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l'augmentation du nombre des siéges épiscopaux. D'un autre côté, les évêques, dans leur réponse au Pape, à la date du 13 septembre 1819, disent · Nous confiant en la parole royale de Sa Majesté, concevant de son amour pour la religion l'espoir d'un prompt et meilleur avenir, qui doit résulter d'un état stable et définitif, promis d'une manière positive et solennelle. Il résulte évidemment de ces preuves accumulées, 1° que le concordat de 1817 n'est suspendu que provisoirement; 20 que le Roi s'est engagé, par un titre resté au pouvoir de la cour de Rome, à faire exécuter le concordat; 3° que le clergé a consenti aux arrangemens provisoires, en vue de la promesse de l'exécution du concordat, dans lequel seul il reconnaît un état stable et définitif, comme il le dit dans sa lettre au Pape, du 30 mai 1819; 4° que le concordat a reçu un commencement d'exécution, car le Pape déclare que l'église d'Avignon, élevée à la dignité de métropole, restera dans cet état, et qu'il se bornera à mettre ce changement en harmonie avec l'administration provisoire qu'il établit dans ce moment; et il est à remarquer que cette mesure n'est pas étendue à l'église de Cambrai, qui avait été également érigée en métropole, par le concordat de 1817.

CHAPITRE IV.

Lettre du Pape Pie VII à l'Empereur Napoléon, pour lui annoncer qu'il n'exécu terait pas le concordat de Fontainebleau, conclu à la date du 25 Janvier 1813.

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QUELQUE pénibles que soient pour notre cœur l'aveu que nous devons faire à Votre Majesté, et le déplaisir qu'il pourra lui causer, la crainte des jugemens de Dieu, dont notre âge avancé et le dépérissement de nos forces nous approchent chaque jour, doit nous rendre supérieur à toute autre considération et à toutes les inquiétudes que nous éprouvons en ce moment.

Commandés par nos devoirs, et avec cette franchise qui convient à notre dignité et à notre ministère, nous signifions à Votre Majesté que, depuis le 25 janvier, jour où nous signâmes les articles qui devaient servir de base au traité dont il est question, les plus grands remords et le plus vif repentir ont déchiré notre âme, qui n'a plus ni paix ni repos. Nous avons reconnu, et une

continuelle et profonde méditation nous fait chaque jour reconnaître davantage, l'erreur dans laquelle nous ont entraîné le désir de terminer le plus tôt possible, et d'une manière stable, les affaires de l'Eglise, et celui de complaire à Votre Majesté. Une seule considération modérait notre affliction, c'est que le mal que nous avions fait à l'Eglise par cette sonscription, pouvait se réparer dans l'acte postérieur de l'arrangement définitif.

Mais notre douleur s'est accrue excessivement, lorsqu'à notre grande surprise, et contre ce qui avait été convenu entre Votre Majesté et nous, nous avons vu publier par l'impression, et sous le titre de concordat, ces mêmes articles qui n'étaient que les bases d'un arrangement futur.

Profondément gémissant au fond de notre cœur du scandale que nous donnions à l'Eglise, instruit de leur contenu par cette publication, et convaincu de la nécessité de les réparer, nous nous contînmes avec la plus grande peine de manifester sur-le-champ nos sentimens et nos réclamations, par le seul motif de persuader avec la plus grande prudence, et de ne rien précipiter dans une affaire de cette importance.

Sachant que dans peu nous aurions auprès de nous le sacré collége, qui est notre conseil, nous avions résolu de l'attendre et de le consulter

pour nous aider de ses lumières, et ensuite nous déterminer, non pas sur ce que nous nous reconnaissions obligé de faire pour corriger ce que nous avions fait, ni, et Dieu nous en est témoin, sur ce que nous avions entièrement arrêté depuis les premiers momens, mais sur le choix du meilleur mode d'exécution de notre résolution.

Nous n'avons pu croire en trouver qui soit plus conforme au respect que nous professons pour Votre Majesté, que celui de recourir à ellemême et de lui adresser cette lettre, dans laquelle nous venons, en présence de ce Dieu devant qui bientôt nous devons rendre compte de l'usage qu'en qualité de son vicaire nous aurons fait de l'autorité qu'il nous a confiée pour le gouvernement de son Eglise, déclarer à Votre Majesté, dans toute la sincérité apostolique, que notre conscience nous oppose des obstacles insurmontables pour l'exécution des différens articles que nous avons signés, puisqu'à notre grande confusion et douleur nous reconnaissons présentement que nous nous serions servi de notre pouvoir, non pour l'édification, mais pour la destruction, si nous exécutions ce que nous avons inconsidérément promis dans lesdits articles, non par aucune intention perfide, comme Dieu nous en est témoin, mais par fragilité humaine, et comme cendre et poussière.

Sur cet écrit, quoique de nous signé, nous disons ce que disait notre prédécesseur Pascal II, en un cas pareil, et au sujet d'un écrit qu'il avait signé, et qui portait une concession en faveur de Henri V, que sa conscience lui reprochait.

« Nous reconnaissons que cet écrit est vicieux; » aussi nous le déclarons vicieux et mal fait, et » comme tel, avec l'aide du Seigneur, nous » voulons qu'il soit réformé, afin qu'il n'en >> résulte aucun dommage pour l'Eglise, ni au>> cun préjudice pour notre âme. »

Nous reconnaissons quelques-uns de ces articles susceptibles d'être corrigés par une rédaction différente et par quelques modifications et changemens, mais en même temps nous en reconnaissons d'autres pour intrinsèquement mauvais, comme contraires à la justice et au régime de l'Eglise établie par Notre Seigneur JésusChrist, et conséquemment inexécutables et incapables de subsister.

Comment, par exemple, pourrions-nous jamais commettre l'extrême injustice de priver de leurs siéges, sans aucune raison canonique, tant de vénérables évêques auxquels on n'aurait à reprocher que d'avoir exécuté nos intentions, et de même, sans aucun motif canonique, prononcer la destruction de leurs siéges.

Votre Majesté se rappellera sans doute les

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