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Nous, pauvres mères de Savoie,
Nous le chassons loin du pays,

En lui disant: „Adieu!

A la grâce de Dieu!
Adieu à la grâce de Dieu!"

2. „Ici commence ton voyage!

Si tu n'allais pas revenir!

Ta pauvre mère est sans courage,
Pour te quitter, pour te bénir!
Travaille bien, fais ta prière,
La prière donne du cœur;
Et quelquefois, pense à ta mère,
Cela te portera bonheur!

Va, mon enfant, adieu!

A la grâce de Dieu!

Adieu! à la grâce de Dieu!"

3. Elle s'en va, douce exilée,

Gagner son pain sous d'autres cieux;
Longtemps, longtemps dans la vallée,
Sa mère la suivit des yeux;
Mais, lorsque sa douleur amère
N'eut plus sa fille pour témoin,
Elle pleura, la pauvre mère!
L'enfant qui lui disait de loin:
„Ma bonne mère, adieu!
A la grâce de Dieu!
Adieu! à la grâce de Dieu!"

G. Lemoine.

12. A TRAVERS LA VILLE DE PARIS.

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Cette grande et magnifique ville avec ses deux millions d'habitants s'étend dans une large vallée arrosée par la Seine, et entourée de collines du haut desquelles on aperçoit une mer de maisons. Si l'on y entre par l'ouest, là, où la Seine, après avoir parcouru la ville, fait une grande courbe vers le nord, on voit d'abord, entre le fleuve et la ville, le joli bois de Boulogne, rendez-vous du monde élégant de Paris. Passons quelque temps au milieu de ces splendeurs et de ce tumulte, et avançons du côté d'est de la ville. Une vaste avenue splendide, ornée d'un magnifique arc de triomphe, érigé par Napoléon I, s'ouvre alors

aux yeux et s'étend à perte de vue. En suivant toujours cette avenue, on arrive aux Champs-Élysées 1), beau parc rempli d'une foule animée; la Seine coule à droite. La même rue mène enfin à la place de la Concorde, la plus belle place du monde, au milieu de laquelle se dresse l'obélisque de Louqsor 2). De chaque côté de l'obélisque, deux magnifiques fontaines n'en sont pas le moindre ornement. Huit statues allégoriques, représentant des villes, s'élèvent sur des piédestaux de marbre et forment un grand cercle autour de la place. Puis on trouve le jardin des Tuileries et le palais du même nom, séjour des rois et des empereurs des temps modernes. Une grande partie de cet

édifice a été détruite en 1871 à la suite d'une révolte. Les ailes seules du palais sont restées et s'étendent au loin le long de la Seine pour se joindre au Louvre, ancien château royal, dont les salles contiennent les fameuses collections de tableaux, de statues et d'autres magnificences. Entre les deux palais est la place du Carrousel, avec son arc de triomphe élevé par Napoléon. Vers la ville, de l'autre côté de la rue de Rivoli3), qui va des Champs-Élysées jusqu'à la place de la Bastille1), se trouve le Palais royal qui, depuis longtemps, n'en a plus que le nom. Mais ses innombrables et magnifiques magasins, ses salles et ses restaurants en font le lieu où des milliers de Parisiens et d'étrangers achètent les choses les plus précieuses, se régalent des mets les plus recherchés et prodiguent leur argent pour tous les plaisirs imaginables. Si les Français disent que Paris est la capitale du monde, ils ont raison dans ce sens: c'est qu'il n'y a pas une autre ville où l'on ait tant d'occasions de s'adonner à toutes les jouissances possibles. Plus loin, toujours vers l'est, en longeant le bord de la Seine, on a à gauche de magnifiques rangées de maisons. Puis, prenant à droite, par un des beaux et nombreux ponts, on arrive à l'île de la Seine, où s'élevait il y a plus de deux mille ans, du temps des Romains, l'ancienne Lutèce 5), le vieux Paris. On y voit d'abord la magnifique église de Notre-Dame, avec ses deux belles tours dont les aiguilles sont inachevées. Au sud de la Seine s'étend

1) Élysée, Elysium, Wohnort der Seligen hei den Griechen. Im bildlichen Sinne: Paradies, reizende Gegend. Champs-Elysées, die elysäischen Felder. 2) Dorf in Ägypten. 3) Rivoli, eine italienische Stadt, wo Napoleon 1797 fiegte. 4) Das ehemalige Pariser Staatsgefängnis. 5) Lutetia, alter Name für Paris.

la petite moitié de la ville, le quartier latin, appelé aussi l'Université, parcequ'il renferme la plupart des collèges supérieurs.. C'est là que se trouve le Panthéon 1), jadis église Sainte-Geneviève, maintenant temple dédié, comme le dit l'inscription, „Aux grands hommes la patrie reconnaissante". Puis l'Hôtel des Invalides, vaste masse de maisons destinées à assurer une existence tranquille aux soldats mutilés ou infirmes. L'église qui en fait partie, le dôme des Invalides, renferme sous sa coupole letombeau de Napoléon I. Au-dessus du caveau se lit un passage du testament de cet empereur: „Je désire que mes cendres reposent sur les bords de la Seine, au milieu de ce peuple que j'ai tant aimé." Enfin, encore plus du côté de l'ouest, au bord de la Seine et vis-à-vis du Trocadéro 2), édifice consacré aux expositions, s'étend une immense plaine de parade, le champ de Mars, où s'élève la tour Eiffel, achevée pour la dernière exposition.

Si l'on quitte Notre-Dame pour se diriger encore vers le nord, on passe devant l'hôtel de ville, berceau de tant de révolutions, et l'on arrive sur la place de la Bastille. Là, où étaient autrefois les vieilles prisons de l'état, le château fort des rois, s'élève, à présent, la svelte colonne de Juillet. De là on passe aux Boulevards, larges et belles allées, le long desquelles. s'élèvent de riches maisons.

Les Boulevards les plus remarquables commencent à la place de la Bastille et aboutissent à l'église de la Madelaine dont la forme rappelle un temple grec. D'ici on atteint bientôt. la place Vendôme où s'élève sur une haute colonne d'airain la statue de Napoléon I. Dans l'intérieur de la colonne, un escalier conduit au sommet d'où l'on a un magnifique coup d'œil sur la ville. Tout autour de la colonne sont des reliefs qui immortalisent les victoires du grand conquérant. La ville est entourée de murs de bastions, qui en font une forteresse. En dehors de ces fortifications, à trente kilomètres de distance, il y a encore quarante-six petits forts indépendants, afin de rendre la conquête de la ville encore plus difficile à l'ennemi.

1) Ruhmeshalle (eigentlich ein allen Göttern geweihter Tempel). 2) Trocadero, Festung im südlichen Spanien, 1823 von den Franzosen erobert. Von ihr hat das der Jena-Brücke gegenüberliegende Gebäude seinen Namen.

13. LES BOULEVARDS DE PARIS.

Voici

Les boulevards offrent un aspect vraiment grandiose: la foule toujours en mouvement, les brillants magasins, les voitures qui se croisent en tous sens, les somptueux édifices, les riches bazars, les théâtres, les cafés, les jardins, les trottoirs bordés d'arbres, tout se réunit pour donner à la première rue de Paris un aspect original et incomparable. C'est surtout le soir que l'effet est magique, quand des milliers de becs de gaz inondent tout de leur lumière, et qu'une foule variée s'y meut avec animation. Le Boulevard des Italiens surtout est le centre du luxe et de l'élégance, le rendez-vous du beau-monde qui s'y promène jusque vers minuit. La première chose qui frappe l'étranger, c'est de voir les murs, les pignons même les plus élevés, couverts d'affiches aussi fantastiques qu'originales. Une chose insupportable aux arrivants, mais à laquelle on finit par s'accoutumer, c'est le bruit, qui, du matin au soir, ébranle l'air d'un vacarme assourdissant. Le tumulte des rues est encore augmenté par toutes sortes de petites industries et de réclames qui se ressemblent en ceci, que la blague" et une certaine originalité en font les frais. d'abord l'allumeur qui s'approche de quelque magasin, regarde attentivement la marchandise exposée, l'achète sans marchander, et, feignant un air enchanté, se répand en louanges afin d'engager les passants à suivre son exemple. Le dégraisseur qui ôte des vêtements toutes sortes de taches, et attire ordinairement l'attention par des oiseaux merveilleux ou par quelques serpents. Dès qu'un groupe de curieux s'est formé autour de lui, il saisit l'un des badauds au collet, et, bon gré mal gré, l'enduit de savon tout en disant: „Ce serait honteux pour un monsieur si élégant d'avoir un col sale." Après avoir fait toutes sortes de manipulations, il lâche enfin sa victime: "C'est cinq sous par personne." digne pendant du dégraisseur, c'est le décrotteur. Il attaque les passants à l'improviste, les entraîne vers sa boîte, et, après avoir ciré de force l'une des bottes, il s'arrête pour réclamer le paiement. Malheur à celui qui refuse! il est renvoyé avec une botte cirée et l'autre crottée. N'oublions pas l'arracheur de dents qui exerce son métier au son de la trompette, et vend la panacée universelle. Ici, l'on crie des plumes incomparables; là, c'est un pauvre hère qui vend de la mort aux rats, et porte

Le

une douzaine de ces bêtes enfilées à une perche, pour prouver l'efficacité de son poison.

14. DIALOGUE I.

Les Tuileries. Le Louvre. Le Palais-Royal.

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A. Pardon, monsieur, si je vous aborde . . . Me serait-il permis de vous demander?

B. Eh, sans doute, monsieur! . . . Que puis-je faire pour vous?

A. Etranger à Paris et n'y connaissant personne, je ne sais comment trouver un guide.

B. N'est-ce que cela? Je vais vous en servir.

A. Vraiment! Ah, monsieur, tant d'obligeance! Je pourrais donc compter sur vous pour mes courses?

B. Mais oui . . . Quand on est retiré des affaires, on a beaucoup de temps à soi.

A. C'est bien aimable de votre part! Par où commenceronsnous notre tournée?

B. Eh! parbleu, par le palais des Tuileries, puisque nous l'avons en face. Voilà tout ce qui en reste. Gredins de communards! ils nous ont fait assez de mal.

A. D'où vient donc ce nom bizarre de Tuileries?

B. Le palais et le jardin des Tuileries doivent leur nom au voisinage d'une fabrique de tuiles dont les fours se voyaient encore du temps de Louis XIV. A présent, suivez-moi.

A. Quelle est donc cette magnifique place?

B. C'est la fameuse place du Carrousel. Regardez bien de tous côtés. A gauche vous avez les Tuileries, à droite le Louvre et voici, au milieu de la place, l'arc de triomphe du Carrousel. A. N'est-ce pas, c'est Napoléon III qui a achevé l'œuvre de ses prédécesseurs et réuni le Louvre aux Tuileries?

B. Oui, monsieur.

A. N'y trouve-t-on pas une superbe collection de tableaux? B. Parbleu! ... Les galeries ont été sauvées, mais de la bibliothèque il n'en reste rien.

A. Quel vandalisme!

B. Ce passage nous conduit dans la rue de Rivoli. Nous voici au Palais-Royal.

A. Quels beaux magasins et quelles superbes glaces: Il paraît qu'il y a aussi beaucoup de cafés et de restaurants.

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