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dant on ne s'astreindra point à avoir le thermomètre à la main : l'expérience y supplée, et les Ménagères se trompent peu à la chaleur du four.

On dessèche les plantes, les feuilles et les sommités à un courant d'air sec et chaud. Par un tems humide et froid la plante s'altère, noircit, et perd ses propriétés. Les fleurs se dessèchent à l'ardeur du soleil ; on peut même se dispenser de les recouvrir d'une toile ou de papier : on les étend en un lit mince, sur des tamis ou des claies. Les fleurs de violette, de mauve, etc., la rose, qu'on dessèche à l'ombre, s'étiolent; elles perdent leur couleur ; les fleurs blanches, telles que celle de sureau, y noircissent, etc., etc. Ainsi donc, le conseil qui prescrit d'opérer la dessiccation à l'ombre est en contradiction avec cet autre principe: que la meilleure manière de dessécher est la plus prompte. Cela est applicable à tout; les étoffes, le linge veulent un grand air et un beau soleil.

Les substances farineuses, la châtaigne ; les substances dont l'amande est huileuse > l'amande, la noix, la noisette, doivent être séchées dans le grenier, au soleil, sur un plancher ou sur des claies, et non pas sur

l'aire,

l'aire, où se condense l'humidité de la nuit. Il faut, en général, soustraire à cette atmosphère de la nuit les substances à dessécher car, pendant une nuit humide, elles reprennent souvent plus d'eau qu'elles n'en ont perdu.

Les racines potagères pulpeuses et succulentes demandent de 25 à 30 degrés pour ne pas languir à la dessiccation.

Enfin les graines céréales, surprises au moment de la récolte par des pluies et qu'on moissonne dans un état d'humidité qui nuirait à leur conservation, ainsi que les blés noirs qu'il a fallu laver, exigent les mêmes degrés de 25 ou 30; alors il faut recourir à la chaleur du four ou d'une étuve; car, à cette époque tardive, le soleil n'a plus assez de force pour opérer la dessiccation de ces grains.

Des effets de la dessiccation.

LA dessiccation est aussi un grand moyen de maturité; c'est-à-dire qu'elle sert à combiner les principes, et souvent à donner des résultats qu'on n'obtiendrait pas de la substance verte; c'est ainsi que les amandes des fruits à noyau deviennent, par la dessicca

tion, propres à donner de l'huile : on n'en extrait pas une goutte d'une livre d'amandes fraîches, et sèches on en obtient moitié de leur poids.

La bouse de vache, qui sûrement ne flatte pas l'odorat, lentement desséchée sur le pré, acquiert une odeur infiniment agréable; on ferait de cette poudre un sachet aromatique : il y a plus, dans cet état de dessiccation qui la rend pulverulente, si on la distille avec de l'eau-de-vie, on en obtient un alcohol trèsparfumé, et qui, mêlé avec la proportion de sirop qu'exigent les ratafias, fait une excellente liqueur, à laquelle on a donné le nom d'eau de mille fleurs.

Si tel est l'effet de la dessiccation sur des matières excrémentielles, on conçoit tout ce qu'elle peut opérer sur les substances végétales, et combien elle doit influer sur leur goût et leurs propriétés; aussi sont-ce des plantes desséchées que la pharmacie emploie de préférence dans la préparation des extraits médicinaux, etc., etc.

DES MOYENS DESSICCATEURS.

LES moyens employés à la dessiccation sont naturels ou artificiels. Les premiers sont l'air ou le soleil; les seconds, le four ou l'étuve.

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L'air. Dans les contrées méridionales sur-tout par un tems chaud et un vent sec, l'air suffit à la dessiccation lorsqu'elle n'exige pas plus de 20 à 25 degrés.

Le soleil. Dans les régions tempérées, l'exposition au soleil du printems et de l'été suffit également; mais si le tems n'est pas constant, si le ciel se couvre, et que l'atmosphère se refroidisse, alors la dessiccation languit, la substance à dessécher souffre, et il faut, de nécessité, recourir aux moyens artificiels.

Le four. On laisse refroidir le four après en avoir retiré le pain; quand il n'a plus que 40 degrés, on y expose la substance à dessécher sur l'âtre même, ou sur des claies. La présence de la substance à dessécher, en absorbant du calorique, diminue l'intensité de la chaleur.

Le dessus du four.-L'économie domes

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tique tirerait un parti avantageux d'un dessus de four, c'est-à-dire, d'une chambre construite au-dessus de la voûte, et de trois à quatre pieds de hauteur, les parois du mur garnies intérieurement de planches; entre les planches et le mur, on laisserait un pouce de vide, ou rempli de charbon; par ce moyen, on conserverait dans cette chambre toute la chaleur, parce que le bois, ainsi que le petit mur d'air ou de charbon, qui isolerait les planches du mur, ne sont pas conducteurs du calorique.

Du four étuve. — On pourrait même envelopper de la sorte la totalité du four jusqu'à la hauteur de son autel : par ce moyen, profitant de la chaleur des parties latérales et de la voûte, on aurait une étuve très-économique; indépendamment de ce que cette enveloppe du four s'opposant à la déperdition du calorique, on consommerait beaucoup moins de bois, et on conserverait sa chaleur pendant plusieurs jours de suite; cette étuve, à l'époque de la dessiccation des fruits, ne refroidirait pas, et elle n'exigerait que très-peu de combustible pour reprendre ses 35 à 40 degrés nécessaires pour la dessiccation des fruits. C'est en rédigeant cet

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