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Et dont les pieds touchoient à l'empire des morts'.

se vante d'habiter avec les nuages, t☎v veç☎v cúvotzog; et dans la vieille fable citée par Robert (tome I, p. 93 et 94), et qu'il désigne, comme imitée d'Avianus, par le nom d'Ysopet-Avionnet*, l'Arbre (c'est également le Sapin) dit au Bisson (Buisson):

.... Iusques aus estoilles

Estens mes brenches et mes foilles.

9. La Fontaine semble avoir fondu ensemble deux passages de Virgile, celui où le poëte latin décrit un chêne résistant à la tempête (Énéide, livre IV, vers 445 et 446):

Quantum vertice ad auras

Etherias, tantum radice in Tartara tendit;

et cet autre, où il peint la Renommée, et qui est imité de la description qu'Homère (Iliade, livre IV, vers 443) fait de la Discorde:

Ingrediturque solo, et caput inter nubila condit.

(Énéide, livre IV, vers 177.)

Racan, dans la 9o strophe de son Ode pour Monseigneur e duc de Bellegarde, décrit un chêne dont le tronc vénérable

-

Attache dans l'enfer ses secondes racines,
Et de ses larges bras touche le firmament.

Voltaire dit en parlant des chênes, des sapins:

Leur pied touche aux enfers, leur cime est dans les cieux (3 Discours en vers, de l'Envie, tome XII des OEuvres, p. 68);

et ailleurs, en parlant des Alpes:

....

Ces monts sourcilleux

Qui pressent les enfers et qui fendent les cieux

(Épitre xcI, tome XIII, p. 211).

Voyez encore la Henriade, chant VI, vers 299 et 300.

Elle se trouve au fo 102 du manuscrit 1594 (voyez ci-dessus, p. 62,

note 1).

LIVRE DEUXIÈME'.

FABLE I.

CONTRE CEUX QUI ONT LE GOÛT DIFFICILE.

Phèdre, livre IV, fab. 7, Poeta.

Mythologia sopica Neveleti, p. 432.

Quand j'aurois en naissant reçu de Calliope2
Les dons qu'à ses amants cette Muse a promis,
Je les consacrerois aux mensonges d'Esope :

Le

3

mensonge et les vers de tout temps sont amis. Mais je ne me crois pas si chéri du Parnasse Que de savoir orner toutes ces fictions.

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1. Il y a ainsi deuxième, en toutes lettres, dans nos anciennes éditions. Walckenaer, Crapelet, etc., y ont substitué second. — Un manuscrit de la Bibliothèque nationale (in-4o, no 8511 des manuscrits latins), qui porte sur l'un des côtés de la couverture le mot Fabularum, et sur l'autre ceux-ci : « de Mgr le duc de Bourgogne », contient, aux feuillets 133-156, la traduction latine, faite par le jeune prince, des neuf premières fables de ce livre II, et du commencement de la dixième.

2. Muse de l'épopée.

3. « De tous temps », au pluriel, dans l'édition de 1729.

4. « Socrate, dit Plutarque, se mit à traduire les fables d'Ésope, ne croyant pas qu'il pût y avoir de poésie, si le mensonge ne s'y trouvait mêlé, ὡς ποίησιν οὐκ οὖσαν ᾖ ψεῦδος μὴ πρόσεστι. En effet, nous connaissons bien des sacrifices sans danse et sans musique, mais nous ne connaissons pas de poésie sans fables et sans mensonge, ἴσμεν δὲ ἄμυθον οὐδὲ ἀψευδῆ ποίησιν. » (De la Manière de lire les poètes, chapitre II.)

J. DE LA FONTAINE, I

9*

οὐκ

On peut donner du lustre à leurs inventions :
On le peut, je l'essaie; un plus savant le fasse.
Cependant jusqu'ici d'un langage nouveau
J'ai fait parler le Loup et répondre l'Agneau;
J'ai passé plus avant les arbres et les plantes
Sont devenus chez moi créatures parlantes3.
Qui ne prendroit ceci pour un enchantement?
Vraiment, me diront' nos critiques,

«

Vous parlez magnifiquement

De cinq ou six contes d'enfant.

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- Censeurs, en voulez-vous qui soient plus authentiques Et d'un style plus haut? En voici : « Les Troyens,

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Après dix ans de guerre autour de leurs murailles,

Avoient lassé les Grecs, qui par mille moyens,

«Par mille assauts, par cent batailles, N'avoient pu mettre à bout cette fière cité, Quand un cheval de bois, par Minerve inventé, « D'un rare et nouvel artifice,

<< Dans ses énormes flancs reçut le sage Ulysse, « Le vaillant Diomède, Ajax l'impétueux,

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5.

Calumniari si quis autem voluerit,

Quod arbores loquantur, non tantum feræ,
Fictis jocari nos meminerit fabulis.

(PHEDRE, livre I, Prologue, vers 5-7.)

6. M. Saint-Marc Girardin cite ce début dans sa xre leçon, et dit (tome I, p. 376 et 377): « J'admire beaucoup la Fontaine; mais en vérité je ne puis pas dire de ses fables plus qu'il n'en dit ici luimême. Oui, le charme du poëte, c'est le don admirable qu'il a de sentir la nature et de s'entretenir avec elle. » Suit un rapprochement très-opportun avec l'Épilogue du livre XI : « Ma muse

Traduisoit en langue des Dieux

Tout ce que disent sous les cieux

Tant d'ètres empruntant la voix de la nature, etc. »

7. « Nous diront », dans l'édition de 1678; mais cette faute a été corrigée à l'Errata.

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« Avec leurs escadrons devoit porter dans Troie", « Livrant à leur fureur ses dieux mêmes en proie: Stratagème inouï, qui des fabricateurs

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« Paya la constance et la peine".

C'est assez, me dira quelqu'un de nos auteurs : La période est longue, il faut reprendre haleine ; Et puis votre cheval de bois, Vos héros avec leurs phalanges, Ce sont des contes plus étranges Qu'un renard qui cajole un corbeau sur sa voix1o : De plus, il vous sied mal d'écrire en si haut style 11. - Eh bien! baissons d'un ton. « La jalouse Amarylle Songeoit à son Alcippe, et croyoit de ses soins

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« N'avoir que ses moutons et son chien pour témoins. «< Tircis, qui l'aperçut, se glisse entre des saules12;

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8. Ce morceau de style épique rappelle divers traits du récit de Virgile :

....

Fracti bello, fatisque repulsi,

Ductores Danaum, tot jam labentibus annis,
Instar montis equum divina Palladis arte

Edificant....

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• penitusque cavernas

Ingentes uterumque armato milite complent.

(Énéide, livre II, vers 13-20.) - Dans Virgile, parmi les guerriers qui sortent du cheval se trouve Ulysse, mais non Diomède, ni Ajax (ibidem, vers 260-264). Dans l'Odyssée (livre VIII, vers 512 et 513), les guerriers sont ainsi désignés collectivement : πάντες ἄριστοι Αρ yɛlwv, tous les meilleurs ou principaux des Argiens. »

9. Au lieu du cheval de bois, c'est l'expédition des Argonautes que Phèdre (livre IV, fable 7) propose, comme échantillon de haut style, à son critique, qui répond à son Quid tibi videtur?

Hoc quoque insulsum est......

Falsoque dictum.... (Vers 17 et 18.)

10. « Sur la voix, » dans l'édition de 1688.

11. VAR.: en ce haut style. (Éditions de 1668, 1669, 1679 Amsterdam, 1729.) L'édition de 1678 a: «< ces hauts stiles; >> mais la faute est corrigée à l'Errata.

12. a Entre deux saules, » dans l'édition de 1679 (Amsterdam); « entre les saules, » dans celle de 1729.

« Il entend la bergère adressant ces paroles « Au doux Zéphire, et le priant

<< De les porter à son amant. »

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Remettez, pour le mieux, ces deux vers à la fonte 1. 50
Maudit censeur! te tairas-tu ?
Ne saurois-je achever mon conte 15 ?
C'est un dessein très-dangereux
Que d'entreprendre de te plaire.

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13. La rime d'iant avec mant. Quoique l'i appartienne à la syllabe précédente, la prononciation ne le détache pas entièrement de l'a; dans cette liaison il a quelque chose du son de l'i double ou y. M. L. Quicherat nous dit d'ailleurs, d'une manière générale, dans son Traité de versification française (chapitre 1) : « Comme les mots terminés par ant ou ent sont très-nombreux dans notre langue, il est beaucoup mieux qu'ils riment (non pas seulement par les finales ant, ent, mais aussi) de l'articulation. >> La critique au reste s'apfinales, de quantité diffé

pliquerait encore mieux, ce semble, aux rente, des vers 42 et 43: paroles et saules. Voyez p. 116, note 2. 14. Horace rend la même pensée par une métaphore différente, dans son Art poétique (vers 441):

Et male tornatos incudi reddere versus ;

et Boileau dit dans le sien (chant I, vers 172):

Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage.

15. Quid ergo possum facere tibi, lector Cato,

Si nec fabellæ te juvant, nec fabulæ?

(PHÈDRE, livre IV, fable 7, vers 21 et 22.)

16. Phèdre (vers 25) désigne moins poliment ses censeurs: Qui, dit-il, stultitia nauseant.

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