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ce bourrelet partent de petites racines. Ce qui révèle cette autre fonction de la sève ascendante, savoir: de faire les racines, auxquelles elle retourne par les canaux de l'écorce; car on vient de voir que c'est elle qui fait le fruit; quelquefois les deux lèvres se rapprochent et rétablissent la communication.

De son application au sarment
de la vigne.

LA section annulaire peut plus encore. On emploie avec un succès singulier cette opération pour féconder une vigne stérile, c'està-dire, dont la fleur coule.

Toutefois arrêtons-nous : car ce n'est plus ici de l'économie domestique, mais bien de la physiologie végétale.

ACCÉLÉRATION DE LA MATURITÉ
DE LA FIGUE.

Il y a la caprification: mais cette opération appartient à la culture, qui assure la fécondation en même tems qu'elle contribue à la beauté et à la bonté de la figue; un moyen beaucoup plus simple, et que les cultiva

teurs d'Argenteuil emploient pour accélérer la maturité de la figue, c'est d'en piquer ou seulement d'en toucher l'œil avec, non pas une goutte, mais un atôme de bonne huile d'olive. La figue gagne dix à douze jours sur sa maturité.

PROLONGATION

De la durée des fruits.

Nous venons d'indiquer le moyen d'accélérer la maturité; apprenons comment on peut la retarder et prolonger la jouissance des fruits.

sacs,

Du raisin. On enferme les raisins dans des avec l'attention d'en tordre et d'en étrangler la queue avec le fil dont on les noue, pour ralentir leur maturité de végétation, et la convertir en maturité d'expectation.

Du raisin par marcotte. On a des pots de terre entaillés par le côté et moitié de leur fond; on y fait passer un sarment de vigne chargé de fruit; on courbe ou l'on fait une légère lésion à la base de la portion du sar

ment empoté. On remplit le pot de bonne terre qu'on a soin de mouiller de tems en tems; on l'assujétit solidement et on le laisse dans cet état.

Ce raisin devient très-beau; mais il mûrit plus tardivement. A l'époque des gelées on détache la marcotte de son maître brin en la coupant à raz du fond du pot.

On porte ces pots dans la serre; il y a continuité de végétation; la courbure ou une légère section faite à la base du sarment, produit le double effet de faire tourner la sève descendante au profit du fruit, ainsi que de former un chevelu à cette même base; en sorte qu'on peut, au printems suivant, remettre en terre ce plant enraciné, ce que le vigneron appelle marcotte. Crossette est le nom du sarment non enraciné.

Dans l'arrière-saison, on sert ces pots sur la table; le raisin, encore garni de feuilles, a toute sa fraicheur automnale. Ce procédé assure, à-peu-près pour l'année, la jouissance du raisin qu'enfin on détache du cep, quand cela est indiqué. Ce raisin attend celui de la Magdelaine, qui est l'espèce la plus précoce. Joindre ainsi les deux bouts de l'année, tel est le but d'une bonne et sage éco

nomie. C'est par ce procédé que le roi Stanislas prolongeait la durée du raisin.

De la prune. On prolonge la jouissance des fruits charnus, mais sur-tout de la prune, en la cueillant à mi-maturité, et en la déposant dans une glacière, une laiterie, enfin, dans un lieu très-frais, où elle acquiert Tentement sa maturité secondaire ; c'est ainsi qu'on voit reparaître la prune dans les marchés quinze jours ou trois semaines au-delà du terme où le prunier a été dépouillé de tout son fruit.

De la groseille. C'est en empaillant le groseiller au moment de la prochaine maturitë du fruit, qu'on le conserve; abrité des rosées, de la chaleur du soleil, même de la lumière, qui aussi contribue à mûrir, sa maturité complète est infiniment retardée, et on cueille de ces groseilles bien fraîches, et surtout bien mûres, jusqu'au moment des gelées; cette lente maturité d'expectation a combiné son acide, et la groseille aussi a fait son sucré ; car l'acide est le premier principe de la matière sucrée.

Des poires et pommes d'hiver. On gagne à-peu-près un tiers sur le tems d'expectation

au fruitier, en en retirant le fruit et l'exposant à la douce température de l'office ou d'appartemens échauffés ; on met, dans une corbeille, le fruit environné de mousse, et de papier Joseph pour le bon-chrétien d'hiver, dont le pelage est sujet à noircir à l'air ; le toucher et l'odorat indiquent la maturité. Par ce moyen on hâte ses jouissances, et on prévient cette maturité qui frappe tout à-la-fois les fruits.

MATURITÉ ACCIDENTELLE.

La même espèce de fruit ne mûrit pas tou jours en même tems au fruitier; ceux qui ont éprouvé des accidens, la piqûre du ver, la meurtrissure, les fruits même qui se touchent, mûrissent les premiers ; si on n'y met` pas de la surveillance, ils se tachent, s'altèrent, et c'est du fruit qui ne tarde pas à pourrir.

Aussi y a-t-il beaucoup de maisons où l'on ne sert sur table, dans la réunion de la famille, que de ces fruits hasardés. Il faut manger ces poires, ces pommes, dit la Ménagère, parce qu'elles commencent à se gâter, et tel enfant de ces familles-là ne mange

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