Autant qu'un patriarche (3) il vous faudroit vieillir. Des soins d'un avenir qui n'est pas fait pour vous ? Il ne convient pas à vous-mêmes, Repartit le vieillard. Tout établissement Vient tard et dure peu. La main des Parques blêmes De se donner des soins pour le plaisir d'autrui ? Plus d'une fois sur vos tombeaux. Que lui-même il voulut enter : Et pleurés du vieillard, il grava sur leur marbre que je viens de raconter. Ce (3) Autant que ces hommes qui, dans les premiers âges du monde, vivoient plusieurs siècles. (4) On dit a présent en Amérique. (5) Dans les armées. IX. Les Souris et le Chat-huant. Il ne faut jamais dire aux gens, En feront une estime à la vôtre pareille? On abattit un pin pour son antiquité, Vieux palais d'un hibou, triste et sombre retraite Force souris sans pieds, toutes rondes de graisse. Tout ce qu'il prit ensuite; et leurs jambes coupées Aujourd'hui l'une, et demain l'autre. S'y trouvoit, joint aussi le soin de sa santé. Vivres et grains pour subsister. A traiter ce hibou de monstre et de machine! (1) Celle des trois Parques qui donne la mort. (2) Leur avoit coupé les pattes. (3) S'étant échappées, Le conseil de tronquer un peuple mis en mue (4) ?, La raison m'est chose inconnue. Quand ce peuple est pris, il s'enfuit; Donc il faut le croquer aussitôt qu'on le happe. Mais comment? Otons-lui les pieds. Or trouvez-moi (4) Mettre en mue se dit des volailles qu'on enferme dans un lieu obscur et serré pour les engraisser. (5) Philosophe grec, chef des péripatéticiens. Il réduisit en méthode l'art de raisonner. Ceci n'est point une fable; et la chose, quoique merveilleuse et presque incroyable, est véritablement arrivée. J'ai peut-être porté trop loin la prévoyance de ce hibou; car je ne prétends pas établir dans les bêtes un progrès de raisonnement tel que celui-ci : mais ces exagérations sont permises à la poésie, surtout dans la manière d'écrire dont je me sers. La Fontaine. EPILOGUE. C'est ainsi que ma muse, aux bords d'une onde pure, Traduisoit en langue des dieux Tout ce que disent sous les cieux Tant d'êtres empruntant la voix de la nature. Je les faisois servir d'acteurs en mon ouvrage; Il n'est rien qui n'ait son langage. Plus éloquents chez eux qu'ils ne sont dans mes vers, Si ceux que j'introduis me trouvent peu fidèle, D'autres pourront y mettre une dernière main. Mais vous n'avez que trop de quoi vous occuper: Pendant le doux emploi de ma muse innocente, Louis domte l'Europe; et d'une main puissante, Il conduit à leur fin les plus nobles projets Qu'ait jamais formés un monarque. Favoris des neuf sœurs, ce sont là des sujets Vainqueurs du temps et de la parque. FIN DU ONZIÈME LIVRE. A MONSEIGNEUR LE DUC DE BOURGOGNE. MONSEIGNEUR, Je ne puis employer, pour mes fables, de protection qui me soit plus glorieuse que la vôtre. Ce goût exquis et ce jugement si solide que vous faites paroître dans toutes choses au-delà d'un âge où à peine les autres princes sont-ils touchés de ce qui les environne avec le plus d'éclat; tout cela, joint au devoir de vous obéir et à la passion de vous plaire, m'a obligé de vous présenter un ouvrage dont l'original a été l'admiration de tous les siècles, aussi-bien que celle de tous les sages. Vous m'avez mème ordonné de continuer; et, si vous me permettez de le dire, il y a des sujets dont je vous suis redevable, et où vous avez jeté des grâces qui ont été admirées de tout le monde. Nous n'avons |