Page images
PDF
EPUB

10 fr. un fromage glacé ; nous lui en fîmes le décompte ; et cette dame conclut que, quand on voulait faire à son entremet, l'économie d'une tourte de frangipane, on pouvait donner, au dessert, un fromage à la glace.

:

Etablissons la dépense avec notre maîtresse de maison ceci va donner lieu à une petite digression; on nous la pardonnera, si elle est utile. D'abord il n'en coûtera pas une pinte de crême douce. Substituons à la crême douce le dernier lait de la traite. Ceci n'est qu'entre nous et la maîtresse de maison ; laissons-le ignorer à la fille de basse-cour.

Prend-on de la crême au-dessus du lait ? c'est troubler les terrines; et quand la maîtresse se plaint du peu de beurre, on s'excuse sur ces levées de crême. Il y a un moyen d'enlever ce prétexte aux abus, c'est de se réserver la dernière portion de la traite, une tasse, un bol, selon la quantité voulue. Cette dernière portion est à-peu-près tout crême : en effet, qu'on sépare la traite en trois parties, la première ne présente que quelques lignes de crême, la seconde un pouce, et la troisième une dose beaucoup plus épaisse. Cela se conçoit aisément le lait, dans les

tétines, se comporte de même que dans les terrines; c'est-à-dire, que la partie butireuse, la crême, étant spécifiquement plus légère, se tient à la surface; en sorte que la dernière portion de la traite est crême.

Profitons de la circonstance et donnons aux femmes le conseil de préférer, sous les rapports de santé, cette portion de la traite à de la crême, pour leur thé et leur café, parce que contenant un peu de lait, qui est susceptible de se coaguler, la digestion du déjeûner en sera bien plus facile; car on ne digère le lait qu'autant qu'il se coagule, qu'il se caille promptement dans l'estomac.

Beaucoup de gens ont à se plaindre de l'usage du café au lait, et sur-tout à la crême, principalement les femmes à la plupart desquelles il occasionne une indisposition particulière au sexe, et cela parce que le café empêche lait et crême de se cailler; en sorte que c'est, pour chaque matinée, une indigestion ou du moins une digestion très-laborieuse. L'inconvénient est moindre aux déjeûners à la fourchette, dans lesquels on associe le café au lait à d'autres alimens.

Cette observation convertira-t-elle beaucoup d'estomacs accoutumés à prendre le café

seul, et à subir, chaque jour, par habitude une indisposition? Je le désire. Toutefois si cela n'est pas possible, indiquons un moyen de prévenir la contrariété qu'on éprouve, plus particulièrement en été, de voir le déjeûnertourner. On remédie à cet inconvénient, par le mélange, à l'avance, du café nouvellement fait et de la crême douce, ou de cette portion dernière de la traite. Ainsi mélangé, le café se conserve pendant deux et trois jours avec la crême, même dans les chaleurs caniculaires. Quand on vit à la campagne, on peut apporter son café tout prêt et même sucré, pour le chauffer au bain-marie. Je voulais opérer des conversions, et je séduis.

Revenons à la dépense d'un fromage à la glace. Une pinte de lait de dernière traite privera-t-elle d'une demi-livre de beurre ? c'est tout au plus :

Estimons-la,

huit œufs,

une livre de sucre de raisin

6 s.

6

(s'il a été préparé à la maison,) 8

le sel, le charbon,

I

Si la glace est à la glacière. Voilà un fro

mage glace assez volumineux, pesant plus de trois livres, dont la valeur intrinsèque est à-peu-près de 1 liv. 5 s. Quel est le plat qui coûte meilleur marché? et y a-t-il mets plus agréable à servir sur la table du Propriétaire rural?

Pour le glacier, la valeur peut être sextuplée; ce n'est pas encore le sucre de raisin qu'il emploie, et ce qui ne se calcule pas à la maison,devient très-coûteux pour le fabricant. Cette réflexion doit s'appliquer à tous les procédés que j'indique être si économiques dans le ménage des champs; la valeur du principal n'est rien en raison de celle des accessoires. Et cette comparaison devient un des plus puissans argumens en faveur de l'économie domestique, qui souvent s'impose des privations, lorsqu'elle pourrait aisément multiplier ses jouissances. Ce n'est que dans les maisons économes que règne ce genre d'honorable aisance qui a l'air de la prodigalité.

Glaces à la neige. En hiver, par les tems de neige, on y mêle notre sirop et on a des glaces à la groseille excellentes, et, comme on voit, très-économiques; trois cuillerées bouche de gelée font la tasse de glace.

GLACIÈRE ÉCONOMIQUE.

Si la maîtresse de maison n'a point de glacière, elle ne pourra faire de glaces qu'en hiver; mais elles sont beaucoup plus agréa bles l'été. Donnons-lui donc un moyen facile de conserver la glace qui recouvre, pendant l'hiver, son étang ou les eaux voisines de son habitation; établissons chez elle une glacière économique. C'est à M. Bélanger, architecte, que nous devons l'invention de cet appareil, et nous allons rapporter ici textuellement la description qu'il nous en a donnée.

« Je vous transmets les résultats des expé>> riences que j'ai faites sur la glacière éco» nomique, de laquelle j'ai infiniment à me >> louer.

>> Voici l'exposé exact de mon opération. » Je m'étais procuré une tonne qui avait » servi à transporter de l'huile de Marseille » à Paris, on en trouve par-tout; elles sont >> cerclées avec des cerceaux de fer ; je » l'ai fait défoncer par en haut; par le bas, » j'ai pratiqué au milieu un trou de l'ouver»ture d'un bouchon de liége.

» J'ai introduit dedans une tinette de bois

« PreviousContinue »