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pareille; il n'est pas plus profitable de se prévaloir des conciles de Bâle et de Coutance, de redemander la pragmatique, d'argumenter des réclamations passagères du clergé, des oppositi ons par lementaires et des quatre propositions du clergé en 1682.... Tout cela ne fait rien à la chose. Un ordre différent a prévalu, il est devenu la loi du monde catholique; s'il a des inconvéniens, réformez-les; mais la manière de les consacrer, et celle-là serait la plus sûre, est de vous y prendre comme vous le faites. Vous voyez l'Europe entière agenouillée devant Rome, vous voyez votre clergé absorbé dans l'ultramontanisme; vous pouvez à peine, à force de temps et de sueurs, obtenir de Rome un provisoire pour votre épiscopat agonissant, et vous passez de ce point avec légèreté, à demander de reprendre l'ordre des conciles de Coutance et de Bâle. En vérité, y pensez-vous! et quelle idée vous faites-vous de la manière de conduire les affaires parmi les hommes!.... Toute la science théologique des bibliothèques ne fait rien à ceci, ce n'est pas sur cette docte poussière que Rome compte pour se défendre, ce n'est pas davantage elle qu'elle craint, elle s'appuie sur la force des choses résultantes d'un ordre généralement établi, et qui a créé, dans tous les esprits, une disposition qui lui est favorable. Si, derrière ce rem

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part, Rome a bravé Louis XIV et Napoléon; si, protégée par lui, elle en impose encore à l'Europe, qui n'ose pas attaquer la question véritable de l'institution, jugez ce que feront vos rappels de Nicée, de Bâle, de Bossuet!... Rome a anathématisé les quatre articles du clergé; Bossuet les a abjurés, lorsqu'il a pu dire : Abeat ergo quocumque voluerit ista declaratio. A le bien prendre, ces articles mêmes étaient un hommage pour Rome; ils n'attaquaient en rien son pouvoir. Napoléon, après les avoir médités, nous dit un jour, avec ce sens exquis qui lui appartenait Il n'y a rien dans vos quatre articles, dont vous faites tant de bruit, et il avait raison. C'est donc bien à tort, parce que c'est bien en vain que l'on va se perdre dans l'antiquité et dans des choses effacées depuis long-temps, pour sortir de l'embarras dans lequel on se trouve. Il n'y a plus qu'une question avec Rome : une seule importe à la fois à la religion, aux états et aux fidèles, celle de la régularisation de l'institution, de laquelle il résultera enfin un ordre où l'institution sera toujours assurée, les états toujours exemptés de troubles, les titulaires toujours à l'abri d'injustice, et les fidèles toujours à l'abri de la privation de leurs premiers pasteurs. C'est cet ordre qui avait été établi par le concordat de Fontainebleau, cet acte que l'on pourrait appeler la grande

charte de l'Eglise catholique, et qui, inévitablement, redeviendra sa loi. Les écrits qui se bornent à la rappeler, qui unissent la raison au sentiment religieux, la puissance du raisonnement avec le respect dû au chef de l'Eglise en général et en particulier, aux vertus de celui qui remplit dans nos temps ce poste élevé; les écrits qui ne demandent que des choses praticables, qui par là réunissent l'utilité générale et particulière, qui excluent l'aigreur, les provocations, la violence, les allégations irrespectueuses; ces écrits, dis-je, peuvent seuls être utiles, parce que c'est à eux seuls que des sociétés éminemment policées aiment à se reconnaître et peuvent le faire. Ces sociétés ont besoin de la paix, c'est elle qu'elles demandent, et non point le concile de Nicée, pas plus que celui de Bàle, qui se rapportent à d'autres temps, et dont le retour est impossible. S'il faut cent ans de combats avec Rome pour les obtenir, il vaut mieux commencer par s'en passer et ne pas condamner le monde catholique, en attendant leur retour, à se voir troublé et dépouillé des premiers attributs du ministère ecclésiastique, qui est l'épiscopat..... Que l'on régularise tout ce qui concerne celui-ci, et tout est dit avec Rome; il n'y a plus de contestations possibles avec elle; de son côté, elle n'aura plus de moyens de do

mination perturbatrice. Dès-lors elle rentrera dans le caractère qui l'honore, qui la fait chérir, qui l'associe à la Divinité, en la montrant uniquement comme la dispensatrice de ses bienfaits et comme le canal de ses grâces, et dans ce sanctuaire sans tache et sans reproche, les hommes n'ayant plus de motifs pour la craindre, n'en sentiront plus que pour la vénérer et pour la défendre.

CHAPITRE IX.

De la direction du clergé et des missions.

La religion, depuis la fondation du christianisme, occupe plus de la moitié de l'histoire. Il est bien singulier que les rapports de l'homme à Dieu, ce qui constitue toute religion, aient pu remplir un aussi vaste espace sur la terre, et n'aient pas 'été renfermés dans celui leur naque ture propre leur assignait. Presque partout le culte a été appelé au secours de la politique; et quand celle-ci a pu s'en saisir entièrement, il en est toujours résulté une violente oppression sur les hommes. Commander au nom du ciel est doubler sa force propre, et donner aux oppositions une couleur défavorable pour elles. Le reproche d'impiété a toujours affaibli ceux qu'il a frappés. Le malheur de la catholicité a été, depuis Constantin, de se mêler avec l'Etat, de se fier sur des bras de chair, et d'entrer dans la politique, dont son fondateur lui avait interdit expressément d'approcher. La religion n'a jamais trouvé que ruine finale dans son alliance avec celle-ci, et dans son funeste secours, dont des apparences trompeuses couvraient les dangers. Après avoir

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