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chés de cet acte, car il se trouve toujours quelque ami indiscret qui laisse échapper la vérité.

En voyant ce soulèvement dans l'opinion contre un acte que l'on ne connaissait en rien, il était naturel d'en rechercher la cause. Si ce

concordat n'était pas meilleur que ses devanciers, il n'était pas plus mauvais qu'eux; les reproches qu'on lui adressait ne tombaient pas sur la partie radicalement vicieuse de cet acte, qu'aucun des écrits publiés sur lui n'a encore atteint; et cependant le mouvement de l'opinion était continu et général. Les choses étaient au point qu'aucune autre affaire ne semblait pouvoir rivaliser d'intérêt avec lui, et que dans la chambre des députés il y avait une disposition à faire trêve à toute autre occupation pour se livrer exclusivement à celle-ci : l'attente du public n'était pas moins vive. Sûrement une disposition aussi générale, aussi prononcée, avait un principe. Je vais le rechercher.

Ici je sens le besoin de répéter ce que la nature des matières que j'ai eu à traiter jusqu'ici, m'a forcé de faire remarquer dans le cours de cet écrit; c'est que, traitant de matières fort délicates, j'ai besoin d'être entendu,

seulement d'après ce que je dis et veux dire, et non point d'après ce que l'on peut vouloir me faire dire. Si je connais mes droits, je connais aussi mes devoirs; je connais les droits que me donne le gouvernement sous lequel je vis, je ne sors point de l'enceinte qu'il trace à ma liberté, pour censurer les choses ou molester les hommes. Je me borne à examiner des actes qui décident des intérêts de mon pays, de la position de chacun de mes concitoyens; la convenance se trouve dans chacune de mes expressions; au moins tels sont mes vœux et mon étude. Le secret dont on couvre la marche des affaires peut créer pour les faits quelque inexactitude que la publicité m'épargnerait; mais mon existence entière m'assure qu'il ne se rencontre aucune irrévérence de fait ou d'intention dans ce qui sort de ma plume (1). Je poursuis.

(1) En Angleterre, des écrivains ne sont point forcés de recourir sans cesse à ces formules préservatrices; c'est qu'ils n'ont ni notre législation de la presse, ni notre jurisprudence, ni nos tribunaux. Ceux d'Angleterre ne retentissent ni des causes qui occupent les nôtres, ni des principes qu'ils étalent. (Lisez MM. de Vatismesnil et Marchangy). Les lois des Français ressemblent à ces hommes qui ont long-temps

POURQUOI LE CONCORDAT DE 1817 N'A PAS RÉUSSI.

Un grand nombre de causes ont concouru au mauvais accueil que ce concordat a reçu en France.

1o. La défiance générale qu'inspire dans ce pays tout acte religieux dans lequel on aperçoit le gouvernement ou Rome, et, à plus

porté des fers, l'empreinte de l'entrave reste. Cela se fait remarquer dans Montesquieu, que l'on voit, dans l'Esprit des Lois, occupé de sa sûreté, au milieu des grands intérêts qu'il traite. En vingt endroits il est réduit à dire : Je dis, je ne dis pas, je ne suis pas de tel état, et mille choses semblables dont chacune fait sentir la gêne de l'écrivain.

La Bruyère a dit il y a cent cinquante ans, qu'un homme né français et chrétien se trouve contraint dans la satire : les grands sujets lui sont défendus; il les entame quelquefois, et se detourne ensuite sur des petites choses, qu'il orne par la beauté de son style et de son génie. Voilà précisément quelle est notre position.

En comparant les monumens élevés par le gén ie français avec tout ce qu'ont fait contre lui les institutions en tout genre qui régissaient la France, on est partagé entre l'admiration de ce qu'il a produit malgré ses entraves, et le regret de ce qu'il aurait fait s'il en eût été délivré. Si jamais le génie français jouit d'une liberté véritable, on verra ce qu'il peut. Qu'on en juge par cette masse immense de talens qui, sans éducation préparatoire pour les affaires publiques, se montra dans l'assemblée constituante. Il n'y a que des enne

T. II.

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forte raison, ceux dans lesquels on les trouve tous les deux.

2o. L'apparente rétrogradation dont ce concordat présente l'image.

3°. Le choix du négociateur.

4. La rédaction à la fois vague et embrouillée de cet acte.

5°. La revendication d'Avignon.

6°. La faculté éventuelle de sévir contre des individus.

7°. La suppression indéfinie des articles organiques de 1802.

8. La lettre additionnelle et limitative écrite par M. le comte de Blaccas au nom du roi.

9°. L'augmentation des siéges épiscopaux, et leur répartition.

10°. Le choix d'une partie des évêques.

11°. Des craintes pour la perte des libertés

mis de leur pays qui puissent s'élever contre une époque qui a fourni à la France un pareil titre de gloire.

Aujourd'hui nous vivons au milieu d'hommes occupés à célébrer les charmes d'une sage liberté, c'est à dire la faculté de dire des niaiseries on peut en juger lorsqu'ils usent eux-mêmes de cette sage liberté.

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de l'Église gallicane et pour le retour des an

nates.

C'est à cet ensemble de faits qu'il faut rapporter le mouvement qui s'est manifesté contre le concordat.

DÉVELOPPEMENS.

Avant d'entrer en matière, je dois aller audevant d'une objection, ou plutôt d'une erreur qui donne naissance à l'objection.

Beaucoup d'hommes embarrassés du fond même d'une chose croient s'en délivrer en al

léguant qu'on a tort de croire, de dire, de supposer, que cela n'arrivera pas, n'est pas dans l'intention, qu'il n'y a que des jacobins, des révolutionnaires, et mille choses semblables que l'on entend tous les jours. Ici elles ne sont d'aucune application, car je ne recherche pas un droit, mais un fait; non si le public avait raison d'attacher de l'importance à ces allégations, mais si effectivement elles ont eu lieu, si on y attachait de l'importance. Voilà la seule question que j'aie à traiter. En moi se trouve un historien, et non pas un chevalier pour ou contre telle opinion. J'ai tort, si l'on peut me prouver que le public n'adressait pas ces re

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