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veaux projets que formait l'Angleterre ; et, au moment où les représentants recevaient, le 27, une dépêche par courrier extraordinaire relative à ces faits, d'autres avis adressés par les administrateurs de Port-Brieuc au général en chef, sollicitaient de prompts secours, afin de repousser l'ennemi qui tentait un débarquement. (1)

(1) La dépêche du comité de salut public, écrite de la main de Merlin, de Douai, transmettait aux représentants réunis à Rennes plusieurs lettres et rapports, les uns datés de Londres, les autres de la Basse-Bretagne, les autres de Neuchâtel en Suisse. Ces révélations et ces lettres étaient adressées par des émigrés. « Le gouvernement anglais, disait l'un, se propose de faire une descente en France du côté de Saint-Malo. L'armée destinée à cette opération est en partie composée de corps d'émigrés, dont les sieurs Du Dresnay, d'Hervilly, de Rohan, sont les chefs. — Il y a une correspondance établie entre le gouvernement anglais et les armées de la Vendée et des chouans. Les principaux agents de cette correspondance, sont les sieurs Prigent, Bertin, Tinteniac et de Busnel, etc., etc..... Si les armées de la Vendée et des chouans n'ont pas mis bas les armes, il serait bon de laisser subsister la correspondance qu'il y a entre elles et le gouvernement britanique; mais alors il faudrait que quelqu'un de non suspect à cette puissance se rendit chez elle, offrit do l'établir de manière à lui faire penser que la républi

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On peut juger, d'après ces faits, que si les tergiversations et les lenteurs que nous avons signalées, n'avaient point complétement dissipé les soupçons que plusieurs représentants durent élever sur la bonne foi des chefs de chouans, la nécessité d'une conclusion, se fit sentir du moins avec d'autant plus d'empire, qu'il fallait enfin savoir, si c'était pour la guerre ou la paix qu'on devait prendre ses mesures. Tout nouveau délai était donc devenu impossible; on se réunit le 30 germinal, et de ce jour même, il y eut une acceptation en forme du traité qui avait été si péniblement élaboré. (1) Le lendemain, 1. floréal,

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que française ne la soupçonnât pas. Si on a assez de confiance en moi pour cette opération, je me charge de la faire avec succès, et je donne pour garant de la fidélité de mes sentiments, ma femme et mes enfants qui sont en France. Par le moyen de cette correspondance, on saurait positivement les intentions de cette puissance ennemie, et il serait facile de déjouer ce projet et d'en profiter......

(1) Un compte-rendu, ou journal des conférences rédigé par le général Beauvais, envoyé de Stofflet, nous apprend en effet que le jour même de la signature de la soumission des royalistes, il y eut entre eux de vives et chaudes altercations, dans lesquelles les officiers de l'armée d'Anjou renouvelèrent les protestations que leur

les réprésentants prirent cinq arrêtés confirmatifs des dispositions convenues la veille, et en donnèrent avis à leurs collègues du comité de salut public dans les termes suivants:

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« Nous vous annonçons, citoyens collègues, l'heureuse issue de nos conférences; la pacification a été signée ce soir à six heures par les chefs des chouans', qui ont souscrit leur déclaration solennelle de se soumettre aux lois de la République, une et indivisible, et de ne jamais porter les armes contre elle. Nous sommes rentrés de la Mabilais à Rennes avec tous ces chefs qui ont arboré la cocarde et le panache tricolore. La garnison était sous les armes, la musique nous précédait, les décharges d'artillerie annonçaient au loin la réunion de tous les Français de ces départements; et partout sur notre passage, on criait: Vive la République! vive la paix! vive l'union! »

chef avait faites à la Jaunais avant de se retirer. Si
l'on tient les assertions de M. de Beauvais pour exac-
tes, et je ne vois pas de raison pour penser le contraire,
cet officier aurait été jusqu'à demander un
vote par
écrit sur la suspension de Cormatin. Et, démontrant
que la reconnaissance de la république qu'on exigeait
d'eux, comme première condition, n'était dans le cœur
d'aucun des royalistes, il leur aurait demandé, si leurs
pères n'eussent pas rougi de prendre un tel engagement
avec intention de violer leur parole ?....
Mais,
ajoute-t-il, des intérêts particuliers, la vanité et la
peur avaient décide de la paix !

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Un repas servi à l'hôtel de Cuillé, réunit les signataires du traité et servit à compléter ainsi cette journée, qu'on regarda, du moins pour le moment, comme une interruption apportée aux désastres de la guerre civile.

Le libre exercice du culte; l'incorporation dans les armées de la République, des chouans sans profession; le remboursement des bons émis par les insurgés jusqu'à concurrence d'un million 500 mille livres; d'égales indemnités aux propriétaires qui avaient souffert des excès de l'un ou de l'aute parti; - et la rentrée pour les insurgés dans leurs biens, ou s'ils ne le pouvaient, le droit au remboursement du prix de la vente: telles furent les clauses fondamentales de la convention souscrite, non par tous les chefs insurgés, mais par leur plus grand nombre, par ceux qui formaient le comité central de l'armée royale et catholique, par les commandants en chef de l'Ille-et-Vilaine, du Morbihan et des Côtes-du-Nord, par plusieurs autres chefs aussi; mais non par M. de Frotté, par Coquereau, par Cadoudal dont l'autorité dans leurs cantons restait entière et fort redoutable.

Des hommes, hostiles à la République et plus ou moins favorables au traité qui venait de se conclure, ne tardèrent pas cependant à répandre

les bruits les plus malveillants sur la pensée intime du traité, sur ses suites, sur sa teneur même.

Ici et avec intention, on disait que les chouans qui se trouvaient ou ne se trouvaient pas sur la liste des émigrés, rentreraient par le seul fait de la pacification, dans la jouissance de leurs biens; là, qu'on n'avait fait la paix qu'à condition de rétablir le trône et l'autel que des articles secrets avaient fixé au 1 juillet 1795, la réhabilitation des enfants de Louis XVI, leur remise aux Vendéens et la rentrée en masse des émi

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grés éloignés de leur pays. Et, pour prouver tant d'absurdités, qu'on nous passe l'expression, on fabrique d'abord un avis supposé des membres du Comité de Salut Public à Guezno, sur la nécessité de reprendre les hostilités, parce que le moment approchait, où, d'après l'article 2 du traité secret, il faudrait leur présenter une espèce de monarchie et leur montrer ce BAMBIN pour lequel ils se battent!......

Mais nous venons, sans détour et sans arrièrepensée, de livrer à la publicité la correspondance des Représentants dans ce qu'elle eut de plus intime. Comment se fait-il qu'aujourd'hui encore, nous avons à relever d'aussi grossiers mensonges, et comment, se fait-il, que nous retrouvions dans

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