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cents livres par mois, afin qu'il n'abandonne pas son poste, faute de pouvoir vivre. Dans les Côtesdu-Nord, ce sont les Ruperou, les Poulain, les Corbiou, les Saulnier, les Ozou, les Perio, etc. Dans le Morbihan, les Gaillard, les Robert, les Pelluan, les Violard, les Labarre, les Guépin, les Boullé, les Faverot, les Danet, que nous avons tous vus faire tête aux insurgés de 1793. S'adressant à Le Bécheu, à cet homme dont nous avons déjà signalé le dévouement, les représentants combattent son hésitation, en lui disant: Que la confiance dont il jouit lui fait une obligation d'entrer immédiatement en fonctions, et ce vertueux citoyen cesse de les refuser. Quant à Gaillard, qu'une longue réclusion et sa santé délabrée tiennent éloignée du pouvoir, il suffit que les représentants lui rappellent que le pays a encore besoin de ses services: il se rend au poste qui lui est assigné en reconnaissant que le sang de ses frères qu'on égorge ne lui permet plus de délibérer. A Rennes, Fresnais qui a, pendant plusieurs mois, dirigé, lui quatrième, l'administration du district, quand les déroutes d'Antrain et de Laval avaient tout bouleversé dans la ville et le département, ne consultant que son zèle, dit qu'il restera, lui et ses collègues, à son

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poste, dussent-ils y périr jusqu'au dernier....... C'est ainsi que, recherchant ceux qui depuis longtemps dévoués au pays, ont acquitté leur dette des sacrifices, ils reconstituent les administrations et les autorités que des désordres de tous genres avaient désorganisées. Mais cela ne leur suffit point; et, pour donner à ces élus la sanction populaire des masses, je les vois entrer à Vannes dans le temple au jour de la fête décadaire; et, entourés des autorités et du peuple, dire à tous quels sont ceux qu'ils ont choisis, quels sont ceux qui leur ont été désignés par la clameur publique. D'une autre part, si quelque terroriste ou quelque homme perdu de moeurs reste encore en fonctions, et occupe un poste important, ils sauront l'atteindre et le frapper, comme C...., officier de police militaire, à Belle-Ile, qu'ils destituent pour incapacité, ou D...., capitaine de la 141. demibrigade, que ses moeurs et une vie déréglée rendent indigne de commander à des républicains. Quant aux administrations, qui sont accusées de faiblesse ou d'incurie, ils les remplacent purement et simplement, comme celle d'Hennebon, pour n'être pas à la hauteur des événements qu'ils devraient commander, au lieu de se laisser commander par eux,

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CHAPITRE V.

HUMBERT ET

HOCHE, SON CARACTÈRE, SA POSITION ET SES VUES.
BOISHARDY; LE COMITÉ ROYALISTE ET LES REPRÉSENTANTS.

ENTREVUES ET POURPARLERS RELATIFS A LA PACIFICATION.

La paix et l'amnistie qui n'étaient encore qu'une espérance, ne devaient point, on le conçoit, ralentir les dispositions militaires que réclamaient les circonstances. Il y avait, d'ailleurs, parmi les représentants et les chefs de cantonnements des hommes qui, suivant leur position, opinaient pour la paix ou la résistance, pour les mesures de mansuétude ou de sévérité, suivant que la conduite des rebelles se montrait à eux sous un jour favorable ou comme une continua tion des hostilités précédentes. Mais, parmi ces

hommes, Hoche, Guezno, Brue et Boursault, en se rendant un compte fidèle de la situation du pays et des partis, avaient compris de bonne heure qu'en offrant l'amnistie et le pardon aux enfants égarés de la patrie, il fallait montrer celleci fière, forte et même redoutable.

Si, conséquemment au décret du 12 frimaire, aux actes séparés des représentants chargés de son application, et en vertu de leurs ordres spéciaux, Hoche s'est donc empressé de mettre la paix à l'ordre du jour, il s'est mis aussi en mesure de comprimer partout les désordres qui troublent le pays.

« A la voix de la patrie, l'homme libre s'arme et court défendre ses foyers, a-t-il dit à ses frères d'armes en venant se mettre à leur tête..... Mais une armée indisciplinée est le plus grand fléau du pays qu'elle occupe et doit défendre. En conséquence, je rends les chefs responsables des fautes de leurs subordonnés. C'est à eux à les prévenir par une bonne police. Je leur recommande de poursuivre sans relâche le brigand dévastateur, de le faire conduire dans les maisons destinées au crime, après l'avoir fait désarmer. Mais en même temps de voir un Français, un frère dans l'homme égaré, séduit ou entraîné par l'erreur ou la crainte des châtiments, s'il est repentant, si ses intentions sont de vivre en bon et paisible citoyen. La justice le prescrit et la Convention nationale l'ordonne. La discipline la

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