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repose sur un poème originairement composé dans la Bretagne française, remanié ensuite en Anjou, et qu'elle a pour auteur un 'Français de France,' qui a dû achever son œuvre, à laquelle il a donné une inspiration plus largement nationale et royale, sous le règne de Philippe Ier."

Les trois épopées les plus anciennes sont la "Chanson de Roland," le " Pèlerinage de Charlemagne" et le "Roi Louis." Nous pouvons aussi Les ancien- mentionner parmi les poèmes de la geste nes épopées. du roi, "Ogier le Danois," "Renaud de Montauban," "Girard de Roussillon," "Huon de Bordeaux," "Berte aux "Berte aux Grands Pieds," et ne se rattachant à aucun cycle particulier autre que le cycle français, "Aioul" et "Amis et Amile." Les gestes de Garin de Monglane et de Doon de Mayence sont des récits généalogiques, c'est-à-dire que l'auteur raconte les enfances (les premiers exploits) d'un héros connu, et invente alors des aventures extraordinaires du prétendu père ou des ancêtres supposés du héros. Ainsi, souvent le héros semble naître avant son père ou son grand-père. Les épopées qui ont pour sujet les croisades, comme la "Chanson d'Antioche," appartiennent aussi au cycle français, à la matière de France. Notons ici l'immense popularité des chansons de geste au moyen âge, non seulement en France, mais dans toute l'Europe. Elles méritent cette popularité; quoique aucune épopée en vieux français n'arrive à la hauteur de la "Divine Comédie" et des grands poèmes épiques de l'antiquité, nous pouvons dire que la "Chanson de Roland" est digne de toute notre admiration, et nous regrettons que l'auteur de cette noble épopée et ceux de la

plupart des chansons de geste du cycle français ne soient pas connus.

Les poèmes du cycle breton sont souvent appelés romans; ils expriment le sentiment chevaleresque du moyen âge et on y voit apparaître l'idée de Le cycle courtoisie envers les dames, de protection breton. de la veuve et de l'orphelin, ainsi que de l'opprimé, quel qu'il soit. La plupart des romans bretons sont intéressants, et les incidents qui y sont entassés indiquent chez les auteurs de ces ouvrages une imagination plus fertile que celle qu'indiquent les épopées du cycle français. L'amour jouant un grand rôle dans les poèmes du cycle breton, les incidents sont plus variés que ceux des chansons de geste, et il n'y est pas question seulement de combats et de grands coups d'épée. Le merveilleux y joue un rôle important et les histoires d'amour sont charmantes et touchantes. Arthur, autour duquel se groupent les romans de ce cycle, est devenu un personnage aussi grand que Charlemagne, et sa dignité royale est plus respectée que celle des rois francs. Chef d'une tribu celtique il combat en héros contre l'envahisseur saxon, et transporté dans l'île d'Avalon il attend que son peuple l'appelle pour repousser l'étranger. L'imagination populaire s'empare de l'histoire d'un petit prince celtique comme elle l'avait fait de la défaite de Roland par les Basques, l'histoire réelle et insignifiante devient une légende, nous pourrions lire, un mythe, les poètes s'y attachent et la racontent en vers harmonieux, les trouvères chantent les exploits d'un Roland invincible, à la douce musique de leur vielle, et les chanteurs bretons accompagnent de leur rote les paroles rythmées qu'ils ont consacrées à

Les

Arthur et aux chevaliers de la Table Ronde. Celtes vaincus par les Saxons se sont retirés dans les pays de Galles et de Cornouaille et dans l'Armorique gauloise, et leurs légendes ont servi de base aux lais et aux romans bretons.

Arthur et la
Table Ronde.

Au xe siècle parut sous le nom de Nennius "l'Histoire des Bretons," où nous voyons, pour la première fois, le nom du héros celtique, Arthur. Au XIIe siècle, Gaufrei de Monmouth écrivit son "Historia Regum Britanniæ," où la vie d'Arthur est racontée avec détails. L'œuvre de Gaufrei fut traduite plusieurs fois en français, notamment par Wace, dont le "Brut” eut une influence considérable sur les romans subséquents. Ce n'est pas, cependant, chez Gaufrei et chez Wace qu'il faut chercher l'origine réelle des poèmes du cycle breton; ce sont les récits des chanteurs gallois, modifiés par les poètes français, qui furent la base de ces vers innombrables consacrés à Arthur et à la Table Ronde.

Les lais de
Marie de
France.

Il y eut d'abord les lais, courts poèmes d'amour, puis les longs romans, dont un grand nombre furent basés sur le sujet des lais. Lorsqu'on lit les lais du "Chèvrefeuille," de "Lanval," de "Tidorel," et bien d'autres de Marie de France, on est attiré par les vers charmants de l'aimable femme, on se sent pris de pitié pour la tendre Iseut et le valeureux Tristan, et l'on a hâte de parcourir les œuvres de Chrétien de Troies pour connaître les autres aventures des héros gallois.

Chrétien de Troies, Raoul de Houdan, et Robert de Boron sont les principaux auteurs du cycle breton. C'est au premier, cependant, que l'on doit les meilleurs

ouvrages tirés des légendes galloises. Il écrivit beaucoup de romans, parmi lesquels on peut Chrétien de citer le "Conte de la Charrette," le Troies. "Chevalier au Lion," "Cligès," et "Perceval." Les œuvres de Chrétien furent traduites et imitées par les poètes allemands, Hartmann d'Aue et Wolfram d'Eschenbach, et jouirent d'une immense popularité. On les lit encore de nos jours avec grand plaisir ainsi que les autres romans du cycle breton, et Arthur, Lancelot, Ivain, Gauvain, Merlin l'enchanteur, Perceval et le saint Graal, représentent des types chevaleresques et romanesques que le génie d'un Tennyson a su introduire de nouveau dans la littérature.

Le personnage principal des épopées du cycle de l'antiquité est Alexandre le Grand, qui servit de sujet au XIIe siècle à un poète de la langue d'oc, Le cycle de Albéric de Besançon, dont l'ouvrage eut l'antiquate un grand succès et fut imité par les poètes de la langue d'oïl. Parmi ceux-ci nous citerons Lambert le Tort et Alexandre de Bernai, du XIIe siècle, qui écrivirent en vers de douze syllabes, d'où vers alexandrins. Dans les épopées du moyen âge le héros macédonien a les aventures les plus extraordinaires et les moins conformes à son caractère historique. Benoît de SainteMore écrivit aussi au XIIe siècle des poèmes intéressants sur des sujets antiques, et son roman de "Troie" et son roman d'"Enéas" furent célèbres au moyen âge. De même qu'Alexandre, Jules César fut un héros favori, et l'antiquité comprise par les hommes du XIIo et du XIIIe siècle, nous paraît curieuse à observer. Quoique le latin fût encore la langue des clercs, le moyen âge ne comprit nullement le monde grec et le monde romain, et il faut attendre le XVI

siècle pour la renaissance des chefs-d'œuvre grecs et latins.

Romans d'Aventure.

Sous le titre de romans d'aventure on groupe un certain nombre d'épopées qui n'appartiennent en réalité à aucun des trois grands cycles. Citons parmi les romans grecs et byzantins, "Floire et Blanche fleur," qui fut l'origine d'"Aucassin et Nicolète," que nous analyserons plus tard. "Guillaume de Dôle," "Cléomadès" par Adenet le Roi, et surtout "Parténopeus de Blois," poème charmant, où le héros perd par son indiscrétion la femme aimée, mais la reconquiert, après mille aventures, par sa valeur et sa constance.

Appelons ici l'attention sur la littérature de la langue d'oc, appelée généralement provençale, du La littéra- nom d'un de ses dialectes. Les œuvres ture proven des troubadours sont moins énergiques çale. que celles des trouvères, on y trouve peu de poèmes épiques, mais beaucoup de chansons d'amour. Bertrand de Born, dont parle Dante, Guillaume IX, comte de Poitiers, et Arnaud Daniel sont les meilleurs poètes de la langue d'oc. De nos jours, comme nous l'avons déjà dit, Mistral, avec son admirable "Mireille," a fait revivre la littérature provençale. Il eut pour principaux collaborateurs Jasmin, Roumanille et Aubanel.

CHAPITRE III

LE DRAME

LE drame représente le côté sérieux et le côté comique de la vie humaine, et les mots tragédie et

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