvelles idées, les nouvelles découvertes, fit faire de grands progrès à l'esprit humain, et la découverte de l'Amérique, en donnant un monde nouveau à la vieille Europe, lui donna une activité, une énergie incroyable. Des milliers de navires suivirent celui de Colomb et bientôt, en présence de l'immensité du Nouveau Monde, il sembla aux hommes que rien ne leur était impossible. Les entreprises commerciales furent hardies, les choses de l'esprit le furent aussi. Le xvIe siècle fut encore le siècle de la Réforme, de la controverse religieuse; les adhérents des nouvelles doctrines attaquèrent les dogmes catholiques, furent obligés de se servir de la langue vulgaire pour exprimer

leurs arguments et firent faire de grands progrès à la prose française. Les principales causes de la Renaissance furent donc: 1° Les guerres d'Italie; 2° l'invention de l'imprimerie; 3° la découverte de l'Amérique; 4° la Réforme.

Le XVIe siècle est réellement une grande époque; c'est le siècle de Léon X, de Charles-Quint, de Henri VIII, de François Ier; c'est le siècle qui François Ier. vit l'imprimerie se perfectionner et permettre aux hommes de lire les beaux ouvrages des anciens ainsi que ceux des Marot, des Ronsard, des Rabelais et des Montaigne; c'est le siècle de Luther et de la Réforme; c'est le siècle de Raphaël et de Michel-Ange; c'est la Renaissance enfin. Regardons François Ier à sa cour. Autour de lui se trouvent Louise de Savoie, sa mère, la belle duchesse d'Étampes, Anne de Montmorency, le rude connétable, Marguerite de Valois, tendre sœur, esprit d'élite, toute une cour de belles dames, de galants chevaliers. Ce n'est plus le roi Louis XI au château de Plessis-lez-Tours, entouré de gardes et tremblant au moindre bruit, l'esprit tourmenté par les actions cruelles qu'il a dû commettre pour abattre les seigneurs féodaux. La féodalité n'existe plus; Bourbon, le dernier sire des fleurs-delys, est tombé devant Rome. François est absolu, c'est lui qui doit décider des destinées de la France. Il n'eut pas une main assez ferme pour bien mener l'état; il fut assez lâche, dans sa faiblesse, pour laisser brûler les Vaudois; mais, malgré tout, François Ier restera un grand type aux yeux de l'historien. Le vainqueur de Marignan nous frappe par sa grande mine et ses manières élégantes. Il est brave, il est éclairé, c'est l'homme de la Renaissance, Léonard de Vinci

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