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NOTICE

BUR

LA VIE

DE

PHEDRE.

Sr l'antiquité nous a transmis peu de faits sur la vie d'Esope, elle nous en a laissé encore moins sur celle de Phèdre. Tout ce que nous savons, c'est qu'il na quit en Thrace, sous le règne d'Auguste, et qu'il fut sou esclave. Ce prince, qui protégeoit les talents, distingua bientôt les heureuses dispositions du jeune Phèdre et l'affranchit. Elevé à sa cour, il y puisa ce goût, cette élégance et cette urbanité qui font le charme de ses écrits. La mort lui enleva trop tôt son illustre bienfaiteur.

Phèdre n'écrivit ou du moins ne publia ses fablesque sous Tibère. L'infame Séjan, ministre absolu de cet empereur fourbe, cruel et farouche, crut voir la censure de sa conduite et de ses vices dans les élogesqu'il y fait de la vertu, et le persécuta. Si ce monstre n'eût point péri victime de sa propre scélératesse, Phèdre eût éprouvé le sort d'Esope. Une mort injuste eût été la récompense de son amour pour la

vérité. Voilà ce que nous savons de certain sur Phèdre. Nous ignorons également et les autres circonstances de sa vie et l'époque précise de sa mort. Consolons-nous-en avec les précieux restes de sou

génie.

Ses fables, qui sont le modèle le plus parfait en ce genre que l'antiquité nous ait laissé, ne furent presque point connues de ses contemporains. Soit que le sceptre de fer qui pesoit sur Rome depuis la mort d'Auguste en empêchât la circulation, soit que le goût du vrai beau se fût perdu sous cette suite de tyrans féroces qui y régnèrent, elles tombèrent bientôt dans l'obscurité. Heureusement pour les lettres, les moines des siècles barbares, à qui nous devons tant de précieux monuments de l'antiquité, nous les ont conservées. François Pithou en trouva un exemplaire dans la bibliothèque de Saint-Rémi de Rheims, et leur redonna la lumière vers la fin du 16e. siècle ou au commencement du 17e. C'est à ses soins et à ceux de son illustre frère que la république des lettres est redevable de la première édition qui en a paru.

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FABLES

DE

LA FONTAINE.

A MONSEIGNEUR

LE DAUPHIN.

JE chante les héros dont Esope est le père:
Troupe de qui l'histoire, encor que mensongère,
Contient des vérités qui servent de leçons.
Tout parle en mon ouvrage, et même les poissons:
Ce qu'ils disent s'adresse à tous tant que nous sommes;
Je me sers d'animaux pour instruire les hommes,
Illustre rejeton d'un prince aimé des cieux,

Sur qui le monde entier a maintenant les yeux,

B

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Et qui, faisant fléchir les plus superbes têtes,
Comptera désormais ses jours par ses conquêtes,
Quelque autre te dira, d'une plus forte voix,
Les faits de tes aïeux, et les vertus des rois ;
Je vais t'entretenir de moindres aventures,
Te tracer en ces vers de légères peintures;
Et si de t'agréer je n'emporte le prix,
J'aurai du moins l'honneur de l'avoir entrepris.

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