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l'on se complaisait à répandre les bruits les plus faux, les plus calomnieux, on omettait de rapporter des faits essentiels, et dont la connaissance expliquera ce qui se passa ensuite. Napoléon était enchanté de l'accomplissement du concordat. Au moment même de la signature, il donna ordre au ministre des cultes de dépê

Les cardinaux Doria et Buffo recevront l'aigle d'or de la légion d'honneur.

Les évêques de Nantes, de Trèves et d'Évreux, sont nommés officiers de la légion d'honneur.

L'archevêque d'Edesse est nommé chevalier de la couronne de fer.

Sont nommés membres du sénat conservateur, le cardinal Bayane, prélat distingué par ses vertus religieuses, l'étendue de ses lumières et les services qu'il a rendus à la patrie; il a travaillé au concordat de Fontainebleau, qui complète les libertés de nos églises; œuvre commencée par saint Louis, continuée par Louis XIV, et achevée par nous;

Le baron Bourlier, évêque d'Évreux, le doyen de nos évêques, l'un des docteurs les plus distingués de la Sorbonne de Paris; société qui rendit de si importans services à l'État, en démêlant, au milicu des ténèbres des siècles, les vrais principes de notre religion d'avec les prétentions subversives de l'indépendance des couronnes.

Nous désirons que le clergé de notre empire voie dans ces choix un témoignage de la satisfaction que nous avons de sa fidélité, de ses lumières et de son attachement à notre personne.

cher vers les cardinaux, pour leur notifier leur liberté, et la faculté de revenir auprès du pape. Il lui renouvela cet ordre dans le cours de la soirée; mais comme la nuit porte conseil, le lendemain matin il interrogea ce ministre sur l'exécution. de l'ordre, et, sur sa réponse affirmative, il lui dit nous nous sommes trop pressés ; vous verrez que tout manquera par là. Le jour même, un ministre fut envoyé au pape, pour lui annoncer qu'une somme de trois cent mille francs venait d'être mise à sa disposition. Il la refusa, Cela parut de mauvais augure. Cependant les cardinaux et d'autres prélats arrivaient. Les bulles pour les évêques nommés, ayant été demandées, furent refusées. Dès lors l'horoscope tiré par Napoléon sur ce qui allait arriver fut réalisé. Ce fut pour répondre à ce refus persévérant, qui annulait le concordat, que, le 23 mars, Napoléon fit le décret suivant (1). Ce décret

(1) Le concordat signé à Fontainebleau, qui règle les affaires de l'Église, et qui a été publié comme loi de l'État le 13 février 1813, est obligatoire pour nos archevêques, évêques et chapitres, qui seront tenus de s'y conformer, Aussitôt que nous aurons nommé à un évêché vacant, et que nous l'aurons fait connaître au Saint Père dans les formes voulues par le concordat, notre ministre des cultes

était le complément du système que Napoléon s'était formé depuis long-temps, d'opposer les gens d'église aux gens de loi.

Il est assez difficile d'assigner d'une manière positive les motifs véritables du changement de la conduite du pape dans cette occasion. En pareil cas, il y a des motifs apparens et des motifs secrets qui sont les plus réels et qu'il faut

enverra une expédition de la nomination au métropolitain, et, s'il est question d'un métropolitain, au plus ancien évêque de la province ecclésiastique; la personne que nous aurons nommée se pourvoira par-devant le métropolitain, lequel fera les enquêtes voulues, et en adressera le résultat au Saint Père. Si la personne nommée était dans le cas de quelque exclusion ecclésiastique, le métropolitain nous le ferait connaître sur-le-champ; et, dans le cas où aucun motif d'exclusion ecclésiastique n'existerait, si l'institution n'a pas été donnée par le pape, dans les six mois de la notification de notre nomination, aux termes de l'art. 4 du concordat, le métropolitain, assisté des évêques de la province ecclésiastique, sera tenu de donner ladite institution.

Nos cours connaîtront de toutes les affaires connues sous le nom d'appels comme d'abus, ainsi que de toutes celles qui résulteraient de la non-exécution des lois du concordat.

Notre grand juge présentera un projet de loi pour être discuté en notre conseil, qui déterminera la procédure et les peines applicables dans ces matières.

savoir bien distinguer entre eux. On n'a jamais vu manquer de prétextes, lorsqu'on a voulu revenir sur des engagemens inconsidérés ou qui ouvrent la porte à de vifs regrets. Le motif public avoué fut que Napoléon s'était engagé, non point par une stipulation formelle, mais par une convention amiable, à ne pas donner de publicité légale au concordat, auparavant que les arrangemens qui en découlaient n'eussent été pris d'un accord commun. Napoléon attachait un grand prix à ce concordat; il croyait, après le grand revers de Russie, avoir besoin de montrer un succès; son but était complétement rempli, car le pape allait habiter Avignon, et c'en était fait de Rome qu'il avait cessé de revendiquer. Dans son impatience habituelle, Napoléon publia le concordat. Pendant ce temps, les cardinaux arrivèrent et la rupture eut lieu. Sûrement cette publication était un motif trop léger, surtout dans l'absence d'une stipulation formelle, pour avoir motivé seule le refus d'exécution d'un acte signé avec éclat, destiné à effacer le souvenir des maux qui avaient été faits depuis tant d'années. Il faut donc remonter plus haut, et, en se souvenant que, nouveau, on avait

de

affaire au sacré collége, aigri par le malheur, mieux informé de la situation politique que ne l'était le pape, on verra que c'est à la politique qu'il faut demander la cause de cette rupture : avec elle, tout s'explique; sans elle, tout est inexplicable.

Ce concordat perdait la cour de Rome; la transmigration d'Avignon, si odieuse à Rome, recommençait; les informations par les ordinaires à l'égard des évêques nommés étaient reconnues, les métropolitains établis comme les suppléans du pape en cas de non-institution sans motifs canoniques: jamais Rome n'avait tant perdu à la fois. Il est donc très-probable que des hommes politiques qui, pendant leur séjour dans différentes parties de la France, avaient plus vécu avec les ennemis de Napoléon qu'avec ses amis; qui avaient reçu d'eux toutes les impressions défavorables à cette époque sur la position de Napoléon; calculant toutes les chances de la fortune, conseillèrent au pape, qui était moins bien informé qu'eux, de chercher un prétexte, et de se remettre, pour une décision finale, à leur auxiliaire éprouvé, le temps. C'est la campagne de Russie, avec les apparences qu'elle offrit alors, qui a rompu

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