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pour améliorer son sort. Le rapprochement des époques, le détail des améliorations et l'ensemble des travaux exécutés en faveur de cette Eglise, fourniront la meilleure réponse à tout ce que, par des motifs et par des voies différentes, l'ignorance et la mauvaise foi acceptent ou bien accréditent sur l'état de la religion en France. Ce tableau suffirait seul pour leur fermer la bouche, si la mauvaise foi et l'ignorance pouvaient connaître la conviction ou consentir à se taire; puisse cet exposé, en devenant plus connu, nous débarrasser du déluge de déclamations et disculpations dont on nous inonde. Les unes sont fort ennuyeuses et les autres fort injustes, grands motifs pour désirer la fin de toutes les deux. L'évocation des jésuites de leur tombe, la diffusion des missionnaires sur la surface de la France, les excursions dans la politique qu'un trop grand nombre de ministres du culte se permet de mêler à des fonctions séparées des choses du monde, sont devenues des sujets communs de plaintes comme d'irritation contre le clergé. Il a paru bon de faire connaître quelques pièces relatives à ces mobiles de perturbations.

Ces pratiques sont une contradiction manifeste avec l'esprit et la destination des ministres religieux; elles ne peuvent manquer de devenir funestes au culte et à ses ministres, J'ai regardé

comme un devoir de renouveler les avis que, dans les quatre concordats, j'avais adressés au clergé sur les dangers de la direction à laquelle il se livrait, dangers qui se sont trop réalisés.

Depuis quelque temps on écrit d'une étrange manière sur la religion et sur la cour de Rome.

Rapporter le caractère que doivent avoir les écrits qui les concernent; assigner les droits, les bornes, les écueils; fixer ce qui est licite et décent, en indiquant ce qui blesse et nuit tout à la fois, m'a paru bon, nécessaire, et ne pas excéder la juridiction de l'écrivain qui, s'occupant de ces questions, peut se rencontrer dans la même arène avec des combattans inconsidérés.

C'est encore un piquant sujet d'observation, que l'attitude de Rome au milieu du monde nouveau qui l'entoure. Le chef du pouvoir religieux n'apparaît pas seul dans le tableau; je dirai même que, considéré seulement comme source ou pricipal dispensateur des pouvoirs ecclésiastiques, il n'en forme que la plus petite partie. Il est des rapports plus étendus dans la question, qu'il faut savoir saisir. J'écris pour tout le monde; les lecteurs ne sont pas seulement les gens d'église ; il faut de la nourriture pour tous les goûts..... Outre ceux qui dans Rome ne voient que le Pape, il est encore des hommes qui cherchent la marche de la politique par laquelle Rome

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propage son empire à travers les siècles, par l'appui des institutions qu'elle a formées et qu'elle maintient au nom de la religion. C'est cette tactique si uniforme, si constante, que j'ai dû indiquer, et j'entends déjà toute la partie indépendante des lecteurs répondre à ma pensée........... Une question politique se présente toujours à moi comme une affaire qui a un commencement, des sens divers et un dénoûment; quand donc j'en écris, c'est avec la suite qu'exigent les affaires ainsi ai-je fait dans toutes les questions que j'ai traitées, du congrès de Rastadt au second de Vienne, des colonies en général jusqu'à leur affranchissement à peu près consommé, du berceau de l'Eglise jusqu'au concordat de 1817..... Ces trois questions m'appartiennent en quelque sorte, elles ont été rendues comme populaires, je ne les abandonnerai pas; la nature de ce travail a forcé à de fréquens rappels des quatre concordats. Sans doute il est fâcheux d'avoir à revenir à des choses déjà dites, et presque ridicule de se citer soi-même; mais ces rappels se sont trouvés commandés par la liaison des idées et par l'identité des questions. Il ne s'agit pas ici d'un programme d'académie, mais de la solution d'une question qui ne peut résulter d'une que exposition de faits certains et des conséquences rigoureuses de ces mêmes faits.... Il faut pro

céder à la manière des logiciens et non pas à celle des rhéteurs.

Des hommes en dehors ou bien au-dessus de

l'influence du clergé, en tiennent peu de compte dans nos affaires. C'est une courte vue... D'autres veulent s'en servir comme d'un levier..... C'est une grande aberration politique et religieuse..... Le prêtre qui est tout dans son temple n'est plus rien hors du temple; révéré au dedans, assailli au dehors, il n'a pas à balancer sur le choix de sa position. Je l'ai déjà indiqué; le mal fait depuis lors, m'engage à y revenir, et je le fais avec d'autant plus de zèle, que tout me prouve que si le clergé français a de bons ennemis, en revanche il a de bien mauvais amis.

CHAPITRE II.

Négociation de la France avec Rome; cause, esprit et résultat de cette négociation.

LE concordat de 1817 avait reçu en France un accueil désespérant pour lui et pour ses auteurs, quels qu'ils fussent. Ce qui arriva alors à l'égard de ceux-ci, n'est pas une des moindres singularités de notre temps, ni une des moindres preuves des prérogatives que s'arrogent les jouissans du pouvoir; aux époques dans lesquelles ils l'exercent, y toucher serait regardé comme un sacrilége. Le succès a-t-il suivi? s'en arroger la moindre partie serait une usurpation, et ferait invoquer des châtimens. A-t-on échoué? alors on ne s'est mêlé de rien, c'est à qui n'y a pas participé; il y a un effet sans cause et un enfant sans père. Signalet-on ceux que toutes les probabilités en possession de guider les jugemens humains, montrent comme les auteurs de ces actes, les dénégations s'accumulent; il est faux que l'on y ait concouru; le nouveau-né est évidemment tombé du ciel, c'est à qui ne le reconnaîtra pas. Ainsi est-il arrivé du concordat de 1817; en lui, à l'existence près,

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