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L'AVARE

COMÉDIE

ÉDITION PUBLIÉE CONFORMÉMENT AUX TEXTES ORIGINAUX

AVEC UNE NOTICE, UNE ANALYSE
ET DES NOTES PHILOLOGIQUES ET LITTÉRAIRES

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LIBRAIRIE HACHETTE ET CIR

79, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, 79

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1882

1918

SCIENCES
BALLES

& A

LEAVERTISSEMENT

BIBLIOT

DE LA
LLE DE
ON

Notre unique but, en affrant aux jeunes gens cette édition de l'Avare, est de les conduire, par une lecture intelligente de Molière, à la connaissance de la langue française. Nos notes seront donc surtout grammaticales; sans négliger de donner les renseignements historiques et les explications littéraires que le sujet demande, nous insisterons particulièrement sur les détails de ce style si souple, si fort, si abondant et si nourri. MM. les Professeurs des classes de seconde complèteront notre humble travail : nous n'avons pas eu la prétention de nous substituer à eux et d'empiéter sur leur commentaire, le plus vivant, et, par là, le meilleur; nous avons voulu simplement fixer en quelque sorte par avance, aux yeux des élèves, quelquesunes des observations qui leur seront faites scripta

manent.

Notre texte a été revu avec le plus grand soin, collationné avec l'édition princeps de l'Avare (1669) et l'édition des OEuvres de Molière (1682)1. Nous n'avons pas oublié néanmoins qu'il est destiné à des jeunes gens, dans l'esprit desquels nous devons éviter de jeter le trouble par un amour trop scrupuleux de l'exactitude; ainsi :

1. Cette édition est précédée d'une préface due à Vinot, ami intime de l'auteur, et à La Grange, acteur de la troupe de Molière.

L'AVARE.

1

1° Nous nous conformons à l'orthographe usitée de nos jours, sauf sur quelques points curieux, justifiés dans nos notes; on sait qu'au dix-septième siècle l'orthographe n'avait rien de bien arrêté et qu'elle variait parfois dans le même auteur, bien plus, dans le même ouvrage;

2o Nous nous efforçons de reproduire la ponctuation de Molière, qui peut fournir de précieuses indications pour le débit, sans toutefois l'adopter lorsqu'elle nous paraît trop ouvertement opposée à nos habitudes;

3° Quoique Molière intercale rarement dans son texte ces utiles parenthèses qui précisent pour le lecteur le jeu des acteurs, telles que : à part, - haut, — bas, — nous n'avons pas craint de les introduire, selon la coutume des éditeurs contemporains, toutes les fois qu'elles nous ont paru nécessaires;

4o Enfin, nous nous sommes permis de couper parfois les scènes autrement que ne l'a fait l'auteur de l'Avare; nous avons suivi ce principe généralement admis qu'il y a une scène nouvelle toutes les fois qu'apparaît un personnage nouveau.

Ces légères modifications au texte de l'édition princeps ne seront pas considérées, nous l'espérons, comme des inexactitudes : nous ne donnons pas à des savants un fac-similé de l'édition primitive, et nous pensons que les jeunes esprits pour lesquels nous travaillons réclament avant tout la clarté.

R. LAVIGNE.

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< II y a des gens qui sont mal logės, mal couchés, mal habillés et plus mal nourris; qui essuient les rigueurs des saisons, qui se privent eux-mêmes de la société des hommes, et passent leurs jours dans la solitude; qui souffrent du présent, du passé et de l'avenir; dont la vie est comme une pénitence continuelle, et qui ont ainsi trouvé le secret d'aller à leur perte par le chemin le plus pénible: ce sont les avares. »

Ces lignes de La Bruyère nous prouvent que l'Avarice était un travers assez répandu de son temps pour préoccuper le moraliste; et l'on s'explique assez facilement que la bourgeoisie, dont l'ambition se bornait au négoce, se soit fait une passion du désir de conserver et d'accroître ses richesses. Molière a donc pu voir des hommes tels que ceux dont parle La Bruyère, et, observateur profond, il a remarqué qu'ils n'étaient pas seuls à souffrir de leur vice : leurs amis, leurs parents, leurs enfants en étaient aussi les victimes le cœur de l'Avare se rétrécit, se dessèche; l'amour de l'or y étouffe les sentiments les plus naturels et, maître de l'âme entière, y domine en tyran. Une telle passion méritait d'être étudiée: Molière la peignit avec toute la force de génie et toute la verve que l'on venait d'admirer dans le portrait de l'hypocrite: Harpagon prit place, à côté de Tartuffe, dans cette illustre galerie où se trouvaient déjà Célimène et Don Juan, Arnolphe et Sganarelle, plus

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