Page images
PDF
EPUB

B. Oui, monsieur; il y a encore des boutiques et des magasins occupés par des tailleurs, des bijoutiers, des changeurs etc. A. Entrons un peu dans le jardin.

B. Mais, monsieur, il faut que je vous quitte à présent. Demain à neuf heures je viendrai vous prendre pour votre seconde promenade.

A. Je vous attendrai avec impatience.

B. Eh bien, sans adieu.

A. Au revoir, monsieur.

D'après Peschier et Plötz.

15. DIALOGUE II.

Jardin des Tuileries.

La place de la Concorde.

A. Il me semble qu'on vient de frapper. Entrez !

B. Bon jour, monsieur; comment avez-vous passé votre première nuit à Paris?

A. Très bien, je vous remercie; et vous-même, comment vous portez-vous?

B. A merveille. Je viens vous prendre pour faire notre seconde promenade, comme nous en sommes convenus hier. A. Vous êtes bien bon, monsieur; me voilà prêt.

B. Traversons la rue de Rivoli 1). Le jardin des Tuileries nous appelle.

A. En sommes-nous bien éloignés?

B.

A.

C'est à deux pas . . . Nous y voici!

Quelle immense population s'agite dans ce jardin! quelle fourmilière d'hommes!

B. Cela vous étonne?

A.

Oui... assurément! Mais quelle rage avez-vous donc, vous autres Français, de couper tout en ligne droite même jusqu'aux branches des arbres d'une allée?

B. Vous savez, monsieur, qu'on ne dispute pas des goûts. Vous préférez les détours d'un parc anglais. Mais, n'oubliez pas que vous êtes à Paris. Dans les magnifiques jardins de Versailles vous verrez partout la même chose.

A. Tant pis! mais quelle est cette grande place où nous sommes arrivés?

B. La place de la Concorde. Regardez à présent; nous sommes au centre de la place près de l'obélisque de Louqsor 2).

1) Rivoli, eine italienische Stadt, wo Napoleon 1797 siegte. 2) Ein Geschenk des Pascha von Ägypten an Ludwig Philipp (1830-1848).

A. Quel coup d'œil magique! Quelles belles fontaines à droite et à gauche!

B. Les huit statues aux quatre coins de la place représentent les plus grandes villes de la France. Au bout de cette rue-là, vous apercevez l'église de la Madeleine. De ce côté vous avez les Champs-Elysées, célèbre promenade au bout de laquelle vous apercevez le grand arc de triomphe de l'Étoile.

A. Le malheureux roi Louis XVI n'a-t-il pas été exécuté ici? B. Oui, monsieur; à peu près à l'endroit où nous nous trouvons.

A. Cette place doit avoir son histoire à elle; dites-m'en quelque chose, s'il vous plaît.

B. La voici en peu de mots. Cette place fut d'abord appelée place Louis XV à cause de la statue équestre de ce roi. En 1792 cette statue fut détruite; on érigea à sa place une statue colossale de la Liberté, et la place Louis XV prit le nom de place de la Révolution. Le premier consul Bonaparte fit détruire la statue de la Liberté, changea le nom de la place et lui donna celui de la Concorde. D'après Peschier et Plötz.

16. VOYAGE A VERSAILLES1) EN 1826.

Monsieur Sauvageot, bon bourgeois de Paris, avait promis à sa petite famille que, si elle était bien sage pendant la semaine et si elle étudiait bien ses leçons, il la conduirait le dimanche suivant à Versailles. Auguste, Félix et la petite Angélique ne négligèrent rien de ce qui pouvait contenter leur papa. C'était d'ailleurs des enfants très studieux qui remplissaient tous les devoirs avec plaisir sans qu'il fût besoin de leur parler de récompense.

Le jour de fête arriva: le temps était superbe et les enfants pleins de joie. Monsieur Sauvageot se dirigea avec eux vers les Tuileries. A leur arrivée, les conducteurs de ces petites voitures à quatre places se disputèrent l'avantage de les conduire. Quatre personnes d'un coup, une voiture complète; c'était une bonne aubaine. Monsieur Sauvageot monta dans le cabriolet le plus propre et dont le cocher lui parut le plus joli.

1) Versailles, welches viel Ähnlichkeit mit Potsdam hat, liegt 19 Kilometer südwestlich von Paris und zählt heute über 50000 Einwohner. Es ist eine Schöpfung Ludwigs XIV. und soll eine Milliarde Franks gekostet haben. 36 000 Menschen und 6000 Pferde sollen gleichzeitig nur mit den Erdarbeiten für die Gärten, den Park u. s. w. beschäftigt gewesen sein.

Rahn, Franz. Lesebuch. I.

2

Au moyen de cinq ou six coups de fouet, le cheval efflanqué qui traînait la cariole, se mit à trotter tout doucement.

côtés.

-

[ocr errors]

„Un lapin! un lapin!" criait le cocher en regardant de tous Que veut-il dire avec son lapin?" demanda la petite Angélique. Ma fille," lui répondit monsieur Sauvageot, „un lapin, dans le langage de ces conducteurs, signifie un voyageur qui se place à côté du cocher." Bientôt cet homme rencontra le lapin désiré ce qui le mit en belle humeur. Il continua la route, tantôt en chantant, tantôt en sifflant, tantôt en causant, avec la plus grande gaieté. Soit que le cheval allât lestement, ou que l'humeur joyeuse de son maître empêchât de compter les moments, il est de fait qu'ils arrivèrent à Versailles sans s'être aperçu de la longueur du chemin.

Après être descendu de voiture sur la place d'Armes, monsieur Sauvageot entra dans le château par la cour des Ministres; puis passant dans la cour de Marbre il fit remarquer à ses enfants le balcon où Louis XVI dans les journées orageuses du 5 et du 6 octobre 1789 se montra à la multitude qui était venue le chercher pour le conduire à Paris 1). Une partie des bâtiments de ce côté ne répondent pas à la beauté du reste du château; mais, du côté du jardin, quelle grandeur! quelle majesté et dans l'intérieur, quelle magnificence! Les enfants restèrent en extase en traversant la grande galerie 2), la salle de l'Eil de bœuf3), les appartements du roi et de la reine. Ensuite on visita le musée et la manufacture d'armes. Il faut se presser pour voir dans un jour tout ce que Versailles renferme de curiosités. Le parc et ses chefs-d'œuvres demanderaient seuls plusieurs journées. Monsieur Sauvageot conduisit ses enfants à la superbe orangerie; il leur montra le plus bel oranger qu'on connaisse, nommé le Grand-Bourbon, et qui a plus de trois cents ans.

Monsieur Sauvageot dirigea ses pas vers le grand Trianon. En le visitant, les enfants crurent être dans un des palais enchantés, décrits si brillamment dans les contes de fées. Le petit Trianon

1) Am 5. Oktober 1789 wurde Ludwig XVI. durch Pariser Pöbelmassen, unter welchen sich mehrere Tausend Weiber (les dames de la Halle) befanden, genötigt, nach Paris zurückzukehren. 2) Grande Galerie, auch Galerie des Glaces genannt, mit unübertroffen prunkhafter Dekoration. Hier wurde am 18. Januar 1871 König Wilhelm von Preußen zum Deutschen Kaiser proklamiert. 3) Salle de l'Eil de bœuf, ein Vorzimmer mit einem runden Lugefenster, Hauptsiz aller Klatschereien, da die Hofleute, welche dem König ihre Morgenaufwartung machen wollten, in diesem Saale warteten.

[ocr errors]

n'excita pas moins leur admiration. C'est dans ce lieu," leur dit leur père, que la reine de France 1) aimait à venir se reposer de la contrainte des grandeurs. Elle avait fait construire ce petit hameau dont l'aspect lui plaisait beaucoup. On y soignait des vaches de la plus grande beauté, et la reine elle-même ne dédaignait pas de s'occuper quelquefois des détails de sa laiterie. Mes enfants, vous trouvez ce séjour enchanteur; mais combien il s'embellissait encore par la présence de cette auguste princesse ! Marie-Antoinette, par le charme de sa personne, ajoutait encore à l'éclat du diadème: elle était aussi bonne que belle. II suffisait d'être malheureux pour être sûr d'intéresser son cœur. Infortunée princesse! elle a partagé le sort du roi, son époux.“

La journée passa rapidement, mille fois trop rapidement au gré de nos petits voyageurs. A peine avaient-ils pris le temps de dîner, quoique l'appétit ne manquât à aucun d'eux. La petite famille, ayant achevé son repas, prit gaiment le chemin de Paris, fort contente de la promenade de ce jour.

J. Michelet.

17. LE PETIT SAVOYARD A PARIS. „J'ai faim: vous qui passez, daignez me secourir. Voyez la neige tombe, et la terre est glacée. J'ai froid, le vent se lève et l'heure est avancée,

Et je n'ai rien pour me couvrir.
„Tandis qu'en vos palais tout flatte votre envie,
A genoux sur le seuil, j'y pleure bien souvent.
Donnez: peu me suffit; je ne suis qu'un enfant;

Un petit sou me rend la vie.

„On m'a dit qu'à Paris je trouverais du pain: Plusieurs ont raconté dans nos forêts lointaines Qu'ici le riche aidait le pauvre dans ses peines;

Eh bien! moi, je suis pauvre, et je vous tends la main.

„Faites-moi gagner mon salaire:

Où me faut-il courir? dites, j'y volerai.

Ma voix tremble de froid: eh bien! je chanterai,
Si mes chansons peuvent vous plaire . . .

„Il ne m'écoute pas, il fuit;

Il court dans une fête (et j'en entends le bruit)
Finir son heureuse journée.

1) Marie Antoinette, die Gemahlin Ludwigs XVI.

5

10

15

20 Et moi, je vais chercher, pour y passer la nuit, Cette guérite abandonnée.

„Au foyer paternel quand pourrai-je m'asseoir! Rendez-moi ma pauvre chaumière,

Le laitage durci qu'on partageait le soir, 25 Et quand la nuit tombait, l'heure de la prière Qui ne s'achevait pas sans laisser quelque espoir. „Ma mère, tu m'as dit, quand j'ai fui ta demeure: Pars, grandis et prospère, et reviens près de moi. Hélas! et, tout petit, faudra-t-il que je meure

[blocks in formation]

Sans avoir rien gagné pour toi!

„Non, l'on ne meurt point à mon âge; Quelque chose me dit de reprendre courage.

Eh! que sert d'espérer? . . . que puis-je attendre enfin?
J'avais une marmotte, elle est morte de faim."

Et faible, sur la terre il reposait sa tête,
Et la neige, en tombant, le couvrait à demi;
Lorsqu'une douce voix, à travers la tempête,
Vint réveiller l'enfant par le froid endormi.

[ocr errors]

Qu'il vienne à nous celui qui pleure,"

Disait la voix mêlée au murmure des vents.
„L'heure du péril est notre heure:

Les orphelins sont nos enfants."

Et deux femmes 1) en deuil recueillaient sa misère.
Lui docile et confus, se levait à leur voix:
Il s'étonnait d'abord; mais il vit dans leurs doigts
Briller la croix d'argent au bout d'un long rosaire,
Et l'enfant les suivit en se signant deux fois.

18. LES TROIS INTÉRIEURS.

I.

Un petit cœur altéré d'amour.

Guiraud.

Madeleine et Lydie, deux petites filles, sortant de l'école cheminèrent un moment ensemble.

Où demeures-tu?" demanda Madeleine à sa nouvelle amie. Là-bas, dans cette grande maison noire où il y a tant de fenêtres.

1) Barmherzige Schwestern (sœurs de la charité).

« PreviousContinue »