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dans l'exécution, ne doivent ni entraver ni retarder cette sage entreprise; car il est dans la nature des institutions humaines qu'elles marchent par degrés.

La compagnie de Jésus, n'en doutons pas, rétablie telle qu'elle fut jadis, sera animée du même esprit. Les jésuites ont déjà parmi eux des professeurs d'un mérite reconnu, des maîtres habiles dans les différentes parties de l'enseignement. Ils inculquent comme autrefois le respect pour les vérités révélées et la soumission pour les autorités établies, maximes tutélaires qui garantissent les bonnes mœurs, l'ordre et le bonheur de la société, en assurant aux lois divines et humaines l'obéissance qui leur est due. Ils justifieront, en un mot, avec le temps et dans cette ville en particulier, toutes vos espérances, et sauront bien mériter de l'Etat comme de l'Eglise. La déclaration des membres du conseil d'état est conçue dans les termes suivans:

DÉCLARATION.

L'admission de l'ordre des jésuites dans le canton de Fribourg, décrétée le 15 septembre courant, est un évènement d'une nature si extraordinaire; il est tellement fait pour exciter l'étonnement de l'étranger et pour causer de l'inquiétude dans l'intérieur de la Confédération

dentes, s'étaient prononcés contre l'admission des jésuites, furent diffamés comme des ennemis de la religion, et on leur prêta le projet de vouloir détruire la foi de nos pères. Le langage de la sagesse ne fut dès-lors plus écouté; son impression était détruite d'avance par les insinuations de la cabale.

La minorité voyait, avec une profonde douleur, la réussite prochaine d'un projet dont les suites funestes pour le bien-être du canton, et peut-être de la patrie suisse, se montraient à ses yeux dans toute leur étendue.

Elle ne négligea rien pour dissiper le nuage dont une influence secrète du dehors et des vues masquées au dedans s'étaient enveloppées, et ses représentations portaient principalement sur les intérêts les plus chers et les plus essentiels de la famille fribourgeoise.

Il est de la plus haute importance pour l'État, disait cette minorité, il est dans les premiers devoirs d'un Gouvernement, qu'il dirige immédiatement lui-même l'instruction publique. Ce devoir, une loi positive de l'État l'impose particulièrement au Gouvernement de Fribourg; son accomplissement ne saurait se concilier avec l'idée de remettre l'enseignement des sciences supérieures à une corporation religieuse quelconque, bien moins encore à une corporation dont la tendance

constante vers l'indépendance, et l'influence dangereuse pour la religion et le repos des états, sont attestées par l'histoire.

Que, si même l'on voulait couvrir du voile de la charité la doctrine dangereuse des anciens jésuites, et ne se rappeler que des services rendus par eux sous le rapport de l'éducation, il était difficile de ne pas voir, dans l'état actuel des choses, une impossibilité manifeste que cet ordre puisse renaître avec son ancien éclat, pour être rendu à la vaste destination de faire l'éducation du monde catholique.

Que, lors même qu'il pût exister quelques doutes sur cette vérité, la prudence commanderait tout au moins d'attendre que, dans la voisine Germanie, l'on ait vu s'élever, avec l'espoir assuré du succès, quelque commencement notable de ces grands et excellens établissemens qui, sous les anciens jésuites, furent des pépinières d'habiles instituteurs.

Qu'on ne saurait envisager comme telles les maisons de la nouvelle société érigées dans quelques lieux de l'Espagne et de l'Italie, et tout aussi peu cette association d'étrangers de toutes les contrées de l'univers, qui s'est formée en Valais, et dont l'esprit, les mœurs et les principes ne sauraient convenir à notre nation suisse.

Qu'au reste c'était décéler une légèreté frap

dentes, s'étaient prononcés contre l'admission des jésuites, furent diffamés comme des ennemis de la religion, et on leur prêta le projet de vouloir détruire la foi de nos pères. Le langage de la sagesse ne fut dès-lors plus écouté; son impression était détruite d'avance par les insinuations de la cabale.

La minorité voyait, avec une profonde douleur, la réussite prochaine d'un projet dont les suites funestes pour le bien-être du canton, et peut-être de la patrie suisse, se montraient à ses yeux dans toute leur étendue.

Elle ne négligea rien pour dissiper le nuage dont une influence secrète du dehors et des vues masquées au dedans s'étaient enveloppées, et ses représentations portaient principalement sur les intérêts les plus chers et les plus essentiels de la famille fribourgeoise.

Il est de la plus haute importance pour l'État, disait cette minorité, il est dans les premiers devoirs d'un Gouvernement, qu'il dirige immédiatement lui-même l'instruction publique. Ce devoir, une loi positive de l'État l'impose particulièrement au Gouvernement de Fribourg; son accomplissement ne saurait se concilier avec l'idée de remettre l'enseignement des sciences supérieures à une corporation religieuse quelconque, bien moins encore à une corporation dont la tendance

constante vers l'indépendance, et l'influence dangereuse pour la religion et le repos des états, sont attestées par l'histoire.

Que, si même l'on voulait couvrir du voile de la charité la doctrine dangereuse des anciens jésuites, et ne se rappeler que des services rendus par eux sous le rapport de l'éducation, il était difficile de ne pas voir, dans l'état actuel des choses, une impossibilité manifeste que cet ordre puisse renaître avec son ancien éclat, pour être rendu à la vaste destination de faire l'éducation du monde catholique.

Que, lors même qu'il pût exister quelques doutes sur cette vérité, la prudence commanderait tout au moins d'attendre que, dans la voisine Germanie, l'on ait vu s'élever, avec l'espoir assuré du succès, quelque commencement notable de ces grands et excellens établissemens qui, sous les anciens jésuites, furent des pépinières d'habiles instituteurs.

Qu'on ne saurait envisager comme telles les maisons de la nouvelle société érigées dans quelques lieux de l'Espagne et de l'Italie, et tout aussi peu cette association d'étrangers de toutes les contrées de l'univers, qui s'est formée en Valais, et dont l'esprit, les mœurs et les principes ne sauraient convenir à notre nation suisse.

Qu'au reste c'était décéler une légèreté frap

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