Des plus beaux dons que nous offre Pomone (2) Chaque saison apportoit son tribut: Car au printemps il jouissoit encore Des plus beaux dons que nous présente Flore (3). Pires que le premier. Le pédant de sa grâce (4), Cette jeunesse mal instruite: Le tout, à ce qu'il dit, pour faire un châtiment Avec force traits de seience. Son discours dura tant, que la maudite engeance Je hais les pièces d'éloquence Que l'écolier, si ce n'est le pédant. (2) Des plus beaux fruits. Pomone est la déesse des fruits. (3) Des plus belles fleurs, dont Flore est la déesse. (4) De son propre mouvement, sans nécessité. VI. Le Statuaire, et la Statue de Jupiter. Un bloc (1) de marbre étoit si beau, Il sera dieu: même je veux L'artisan exprima si bien Qu'on trouva qu'il ne manquoit rien, Même l'on dit que l'ouvrier A la foiblesse du sculpteur Le poète (2) autrefois n'en dut guère, Il étoit enfant en ceci ; Les enfants n'ont l'âme occupée Le cœur suit aisément l'esprit : (1) Gros morceau de marbre qui n'est pas taillé. (2) Voyez livre VIII, fable 16, note 6. L'erreur païenne, qui se vit Ils embrassoient violemment De la Vénus dont il fut père. Chacun tourne en réalités, Autant qu'il peut, ses propres songes: VII. La Souris métamorphosée en Fille. UNE souris tomba du bec d'un chat-huant: Mais un bramin-(1) le fit: je le crois aisément : La souris étoit fort froissée.. De cette sorte de prochain Nous nous soucions peu: mais le peuple bramin Que notre âme, au sortir d'un roi, Entre dans un ciron, ou dans une autre bête Sur un tel fondement le bramin crut bien faire Dans un corps qu'elle eût eu pour hôte au temps jadis. De l'âge de quinze ans, et telle et si gentille, (1), Philosophe ou prêtre Indien. On dit aussi Bramine et plus communément Brac mane. (2) La métempsycose, ou transmigration des âmes. (3) Fameux philosophe grec (4) Paris, fils de Priam. Plus encor qu'il ne fit pour la grecque beauté (5). Vous n'avez qu'à choisir; car chacun est jaloux Est plus puissant que moi, puisqu'il cache mes traits; Es-tu né pour ma fille?-Hélas! non; car le vent O vent, donc, puisque vent y a, Il accouroit: un mont en chemin l'arrêta. Il le renvoie, et dit: J'aurois une querelle Ce seroit être fou, lui qui peut me percer. Ouvrit l'oreille: il fut l'époux, Un rat! Un rat: c'est de ces coups On tient toujours du lieu dont on vient. Cette fable Prouve assez bien ce point. Mais, à la voir de près, Quelque peu de soplrisme entre parmi ses traits: (5) Hélène, femme de Ménélas, roi de Sparte. (6) Vent du nord.. Il est employé ici pour désigner toute espèce de vent violent. (7) Au propre, petite balle dont on joue à la longue paume. La Fontaine s'en sert ici au figuré et en fait l'application à cette fille qui, offerte en mariage à plusieurs partis, est renvoyée de l'un à l'autre, jusqu'à ce qu'elle trouve un mari.. Car quel époux n'est point au Soleil préférable Est moins fort qu'une puce? Elle le mord pourtant Le chien au loup. Par le moyen Pilpay (8) jusqu'au Soleil eût enfin remonté : Que l'homme, la souris, le ver, enfin chacun Selon l'organe seulement, D'où vient donc que ce corps si bien organisé De s'unir au Soleil? Un rat eut sa tendresse. Tout débattu, tout bien pesé, Les âmes des souris et les âmes des belies Sont très-différentes entre elles; Il en faut revenir toujours à son destin, C'est-à-dire à la loi par le ciel établie : Parlez au diable, employez la magie, Vous ne détournerez nul être de sa fin. (8) Fabuliste oriental. |