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connaît un sujet dont on s'est éloigné pendant vingt-cinq ans. Mais qu'a fait cette petite église pour le service de la religion et pour celui de la France? elle a mis à la disposition de toutes

dans les cabinets, dans les cercles, dans les armées, dans toutes les parties de l'administration; ils se servent des moyens de pouvoir dont ils disposent, par les places qu'ils occupent partout, pour arrêter le mouvement social qui se manifeste aussi partout. Ce sont cux qui, dans quelques pays, font, tantôt sous un prétexte, tantôt sous un autre, ajourner les constitutions annoncées, promises, désirées; qui, dans d'autres, en font donner de faussées dans leurs principes on sent là des concessions arrachées par la force des choses, et non point des niveaux pris sur le droit et sur le temps. Les aristocrates de tous les pays sont représentés par les médiatisés d'Allemagne, qui font les embarras de cette contrée, qui ont fait manquer la constitution du Wurtemberg, qui ont fait fausser celle de la Bavière, et qui réclameront tant qu'ils ne resteront pas les maîtres. Ce sont les aristocrates de France, réclamant contre la loi des élections et celle du recrutement, non comme questions françaises et nationales, mais comme questions d'ordre social, de contrat social. Voilà ce qu'il faut bien entendre pour se faire une idée juste de ce qui se passe en Europe. Elle est divisée, comme le fut Rome, en patriciens et en plébéiens: la différence entre elles est qu'à Rome on se combattait au nom d'intérêts personnels, et en Europe au nom d'ordre social. La civilisation et les gouvernemens représentatifs préviendront le retour des Marius et des Sylla. Le remède est là,

les deux ses anathèmes, et les loisirs de sa longue oisiveté. Mais peut-être a-t-elle soutenu plus de combats que les autres ; peut-être reparait-elle en France comme les athlètes de Nicée revenaient du fond des déserts peuplés par eux? sans doute elle le croit; mais, en y regardant de près, on n'aperçoit que les cicatrices communes à tous; on trouve que pendant que la grande Eglise portait le poids de la chaleur et du jour, relevait les temples, rassemblait des générations de lévites, combattait Napoléon, subissait ses prisons, ses exils, enfin employait ses efforts à rallumer le flambeau de David prêt à s'éteindre, que, de son côté, cette petite Église bornait ses travaux au dehors, à subir les rigueurs des pensions de l'Angleterre, au dedans, à supporter celles des budjets de Napoléon, car, jusqu'au 31 mars, c'est tout ce que l'on a connu d'elle. Vient-elle rappeler parmi nous l'éminence des dons qui éclataient dans Fénélon et dans Bossuet? peut-être est-il meilleur pour elle de regarder du côté des titres qui peuvent lui valoir des respects. Joignez à cela les ravages du temps, la différence qu'une longue séparation a dû mettre entre les idées et le langage d'hommes vivans dans d'au

tres climats et sous d'autres cieux, et vous serez à portée d'apprécier ce qui, dans les uns, se trouvait propre à gouverner les autres. A cette époque, l'opinion de cette Église, semblable à celle du parti qui lui correspondait, était de considérer la France comme un pays également odieux au ciel et à la terre, hors de la loi de Dieu et des hommes, qui avait besoin d'être purifié et soumis à des quarantaines religieuses aussi strictes que les quarantaines civiles que d'autres hommes lui réservaient; car telles étaient les couleurs sous lesquelles on se complaisait à peindre la France. Il s'était formé parmi un trop grand nombre d'hommes une singulière opinion: c'est que la France devait être régénérée par le clergé ; que pour cela il fallait le multiplier beaucoup, lui remettre la jeunesse, et lui attribuer la grande part dans l'influence politique. D'un côté, on appelait les jésuites, comme de l'autre on invoquait les Cosaques et les Suisses. On versait sur la France des légions de missionnaires, hommes vénérables par leurs vertus ecclésiastiques, mais qui, dans leur pieux égarement, s'en vont semant la division partout, changeant les temples en arènes pour des par

tis, et laissant après eux le long mal des discordes civiles en compensation du bien passager du renouvellement de quelques pratiques religieuses; depuis lors, on a vu ces hommes parcourir la France comme ils feraient les rivages inconnus de l'Afrique ou de l'Amérique qui n'ont pas encore été honorés du signe sacré du christianisme, et planter la croix comme une chose nouvelle dans un pays où elle brille à tous les yeux, depuis le sommet des édifices qui couronnent nos cités, jusqu'aux retraites les plus obscures des plus obscurs hameaux. Au moment de la restauration, le régime convenable à la France, suivant tout ce parti, était celui desmissions du Paraguay. Les Français devaient être conduits comme des Guaranys.

Alors éclata un empressement bien intempestif pour le retour de certaines pratiques écartées depuis long-temps des yeux; alors encore parurent des règlemens conçus dans le même esprit, mais dans une opposition directe à celui qui prévalait dans le public.

Avec une direction aussi prononcée, il était bien difficile que le clergé échappât à une fausse marche. Il n'y eut plus moyen d'en dou ter avec ce qui suivit.

Depuis 1801, le clergé n'avait eu à traiter qu'avec le ministre des cultes. Matériel et personnel, tout ressortait de lui.

Ici il y eut division. Le matériel fut attribué à une direction particulière. Le personnel, et c'était là l'important, fut remis à M. le cardinal de Périgord. Aussitôt vint se grouper autour de lui tout ce qui arrivait du dehors, avec ce qui sortait des retraites de l'intérieur ou bien qui aspirait à diriger. Dès lors on vit clairement ce qui arriva depuis.

En se rappelant que la France est soumise pour son bonheur au gouvernement représentatif, on se demandait comment une administration quelconque, afférente aux intérêts publics, rétribuée de quelque partie des deniers publics, pouvait être remise à des agens non-responsables; cela reportait à la feuille des bénéfices qui n'a pas son analogue dans le gouvernement représentatif. Il serait à propos de s'entendre et se tenir de tous points au gouver nement dans lequel on vit.

suffisait

pour

Si la noblesse de la conduite et des manières correspondante à celle du nom, rendre un homme propre aux affaires, elles viendraient se placer comme d'elles-mêmes dans les

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