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Criquet. Gilles Corrozet, fab. 99, des Formis et de la Cigalle ou Grillon. Le Noble, fab. 3, de la Cigale et de la Fourmi. L'économie. Mythologia sopica Neveleti, p. 197, p. 286, p. 322, p. 378, p. 479. Cette fable a été reproduite dans le Recueil de poésies chrétiennes et diverses, tome III, p. 359 (au lieu de page 363, par suite d'une erreur de pagination).

L'idée première et la morale de cet apologue est déjà, comme l'on sait, dans le Livre des Proverbes (chapitre vi, versets 6-8). Seulement, au lieu de la Cigale, Salomon conduit auprès de la Fourmi l'homme paresseux en personne : Vade ad Formicam, o piger, et considera vias ejus, et disce sapientiam: quæ.... parat in æstate cibum sibi, et congregat in messe quod comedat. — Voyez ce qui est dit ci-après, p. 60, note 10, du peu de goût de Voltaire pour cette fable. J. J. Rousseau la condamne (Émile, livre II), comme donnant aux enfants, contre l'intention du fabuliste, une leçon d'inhumanité. « Vous croyez, dit-il, leur donner la Cigale pour exemple; et point du tout, c'est la Fourmi qu'ils choisiront. On n'aime point à s'humilier : ils prendront toujours le beau rôle; c'est le choix de l'amourpropre, c'est un choix très-naturel. Or quelle horrible leçon pour l'enfance! Le plus odieux de tous les monstres seroit un enfant avare et dur, qui sauroit ce qu'on lui demande et ce qu'il refuse. La Fourmi fait plus encore, elle lui apprend à railler dans ses refus. >> Voyez dans la Fontaine et les fabulistes (tome II, p. 106 et suivantes, fin de la xvii leçon) les judicieuses remarques qu'inspire à M. SaintMarc Girardin la critique de Rousseau, et, dans le mème ouvrage (tome I, p. 400-410, x11° leçon), un morceau charmant, où il applique à la vie humaine cette première scène « de l'ample comédie du poëte. » A la suite, dans la même leçon, il cite la fable de le Noble, un des contemporains de la Fontaine qui ont traité le même sujet, et y relève avec raison quelques jolis vers. La Cigale et la Fourmi est aussi une des fables en rondeaux présentées au duc du Maine, avant 1677, par de Saint-Gilles Lenfant, alors encore page : voyez l'in

quons, lorsqu'il y a lieu, dans un dernier paragraphe, la source première de la fable, et, quand ils sont remarquables par eux-mêmes ou dignes d'attention par le nom de leur auteur, les jugements sur le sujet même ou l'ensemble, et les allusions qui, ne se rapportant pas à un passage en particulier, à une idée, une expression, une tournure, mais à la fable entière, ne peuvent trouver place dans les notes partielles.

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troduction de Robert, p. cxcix et cc. Il existe de la Cigale et la Fourmi une parodie faite au dix-septième siècle même, et assez injurieuse pour Mme de Grignan, qui y joue le rôle de la Fourmi. On peut la voir au tome IV, p. 499, du Recueil Maurepas, à la Bibliothèque nationale, et tome III, p. 348 et 349, de la Correspondance de Bussy, édition Lalanne, Paris, 1858, in-12.

La Cigale, ayant chanté
Tout l'été,

Se trouva fort dépourvue
Quand la bise fut venue :
Pas un seul petit morceau

De mouche ou de vermisseau3.
Elle alla crier famine

Chez la Fourmi sa voisine,
La priant de lui prêter
Quelque grain pour subsister'
Jusqu'à la saison nouvelle.
« Je vous paierai, lui dit-elle,
Avant l'oût, foi d'animal,
Intérêt et principalR.

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3. Un grand nombre d'éditions modernes, et des meilleures, ont un point d'exclamation après vermisseau. Nous avons à peine besoin de dire que la phrase n'est point ainsi ponctuée dans les anciennes impressions. On rencontre pour la première fois ce point d'exclamation dans l'édition des Fables donnée par Didot l'aîné, en 1781, par ordre de Monseigneur le comte d'Artois, 2 vol. in-18.

4. La Fourmi implore la Cigale avec cette même modestie dans la fable latine de Neckam (Poésies inédites du moyen áge, par Édélestand du Méril, Paris, 1854, p. 199, vers 1 et 2):

Formicam bruma narratur adisse Cicada,

Ut sibi frumenti paucula grana daret.

5. L'out, l'août, la moisson. « Es parties septentrionales, les bleds ne sont couppés qu'en aoust, duquel mois, à telle cause, la cueillette en porte le nom, de lui, en tels endroits, dite l'aoust. » (O. de Serres, cité par M. Littré au mot Aout.) — Voyez livre V, fable Ix, vers 10.

6. Le principal, c'est-à-dire le capital, ou, comme l'on disait autrefois, le sort principal de la dette.

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Nuit et jour à tout venant

Je chantois, ne vous déplaise.

- Vous chantiez? j'en suis fort aise :
Eh bien! dansez maintenant 10. »>

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7. C'est-à-dire, il n'y a point de défaut qui soit plus contraire aux habitudes de la Fourmi, que la Fourmi ait moins que celui d'être prêteuse (et l'on ne peut nier qu'être prêteuse ne soit un défaut aux yeux de la prudence étroite et vulgaire, et même de l'économie bourgeoise, que représente ici la Fourmi). Ce tour équivaut à une véritable négation, à laquelle il se mêle ordinairement une légère nuance d'ironie. On l'a critiqué comme obscur, parce qu'il est peut-être moins usité qu'autrefois. Molière a dit de même dans l'École des maris (acte I, scène Iv):

Je coquette fort peu, c'est mon moindre talent.

8. «Ne vous desplaise » est un tour de Rabelais. Ces mots terminent le chapitre vi de son livre III (tome I, p. 388, édition le Duchat, Amsterdam, 1741).

9. Dans les éditions anciennes, selon l'orthographe ordinaire du temps: « Et bien », sans point d'exclamation.

10. Ce dernier trait, si bien aiguisé en épigramme, est déjà dans la première des fables ésopiques auxquelles nous avons renvoyé : el θέρους ὥραις ηὔλεις, χειμῶνος ὀρχου, « si tu jouais de la füte dans la saison d'été, danse l'hiver. » ·Voltaire, qui en divers endroits de ses OEuvres, cinq tout au moins, exprime le peu de goût qu'il a pour cette fable (ce n'est pas, il faut en convenir, une des plus élégantes de notre auteur), a fait des derniers vers deux critiques bien étranges. « Comment une fourmi, demande-t-il dans le Catalogue déjà cité (tome XIX, p. 129), peut-elle dire ce proverbe du peuple à une cigale?» et dans les Questions sur l'Encyclopédie (article Fable, édition de Londres 1771), il s'écrie, après avoir cité les deux vers; « Comme si les fourmis dansaient! » Cette dernière exclamation, il est vrai, il l'a lui-même supprimée dès 1775, en reproduisant l'article Fable dans le Dictionnaire philosophique.

FABLE II.

LE CORBEAU ET LE RENARD.

Ésope, fab. 204, Kópa xal Aλún (Coray, p. 131 et 132). Babrius, fab. même titre. 77, Aphthonius, fab. 29, Fabula Corvi et

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Vulpecula, monens ne fraudulentis credatur.—Tzetzès, chiliade X, 352. Phèdre, livre I, fab. 13, Vulpis et Corvus.

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Boursault,

Romulus, livre I, fab. 14, Vulpis et Corvus, Roman du Renart (aux manuscrits de la Bibliothèque nationale, fonds français, no 371, fos 47 et 48; édition Marie de France, Méon, tome I, p. 267-274, vers 7187-7382). fab. 14, d'un Corbel qui prist un fromaiges (comparez la fable 51). La Farce de maistre Pierre Patelin, scène vi, vers 438-453 (édition Génin). Haudent, ire partie, fab. 122, d'un Corbeau et d'un Regnard. Corrozet, fab. 11, du Renard et du Corbeau. Ésope à la ville ou les Fables d'Ésope, acte III, scène iv, le Corbeau et le Renard. Le Noble, fab. 69, du Renard et du Corbeau. La flatterie. – M. Soullié, dans l'ouvrage intitulé : La Fontaine et ses devanciers (Paris-Angers, 1861), a suivi, comme il dit, ce sujet travers les âges, » et, dans divers chapitres, il apprécie comparativement la manière dont l'ont traité la plupart des auteurs, soit anciens soit du moyen âge, mentionnés par nous dans les lignes qui précèdent.

«à

Mythologia sopica Neveleti, p. 256, p. 344, p. 364, p. 397, p. 497. Cette fable a été reproduite dans le Recueil de poésies chrétiennes et diverses, tome III, p. 358 (par erreur, pour p. 362). — Elle est dans les Manuscrits de Conrart (bibliothèque de l'Arsenal, 19 volumes in-folio, no 2830, tome XI, p. 533); et dans le Manuscrit Y", no 8, in-4o, de la bibliothèque Sainte-Geneviève.

Apulée, à la fin de ses Florides, nous donne une double version du Corbeau et du Renard: d'abord un développement assez prétentieux, puis le résumé suivant: Corvus, ut se vocalem probaret, quod solum deesse tantæ ejus formæ Vulpis simulaverat, crocire adorsus, prædæ, inductricem quam ore gestabat, Horace fait allusion à compotivit. cette fable dans la satire v du livre II (vers 56). C'est ainsi du moins que la plupart des commentateurs, et en particulier le vieux sco

liaste Acron, entendent les mots: Corvum deludet hiantem. - «En supposant réellement à la Fontaine l'objet d'être entendu des enfants, de leur plaire et de les instruire, cette fable est assurément son chef-d'œuvre, » dit J. J. Rousseau au livre II d'Émile; puis, pour prouver qu'il ne faut pas faire apprendre de fables aux enfants, il entre dans une minutieuse analyse, et jugeant le chefd'œuvre, comme nous l'avons vu juger la fable 1, au point de vue de la morale et de l'éducation, il y voit pour l'enfant « une leçon de la plus basse flatterie, » et en fait une critique qui n'épargne rien, mais dont la sévérité est à nos yeux peu convaincante (voyez la xvir leçon, déjà citée, de M. Saint-Marc Girardin, tome II, p. 99 et suivantes). Cette critique, Rousseau la rappelle au livre IV d'Émile, et y revient encore en deux mots dans la Nouvelle Héloïse (5o partie, lettre 1). — Voltaire, non comme moraliste, mais comme poëte, ne paraît pas non plus goûter beaucoup la fable 1 (voyez au tome XXXIX de ses OEuvres, p. 216, et au tome XLVIII, p. 268). Lessing a traité le même sujet dans sa fable 15 du livre II, mais il y a fait un changement qui sans doute eût agréé à Rousseau. Au lieu d'un fromage, c'est un morceau de viande empoisonnée que lâche le Corbeau et que happe le Renard, et l'auteur termine par cet honnête vœu : « Puissiez-vous, par vos perfides louanges, ne jamais gagner que du poison, flatteurs maudits! >> Parmi les fables de la Fontaine, celle-ci est la première qui corresponde à l'une des fables ésopiques choisies par le roi Louis XIV, « pour orner, nous dit Benserade, le Labyrinthe de Versailles. »

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Maître Corbeau, sur un arbre perché,

Tenoit en son bec un fromage1.

Maître Renard, par l'odeur alléché,

1. Dans deux des cinq fables grecques données par Coray, ce n'est pas un fromage, mais un morceau de viande que tient le Corbeau. La fable du Renart et du Corbel, citée par Robert (Fables inédites, etc., tome I, p. 9 et p. CLXVIII) comme extraite du recueil de fables du quatorzième siècle qu'il désigne par le nom d'Ysopet 1*, commence ainsi :

Sire Tiercelin le Corbiau,

Manuscrit de la Bibliothèque nationale, fonds français, no 1594. Le Renart et le Corbel est la fable 15 de ce recueil (fo 17).

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