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formulait son acte de foi, après avoir adressé à Jean-Bon-S.'-André et à Prieur, alors à Brest, des commissaires chargés de prendre leurs ordres sur une régénération du club que l'un de ses membres présentait comme étant envahi par des insouciants et des gens à considération que l'on ne voyait que quand ils avaient peur.

I.

II.

III.

IV.

V.

VI.

FRANÇAIS, ton pays défendras,
Afin de vivre librement.
Tous les tyrans tu poursuivras,
Jusqu'au delà de l'Indoustan.
Les lois, les vertus soutiendras,
Même s'il le faut de ton sang.
Les perfides dénonceras,
Sans le moindre ménagement.
Jamais foi tu n'ajouteras,
A la conversion d'un grand.
Comme un frère soulageras,
Ton compatriote souffrant.
Lorsque vainqueur tu te verras,
Sois fier, mais scis compatissant.
Sur les emplois tu veilleras,

VII.

VIII.

Pour en expulser l'intrigant.

IX.

Le dix Août tu sanctifieras,

Pour l'aimer éternellement.

X.

Le bien des fuyards verseras
Sur le sans-culotte indigent (1).

(1) Cette pièce, extraite d'une brochure intitulée : Catéchisme républicain, à l'usage des Sans-Culottes, imprimé par ordre de la Société montagnarde de Lorient, est due à la plume de Charles Le Poitevin, dit Rezicourt.

CHAPITRE V.

CARRIER A NANTES,

Arrivé à Nantes, le 8 octobre 1793, Carrier у avait été précédé par les représentants qui, à la suite du siége de Nantes avaient ramené le pouvoir vers le club Vincent-la-Montagne. Ruelle et Philippeaux, de leur côté, avaient aussi résidé pendant quelques jours à Nantes dans le courant d'août 1793; et, après avoir fait, devant les autorités de cette ville, un rapport général sur la situation du pays, ils le 'terminèrent par la création d'un Comité de sûreté générale, chargé de rechercher les suspects et les hommes capables de trames contre-révolu

tionnaires. Chaux et Goullin, qui étaient entrés fort avant dans l'intimité de Philippeaux, contribuèrent puissamment à la composition de ce comité, première souche de celui que Carrier allait bientôt trouver dévoué à ses appétits sanglants.

Chacun des trois corps administratifs de la ville de Nantes fut appelé à y fournir deux membres ainsi que le club Vincent-la-Montagne et les deux sociétés populaires attachées au quartier-général de l'armée d'opération. En même temps, d'ailleurs, ou quelques jours après, Gillet et Philippeaux remplaçaient les administrateurs fédéralistes, et Ruelle, qui s'était chargé de la réinstallation de la commune, intima l'ordre à tous les membres de l'ancienne municipalité de rester chex eux en arrestation provisoire. Le comité dont nous venons de parler, et que Carrier trouva en pleine activité lors de son arrivée à Nantes, était composé, ainsi que nous l'avons dit,

des citoyens :

Bachelier, président,
Goullin, secrétaire,

Levesque,

Chaux,

Richelot,

Chevalier,

Naux,

Perrocheaux,

Boullogniel,

Mainguet,
et Guillet.

Un serment fut exigé de ces hommes, et voici celui qu'ils prêtèrent le surlendemain de l'arrivée de Carrier, le 20 vendémiaire an II. Nous l'avons relevé nous-mêmes sur leur registre de délibérations.

« Je jure de maintenir la liberté, l'égalité et l'indivisibilité de la République, la sûreté des personnes et des propriétés; de poursuivre de toutes mes forces les fédéralistes, les feuillants, les modérés et autres ennemis de la chose publique, sous quelque forme et couleur qu'ils osent se montrer, de ne jamais composer avec l'intérêt personnel, avec la parenté et même l'amitié, de mourir enfin à mon poste plutôt que de fléchir sur les principes de sûreté et de salut public. »

A peu de jours de là, Carrier et son collègue Francastel (9 brumaire an II) rappelant de Guerande les membres de la section du tribunal criminel de la Loire-Inférieure qui y avaient été envoyés extraordinairement, constituèrent, pour siéger à Nantes, un nouveau tribunal criminelrévolutionnaire dont Phelippes Tronjolly fut président, Le Peley, Davert, Lecoq fils et Le Normand, juges; Gondet, accusateur public, et Coiquaud, greffier.

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« Cette section du tribunal criminel de la Loire-Inférieure étant ainsi formée, ajoute l'arrêté que nous citons, jugera révolutionnairement et en dernier ressort, tous les prévenus de trahison et de conspiration

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contre la République française ; — Ceux qui ont entretenu ou qui pourraient continuer de former des correspondances directes ou indirectes avec les brigands des pays révoltés et avec les ennemis de la République ;— Ceux qui ont fourni directement ou indirectement des vivres, des munitions et effets de guerre aux rebelles qui ont porté les armes contre la patrie ; - Ceux qui ont favorisé le transport desdites provisions et effets; - Ceux qui ont déclaré qu'à l'instant où les brigands entreraient dans Nantes, ils mettraient à leurs fenêtres des signes de rébellion; -Ceux qui, par leurs discours, ont témoigné le désir d'apprendre le triomphe des rebelles et ont applaudi ou exprimé leur joie aux nouvelles, vraies ou fausses de leurs succès; Ceux qui auront pu faire des enrôlements pour les rebelles; Ceux qui en auront fait l'éloge, dans le dessein de faire grossir leurs armées ;

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Ceux qui auront conseillé de courir sous leurs drapeaux; Ceux qui n'auront pas fait une déclaration sincère de leurs subsistances, marchandises et denrées de première nécessité; Ceux qui auront soustrait ou recelé, en tout ou en partie, les subsistances, marchandises et denrées dont ils sont propriétaires;Tous les accapareurs en tous genres et de toutes les manières ; -Tous les individus qui, par leurs faits, leurs écrits, leurs discours, leurs conseils, ont provoqué la contre-révolution et le rétablissement de la royauté;· Tous ceux qui auront assisté à des conciliabules clandestins ou publics, tendants à renverser les principes du gouvernement républicain; - Tous les agioteurs......

Puis, reconstituant de nouveau l'administra

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