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Et de Sulmone encore le colon belliqueux
Se conforme à la loi des Sabins ses aïeux.
A Mars, par Romulus, la palme fut donnée;
Et l'auteur de ses jours commença son année.

Fastes d'OVIDE, trad. de DEsaintange.

Mais l'année, telle que la fixa Romulus, ne se trouvoit conforme, ni au cours du soleil, ni au cours de la lune. Numa réforma le calendrier, autant que l'ignorance où l'on étoit alors de l'astronomie put le permettre; et ce ne fut pas un des moindres ouvrages de ce prince; il ajusta son année de douze mois au cours et aux phases de la lune. Mais le calendrier de Numa eut encore besoin d'être corrigé dans la suite, faute d'avoir observé la différence de l'année lunaire à l'année solaire.

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Jules César réforma l'année irrégulière de Numa sur les observations de l'astronome Sosigènes, qu'il fit venir d'Alexandrie. Le calendrier fut réglé sur les révolutions solaires. Il ajouta onze jours et six heures à l'année lunaire de Numa de sorte que l'année Julienne fut composée de trois cent soixante-cinq jours et six heures; et comme, après quatre ans révolus, ces six heures formoient un jour, Jules César ordonna qu'au retour de chaque lustre l'année se→ roit de trois cent soixante-six jours. On intercala donc un jour à chaque quatrième année, qui fut appelée bissextile, parce que le jour intercalaire, placé après le sixième des calendes de Mars, étoit appelé bis-sextus. (Voyez les Observations préliminaires sur le mois de janvier.)

C'étoit en ce mois que l'on payoit ses maîtres; que l'on commençoit les Comices; que l'on faisoit l'ad

judication des baux et des fermes publiques ; que les jeunes gens prenoient la toge libre, toga libera, seu virilis; que les femmes servoient à table les esclaves et les serviteurs, comme les hommes le faisoient aux Saturnales; que les Vestales renouveloient le feu sacré. Jusqu'au temps d'Annibal, c'étoit encore en ce mois que les nouveaux magistrats entroient en charge: Hinc etiaem veteres initi memorantur honores, Ad spatium belli, perfide Pæne, tui.

(OVIDE. )

Dans les premiers jours de mars, on célébroit la fête des Anciles ou des boucliers sacrés. Ovide ne nous a pas conservé la date précise de cette fête. On sait que ce qui donna lieu à son institution, fut un bouclier que Numa dit lui avoir été envoyé du ciel comme un gage sacré de l'éternelle durée de Rome. Ce bouclier fut nommé Ancile: on proposa d'en faire forger onze parfaitement semblables, afin que ce gage de salut ne pût être enlevé. Numa le fit porter inutilement à tous les ouvriers de Rome; le seul Veturius Mammurius réussit à faire les onze autres, et les fit si ressemblans qu'on ne put reconnoître le véritable. Numa institua pour les garder un collège de douze prêtres pris dans l'ordre des Patriciens, et plaça les boucliers dans le temple de Mars. La fonction de ces prêtres étoit de porter en pompe les anciles, et d'en donner le spectacle au peuple pendant le mois de Mars. Ils dansoient en frappant en cadence sur ces boucliers; c'est de ces danses que leur nom de Saliens tire son étymologie; ce sacerdoce étoit très révéré à Rome. Les jours consacrés à la fête des anciles étoient regardés comme malheureux pour les mariages; et la

femme du grand-prêtre de Jupiter devoit pendant ce temps s'abstenir de peigner ses cheveux:

Nubere si qua voles, quamvis poperabitis ambo,
Differ: habent parvæ commoda magna moræ.
Arma movent pagnam, pugna est aliena maritis.
Condita cum fuerint, aptius omen erit.
His etiam conjux apicati cincta Dialis
Lucibus impexas debet habere comus.

(OVIDE. )

Le mois de Mars, quoiqu'il portât le nom du dieu de la guerre, étoit sous la protection particulière de Minerve, et il a toujours eu trente-un jours. Les réglemens de Romulus, de Numa et de Jules César n'ont point varié sur ce point.

Ce n'est, comme nous l'avons déjà observé, que depuis l'édit de Charles IX, de l'an 1564, qu'on a commencé en France à compter l'année par le mois de janvier. Elle commençoit auparavant à Pâques : ainsi la même année avoit deux fois le mois de Mars, et on disoit Mars avant Pâques, et Mars après Pâques. Le commencement du mois de Mars étoit d'une année et la fin d'une autre, lorsque Pâques arrivoit dans le mois de Mars.

cause que

que

à

Les astronomes le mettent aussi le premier, c'est alors le soleil entre dans le signe d'Aries ou du Bélier, par lequel ils commencent à compter les signes du zodiaque.

Les marins appèlent flot de Mars, le tems où la mer s'étend le plus loin sur les grèves. Ce tems arrive deux fois l'an, à la lunaison la plus proche des équinoxes de Mars et de Septembre; mais le flot de Mars est plus grand que celui de Septembre. Aussi,

l'Ordonnance de la marine parle du grand flot de Mars.

Si le vent la favorise, la marée du quatorze Mars de cette année doit être très forte. (Voyez le 1er février, Observations générales. }

On dit proverbialement, celà vient comme Mars. en carême, pour dire cela vient bien à-propose

-Vers les premiers jours de Mars, l'empereur de la Chine choisit quelques seigneurs de la première qualité, et les envoie à la salle de ses ancêtres se prosterner devant leurs portraits, et les avertit que le jour suivant il offrira le sacrifice du printems.

On assemble cinquante vieillards vénérables, laboureurs de profession, qui doivent être présens lorsque l'empereur ouvrira la terre, et autant de laboureurs plus jeunes, destinés à disposer la charrue, à atteler des bœufs, et à préparer les cinq sortes des grains que l'empereur doit semer.

Le lendemain, le prince se transporte en grande pompe au champ destiné à la cérémonie. Les princes de la famille impériale, les présidens des cinq grands tribunaux et un nombre infini de Mandarins de toutes les classes l'accompagnent. Deux côtés du champ sont bordés par les officiers et les gardes de l'empereur; le troisième est réservé à tous les laBourcurs, qui accourent pour voir leur profession honorée; les Mandarins occupent le quatrième.

L'empereur entre seul dans le champ, se prosterne, et frappe neuf fois la terre de son front, pour adorer le Chang-Ti ou le Tien, c'est-à-dire le Dieu du Ciel. Il prononce à haute voix une prière qu'un des tribunaux a composée. Ensuite, en sa qualité de souverain

pontife, il immole un bœuf qu'il offre pour obtenir du ciel l'accroissement et la conservation des biens de la terre. Tandis qu'on place la victime sur un bûcher où le feu doit la consumer, on amène une charrue attelée d'une paire de bœufs magnifiquement ornés. Le prince quitte ses habits impériaux, sillonne une partie du champ, et sème ensuite du froment, du riz, du millet, des fèves, et une autre espèce de millet qu'on appelle cac-seang. Ces grains sont portés par des grands seigneurs, dans des coffres précieux. La cérémonie finit par des récompenses en argent, que l'empereur fait distribuer aux cent laboureurs qu'on a convoqués; et s'il y en a quelqu'un dans l'empire, qui ait défriché des terres incultes jusqu'à quatre-vingts arpens, il devient Mandarin de la huitième classe, suivant un édit de l'empereur Yont-Chin. Enfin, cette cérémonie est répétée le même jour dans toutes les provinces de l'empire, par les vice-rois, assistés de tous les magistrats.

-Les Perses anciens et modernes ont toujours célébré par des fêtes le retour du printems et du premier jour de l'année, qui commence chez eux dans le courant de notre mois de Mars, au moment où le soleil entre dans le signe du bélier. (Voyez le 14 Mars.) On trouve dans Chardin des détails curieux sur les cérémonies anciennement observées, et sur celles qu'on observe encore aujourd'hui dans ces solennités

« Les Persans, dit ce voyageur si justement cé» lèbre, ont un grand nombre de fêtes, tant religieuses que civiles, c'est-à-dire de ces jours consa» crés, soit à la commémoration des mystères et » des évènemens principaux de la religion, soit à

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