Chefs-d'oeuvre de Démosthène et d'Eschine

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chez Charpentier, libraire-éditeur, 1843 - 550 pages
 

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Popular passages

Page 438 - Un citoyen juste trouvait-il un parti meilleur? c'est alors qu'il devait le présenter, et non incriminer aujourd'hui. Entre le conseiller et le sycophante, si opposés en tout, il est une différence essentielle : l'un déclare son avis avant l'événement , se livre comptable au temps , à la Fortune, à ceux qu'il persuade, au premier venu ; l'autre s'est tu quand il fallait parler; un revers arrive , il pousse le cri de la haine. C'était donc alors , je le répète , l'heure du zélé citoyen...
Page 432 - Il était cinq heures et demie. Les électeurs étaient dans la plus cruelle anxiété, lorsqu'ils entendent un murmure sourd et prolongé. Une foule se précipite en criant victoire. La salle est envahie ; un garde-française, couvert de blessures, couronné de lauriers, est porté en triomphe par le peuple. Le règlement et les clefs de la Bastille sont au bout d'une baïonnette ; une main sanglante, s'élevant au-dessus de la foule, montre une boucle de col : c'était celle du gouverneur Delaunay...
Page 467 - L'homme de bien se cache, il fuit avec horreur ces scènes de sang : et il faut bien qu'il se cache, l'homme vertueux, quand le crime triomphe ! Il n'en a pas l'horrible sentiment ; il se tait, il s'éloigne ; il attend pour paraître des temps plus heureux.
Page 462 - Ils ne se trompaient point : en eflet si, par le sang , chacun d'eux tenait aux morts de plus près, comme citoyen je leur étais plus uni que personne. Oui , le plus intéressé à leur salut , à leur succès , devait , après leur malheur à jamais regrettable, prendre la plus grande part aux larmes de tous. Qu'on lise à cet homme l'inscription qu'Athènes fit graver sur leur tombeau. Ici encore , Eschine , tu reconnaîtras et ton injustice, et tes calomnies, et ta méchanceté.
Page 435 - ... rendu comme concitoyen et bourgeois de ta Ville, qu'il a enrichie, qu'il a embellie de somptueux bâtiments, accrue de forts et superbes* remparts, ornée de privilèges et exemptions honorables : que dis-je, pu supporter?
Page 70 - Athènes , si nous lu négligeons? Ah! si tels sont nos destins, je tremble que, semblables à ces emprunteurs imprudents qui, après avoir acheté à usure une opulence passagère, se voient enfin dépouillés même de leur patrimoine, nous aussi nous ne paraissions payer bien cher notre lâche paresse , et, voulant du plaisir à tout prix, puis réduits à la nécessité fatale d'exécuter avec douleur mille entreprises d'abord repoussées , nous ne mettions en péril notre propre patrie.
Page 460 - Eschine, je croirais tjue tu as entrepris cette cause, non pour demander vengeance d'un coupable , mais pour faire parade d'une voix bien exercée. Toutefois , ce n'est ni la beauté du langage, ni l'éclat de la voix qu'on estime dans l'orateur, c'est de sympathiser avec le Peuple , c'est de haïr et d'aimer comme la patrie. Avec un cœur ainsi fait, on n'a que des paroles de dévouement. Celui qui, au contraire, courtise ceux dont la république se voit...
Page 471 - République, comme si ce n'était pas se décrier eux-mêmes ; qui, toujours l'œil au dehors, exaltent les succès de celui qui est heureux du malheur de la Grèce ' , et veulent qu'on s'applique à les perpétuer. Rejetez tous, Dieux immortels ! leurs coupables vœux ! Corrigez , corrigez leur esprit et leur cœur! Mais , si leur méchanceté est incurable, puissent-ils, isolés dans le monde, périr avant le temps, sur la terre, sur les flots: Pour nous, dernière espérance de la patrie , hâtez-vous...
Page 64 - , mutilés dans vos richesses, dans vos alliés, vous voilà comme des surnuméraires, comme des valets! trop heureux si ces dignes chefs vous distribuent les deniers du théâtre, s'ils vous jettent une maigre pitance ! et, pour comble de lâcheté, vous baisez la main qui vous fait largesse de votre bien ! Ils vous emprisonnent dans vos propres murs, ils vous amorcent, vous apprivoisent et vous façonnent à leur joug.
Page 527 - J'espère que le respect pour le Dieu me servira de sauvegarde. Cependant, que sais-je? lorsqu'on est à la merci d'autrui, on vit au jour le jour, on n'est jamais sûr du lendemain. De ma demeure, du moins, je vois tous les jours la rive qui m'a vu naître, le doux pays que je porte dans mon cœur. Ah! que les Dieux lui inspirent enfin une bienveillance égale à mon amour...

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