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Après qu'en ses conseils Tant-pis eut été cru.
Ils triomphoient encor sur cette maladie.

L'un disoit : « Il est mort; je l'avois bien prévu.

S'il m'eût cru, disoit l'autre, il seroit plein de vie. »

4. Dans le quatrain CXLVI de Benserade, le médecin dit au fossoyeur enterrant le malade :

C'est dommage d'un tel, mais je me persuade
Qu'il ne pouvoit guérir, tant il étoit malsain.

5. Voyez la notice en tête de la fable. Coray pense que Démosthène fait allusion à la première des deux fables ésopiques (la 31o), lorsque, dans son Discours de la Couronne (édition Reiske, 1770, tome I, p. 307 et 308), il fait dire au médecin accompagnant le malade qu'on porte au tombeau : « Si cet homme avait fait ceci et cela, il ne serait pas mort : » El tò xal tò ¿ñolŋoev äv0pwños oútoσì, oùx äv ἀπέθανεν.

FABLE XIII.

LA POULE AUX OEUFS D'OR.

Ésope, fab. 136, Ὄρνις χρυσοτόκος, Ανήρ καὶ Ορνις (Coray, p. 77 et 78, sous trois formes, et p. 335 et 336). La fable 24, Tuvij xal "Opvts (Coray, p. 17 et 18, p. 292 et 293), est pareille pour la moralité, mais différente pour le récit. Babrius, fab. 123, "Opvis χρυσοτόκος. Avianus, fab. 33, Anser et Rusticus. Ire partie, fab. 109, d'un Homme et de sa Poulle. fab. 91, de la Femme et de la Geline.

Mythologia sopica Neveleti, p. 198, p. 365, p. 478.

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Haudent,
Corrozet,

Le manuscrit de M. le comte de Lurde que nous avons mentionné plus haut (p. 396) porte, au verso de la fable x de ce livre, cette fableci, écrite de la même main, sans aucune variante qui la distingue de notre texte. - Elle est aussi au Manuscrit de Sainte-Genevière. Benserade a sur ce sujet un quatrain bien tourné (le cxx®):

Un Homme avoit une Oie, et c'étoit son trésor,
Car elle lui pondoit tous les jours un œuf d'or.

La croyant pleine d'œufs, le fou s'impatiente,

La tue, et d'un seul coup perd le fonds et la rente.

Pour les fables orientales qu'on a rapprochées de celle-ci, on peut consulter le Mémoire de M. Wagener, p. 81-87; les Études indiennes de M. Weber, tome III, p. 340 et 341; et le tome I du Pantschatantra de M. Benfey, p. 360 et 361, p. 378-380. Le rapport nous paraît trop peu frappant pour qu'il soit à propos de l'indiquer ici. Voyez ci-après note 2. Une affabulation analogue se tire de la fable de l'arbre qu'on abat ou veut abattre pour en manger plus commodément les fruits. Desmay, dans l'Ésope du temps (1677, fable xII), l'a mise en vers, sous ce titre : les Loirs ou la Débauche funeste. Il vaudrait beaucoup mieux mettre le chêne à bas, dit l'un des Loirs.

Rien ne seroit si commode au repas :

Il faudroit seulement se baisser pour en prendre.

Mais un autre mieux avisé s'oppose à ce funeste dessein et montre à

ses compagnons que ce serait folie de « faire mourir leur nourrice.

On trouvera à l'Appendice de ce volume une fable latine de Mil

ton, où l'arbre, au lieu d'être abattu, est transplanté, et dont la moralité est à peu près la même.

L'avarice perd tout en voulant tout gagner1.
Je ne veux, pour le témoigner,

Que celui dont la Poule, à ce que dit la fable,
Pondoit tous les jours un œuf d'or'.

Il crut que dans son corps elle avoit un trésor3:
Il la tua, l'ouvrit, et la trouva semblable

A celles dont les œufs ne lui rapportoient rien,
S'étant lui-même ôté le plus beau de son bien.

Belle leçon pour les gens chiches!

5

1. Chez Babrius (vers 7), la morale, appliquée au fait particulier raconté dans la fable, est ainsi rendue :

Πλείονος ἔρως.... ἐστέρησε τῶν ὄντων,

« Le désir de plus le priva de ce qu'il avait. » - Pantaleo Candidus (Weiss), qui, dans sa fable 54 : Mulier et Gallina auripara, a traité le sujet d'une des fables ésopiques (la 24o), termine ainsi son apologue:

2.

Magna appetens amittit et mediocria.

Dans une fable de Lockman, c'est, au lieu d'un œuf d'or, un œuf d'argent, M. Éd. du Méril (Poésies inédites du moyen áge, p. 22 et note 2) conclut de là que la fable a très-vraisemblablement une origine sémitique. Dans celle des fables ésopiques que nous avons indiquée, dans la notice, sous le titre de la Femme et la Poule (Tuvǹ zzi "Opviç), il est question d'un œuf ordinaire. En arabe, et cela peut expliquer que dans la tradition l'œuf ordinaire se soit changé en œuf d'argent, les mots blanc et œuf ont la même racine, et l'adjectif qui signifie blanc se prend substantivement pour dire argent.

3. L'une des versions de la fable ésopique (no 136) dit de même : Car il croyait que dans ses entrailles il trouverait un trésor, >> ἐδόκει γὰρ ἐν τοῖς ἐγκάτοις αὐτῆς θησαυρῷ τινι ἐντυχεῖν. — Dans la version la plus connue, on lit : čyxov xpusiov, ce que Haudent traduit par a une masse d'or fin. »

4. Chiche, dont la vraie signification est << mesquin, parcimo

Pendant ces derniers temps, combien en a-t-on vus
Qui du soir au matin sont pauvres devenus,

Pour vouloir trop tôt être riches!

ΤΟ

nieux, » est pris ici au sens d'avare, avare dans l'acception étendue du latin avarus, qui veut dire avide en général, et surtout avide d'argent, cupide. Au premier vers, avarice est employé avec cette même extension de sens. Dans l'édition de 1729, on a imprimé par er

reur, au lieu de chiches, le mot qui est déjà à la rime : riches.

5. Les exemples qui confirment cette leçon ne manquent en aucun temps. Est-ce une nouvelle allusion à ceux dont il est parlé ci-dessus, p. 252, note 7?

FABLE XIV.

L'ANE PORTANT DES RELIQUES.

Faërne,

Ésope, fab. 257, Ὄνος βαστάζων Εἴδωλον, Ὄνος βαστάζων Αγαλμα (Coray, p. 168, p. 169, p. 389, sous trois formes). fab. 95, Asinus simulacrum gestans.

Mythologia sopica Neveleti, p. 297, p. 357.

Cette fable est la troisième et dernière du manuscrit de M. le comte de Lurde dont nous avons parlé dans les notices des fables x et xi de ce livre. Voyez ci-après la note 1.

« L'Ane portant les mystères, est un proverbe grec. On se servait d'ânes, dit-on, pour transporter d'Athènes à Éleusis les objets nécessaires à la célébration des mystères. « Par Jupiter! dit l'esclave Kanthias dans les Grenouilles d'Aristophane (vers 159 et 160), je suis donc l'âne qui porte les mystères; mais je ne les porterai pas davantage; >

Νὴ τὸν Δί ̓, ἔγωγ' οὖν ὄνος ἄγων μυστήρια·

Αταρ οὐ καθέξω ταῦτα τὸν πλείω χρόνον.

Cet apologue fait le sujet du vire emblème d'Alciat, qui est précédé de ces mots : Non tibi, sed religioni. Claude Mignault, plus connu sous le nom de Minos, cite, dans le commentaire qu'il a fait de cet emblème, le distique suivant du savant Jean Mercier, successeur de Vatable dans la chaire d'hébreu du Collége royal :

Quid sibi vult Asinus tergo mysteria portans?

Indoctos videas

sæpe præesse sacris.

« Voici l'Ane qui passe gravement, dit M. Saint-Marc Girardin (xive leçon, tome II, p. 2), portant des reliques, et tout le monde le salue. L'Ane prend pour lui ces hommages. Quelqu'un l'avertit :

Ce n'est pas vous, c'est l'idole,

A qui cet honneur se rend.

Ce quelqu'un est assurément un mal-appris pourquoi détromper

1. Dans le manuscrit de M. de Lurde, portant est précédé de

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