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POÉSIES

L'ÉTOILE DU BERGER

LE BERGER.

Etoile du berger, si tu voulais m'entendre,
Toi qui brilles là-haut comme un pur diamant,
Où mon ceil n'atteint pas ton regard peut descendre;
Par cette belle nuit tu verras clairement.....

L'ÉTOILE.

Je vois plusieurs pays..... Lequel regarderai-je ?

LE BERGER.

Le pays au delà des étangs.

L'ÉTOILE.

J'aperçois

Un chemin déroulé comme un ruban de neige.
Il sort d'une colline et se perd dans les bois.....

LE BERGER.

Mais pour aller plus loin.

L'ÉTOILE.

Oui. Le voilà qui marche

En plaine, par les champs de trèfle voyageant.
Après un long détour il saute un pont d'une arche
Où dans les joncs miroite une source d'argent.
Là, je dois m'arrêter le chemin a deux branches.

LE BERGER.

Prends celle qui descend dans le creux d'un ravin.

L'ÉTOILE.

Sous de vieux châtaigniers j'y vois des maisons blanches
Qui grimpent au hasard........... j'en compte quinze ou vingt.
Tout le village dort.

LE BERGER.

Va jusqu'à la dernière.

Dis-moi si les volets ne sont pas entr'ouverts.

L'ÉTOILE.

Aux fenêtres d'en haut passe un fil de lumière.

LE BERGER.

Et ton regard discret, que voit-il à travers ?

L'ÉTOILE.

Une fille aux bras nus, songeuse, ouvre l'oreille
(Les cheveux dénoués, oubliant son miroir)
Au couplet printanier du rossignol qui veille,
Lui chantant le secret de son cœur sans la voir.

Avril épanouit tout son luxe autour d'elle,
Mariant, pour lui plaire, et couleur et parfum,

Fleurs des bois, fleurs des prés, fleurs des eaux... Mais la belle
Pour qui sont les bouquets n'en regarde pas un.

Je devine pourquoi. La fleur qu'elle respire
Est dans sa gorge brune et tout près de son cœur.
L'amoureuse lui donne un baiser.

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ORGUEIL VAINCU

Que m'avez-vous dit, mon cher ange, En me trouvant à travailler?

« Vous écriviez, je vous dérange. » Oh! que c'est mal de me railler.

A-t-on jamais vu la rosée,
A l'heure du couchant vermeil,
S'excusant de s'être posée
Sur le pré brûlé de soleil?

A-t-on jamais vu que l'étoile
A la nuit demandat pardon,
Que la rose se mît un voile,
Pour laisser fleurir le chardon?

Si vous saviez, toute la prose
Et tous les vers, combien c'est peu
Près du bout de votre ongle rose,
Près de votre moindre cheveu !

Que c'est peu, consumer sa vie

Pour sembler plus fort ou plus grand A cette foule ayant l'envie,

Sans avoir l'âme qui comprend;

Que c'est peu, combiner des phrases,
Mêler des sons et des couleurs,
Pour qu'ils fassent de vos extases
Ce que les herbiers font des fleurs ;

Que c'est peu, farouche et livide,
Chercher si loin et chercher tant
La gloire, cette écorce vide,
L'immortalité, cet instant!

Et comme c'est l'ivresse ent ière,
Le vrai bonheur, l'orgueil profond,
Avoir vos regards pour lumière,
Avoir pour appui votre front!

Revenez donc, sans prendre garde
A la stérile œuvre d'un fou;
Revenez pour que je regarde
La dentelle sur votre cou.

Il est mieux d'aimer que d'écrire.
Ce que tout livre a pour vainqueur,
De vos lèvres c'est le sourire,
Et c'est l'amour de votre cœur.

ARMAND RENAUD.

TRAVAUX

DES

ACADÉMIES ET DES SOCIÉTÉS SAVANTES

SCIENCES HISTORIQUES ET ARCHÉOLOGIQUES

VII

L. RENIER, Inscriptions de la Dobroudcha (dans C. Allard, la Bulgarie orientale. Paris, 1864.) Prosper BIARDOT, Explication du symbolisme des terres cuites grecques de destination funéraire. Paris, 1864. J.-P. ROSSIGNOL, Les Métaux dans l'antiquité : origines religieuses de la métallurgie; de l'orichalque. Paris, Durand. 1863. — C. WESCHER et P. FOUCART, Inscriptions recueillies à Delphes. Paris, 1863. - Th. MOMMSEN, Histoire romaine, traduite par M. A. Alexandre, t. ler. Paris, Hérold, 1863.Annales de l'Institut archéologique de Rome. 1862.

La Revue archéologique du mois d'avril, en préconisant le livre de M. Allard sur la Bulgarie orientale, déclare que « l'on aimera surtout à y trouver une explication des inscriptions, faite de main de maître, par M. Léon Renier. » Ces mots « de main de maître » étaient certainement superflus, car tout ce que fait M. Léon Renier est un chef-d'œuvre. Autrefois, on a prétendu que ce savant épigraphiste n'avait pas toujours des notions très justes de la grammaire, ni de la métrique, ni enfin de toutes les choses élémentaires qui font l'apanage d'un élève de lycée. Pures calomnies que je n'ai garde de répéter. La valeur des travaux de M. Renier est incontestable, et je saisis avec plaisir cette nouvelle occasion de prouver combien il y a de distance entre notre humble savoir et la surprenante habileté du maître. Dans l'embarras du choix, je prends au hasard trois de ses tours de force, exécutés, pages 285-295 du livre

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