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tre les insermentés.

les chaires chrétiennes, c'étoit alimenter la révolte contre les décrets; c'étoit accorder à des réfractaires une protection qui devenoit un outrage fait à la loi que les insermentés se faisoient gloire d'enfreindre. A force de répéter cette doctrine dans les prônes, dans les livres et dans les sociétés, elle devint celle du peuple qu'on souleva plus aisément contre les prétendus Persécution con- réfractaires. Alors on les persécuta sans ménagement; alors un grand nombre se virent forcés d'émigrer, à raison du danger imminent auquel leur vie étoit journellement exposée. La présence de ces intrépides défenseurs de la catholicité gênoit et alarmoit les intrus; ils craignoient que le contraste de leur vie et de leur enseignement avec les bons exemples, l'héroïque patience de ces généreux confesseurs, ne fût un trop grand obstacle à la tranquillité et à l'affermissement de leur usurpation.

Persécution contre les paroissiens catholiques.

Bientôt la persécution s'étendit sur les paroissiens qui ne vouloient pas communiquer avec les intrus. La populace, excitée par ces loups revêtus de la toison du pasteur, les insultoit, les maltraitoit; les municipalités elles-mêmes autorisoient les gardes nationales à les traîner à coups de baïonnettes dans les églises. Ce genre de persécution devint général partout où il y avoit des curés intrus. Les autorités constituées

qui la fomentoient devenoient sourdes et muettes quand on réclamoit près d'elles la sauvegarde accordée par la loi contre la plus injuste oppression : tout alors étoit permis au fanatisme de la liberté, ou plutôt de la licence, contre ceux qui n'avoient pas vendu leurs ames à l'iniquité et au schisme. Telle fut la cause de l'émigration des prêtres et des paroissiens persécutés. On crut devoir mettre sa vie et sa foi à l'abri des assauts qui se renouveloient sans cesse avec impunité. Cette persécution se fit moins sentir d'abord dans les lieux où les curés avoient prêté le serment, le pape ne les ayant pas jusqu'alors déclarés schismatiques. Les paroissiens pouvoient encore recevoir validement d'un pasteur, quoique assermenté, les secours et les sacremens de l'Eglise; on pouvoit encore communiquer avec lui sans crime; mais il n'en étoit pas de même avec les intrus leur usurpation vicioit radicalement toutes leurs fonctions; on ne pouvoit y participer sans partager leur sacrilége. La célébration des saints mystères étoit une vraie profanation publique. Les sacremens qui exigeoient les juridictions étoient nuls, parce que les intrus n'en avoient aucune. Telle étoit alors à cette époque la différence qui existoit entre le curé intrus et le curé assermenté.

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Dès que ces coupables installations furent

consommées, dès qu'on se fut ainsi assuré de ne plus trouver dorénavant aucune opposition de la part des nouveaux ministres du culte asservis par leur serment sous le joug d'une obéissance aveugle à tous les décrets, l'assemblée constituante défendit toutes les expéditions en cour de Rome; Le recours à elle interdit même tout recours au saint même les choses siége dans les choses spirituelles; elle ne spirituelles.

Rome interdit

Réponse doctrinale du pape.

permit de reconnoître le pape que comme l'évêque de Rome, avec qui on communiquoit, parce que sa communion ramenoit tous les membres de l'Eglise catholique au centre de l'unité, dogme de la monarchie constitutionnelle. L'assemblée nationale déclara en outre que tous brefs, bulles, rescrits émanés du pape et de la cour de Rome, seroient nuls, et ne pourroient être exécutés sans son autorisation. C'étoit sous une apparence d'un lien avec l'Eglise romaine de s'en séparer de fait et consommer le schisme.

Les progrès du schisme et l'état désastreux de l'Eglise de France décida le pape à envoyer aux évêques et aux bons ecclésiastiques de l'assemblée, la réponse doctrinale qu'ils avoient demandée à sa sainteté sur la constitution civile du clergé et sur le serment exigé des ministres du culte. Le souverain pontife caractérise, sans hésiter, le serment d'impie. Il déclare la constitu

semblée nationale.

tion civile du clergé ecclésiastique dans son ensemble, hérétique en plusieurs points, et partout destructive de l'ancienne discipline de l'Eglise, révérée dans tous les temps depuis les premiers siècles du christianisme. Les évêques se hâtèrent de faire imprimer cette réponse doctrinale, émanée du siége apostolique, et de l'envoyer dans tous les diocèses. Malgré la liberté de la presse, malgré la tolérance de tous les cultes, l'assemblée constituante proscrivit Proscrite par l'ascet écrit. Les factieux et leurs adhérens écrivirent que cette réponse pontificale étoit supposée: on favorisa hautement les persécutions exercées contre tous ceux qui répandoient le bref du pape, ou même le communiquoient. On ne vouloit pas que ce flambeau éclairât et dissipât les ténèbres qu'on cherchoit tous les jours à épaissir de plus en plus, pour pouvoir avilir plus aisément et plus impunément le culte catholique dont l'abolition étoit le principal but des factions dominantes.

Le pape, dans sa réponse, déclaroit en outre sacrilèges, hétérodoxes et schismatiques les ordinations qu'avoit osé faire l'évêque d'Autun, assisté des évêques de Lydda et de Babylone; il prononçoit la nullité radicale de toute juridiction et de tout pouvoir qu'on prétendoit émaner de ces ordinations, ainsi que de toutes celles qui

s'ensuivroient, en vertu de la constitution civile du clergé et des décrets de l'assemblée nationale. C'est à la publication de cette réponse doctrinale que se fit, dans l'Eglise gallicane, la séparation du bon et du mauvais grain. La plus saine partie des curés et des ecclésiastiques qui, autorisés par le silence du pape, avoient cru pouvoir prêter le serment, voyant qu'un intérêt temporel, que des considérations puisées dans leur amour pour la paix de l'Eglise et pour le salut des paroissiens qu'ils n'avoient pas voulu livrer aux intrus, les avoient égarés, s'empressèrent de faire publiquement la plus franche et la plus solennelle rétractation. Cette courageuse conduite consola l'Eglise d'abord attristée de leur défection. Ces rétractations devinrent un préservatif pour un grand nombre de fidèles sincèrement attachés aux principes de la foi catholique; mais ce fut une nouvelle source de persécutions et d'outrages de la part des autorités constituées qui exécutèrent rigoureusement le décret lancé contre les prêtres qui avoient rétracté leur serment. Ce décret Peines afflicti- vouoit au cachot et à des peines afflictives escontre ceux qui e rétractoient. ceux qui, comme les apôtres, préféroient d'obéir à Dieu et à leur conscience plutôt qu'aux hommes. L'assemblée nationale craignant qu'un pareil exemple n'eût de plus grandes suites, s'empressa de donner un dé

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