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qu'il n'en entre dans la composition du suffisant, font l'important.

Pendant qu'on ne fait que rire de l'important, il n'a pas un autre nom: dès qu'on s'en plaint, c'est l'arrogant. (La Bruyère, Caract. ch. 12.) 4. GLORIEUX. FIER. AVANTAGEUX.

ORGUEILLEUX.

* Le glorieux n'est pas tout-à-fait le fier, ni l'avantageux, ni l'orgueilleux. Le fier tient de l'arrogant et du dédaigneux, et se communique peu. L'avantageux abuse de la moindre déférence qu'on a pour lui. L'orgueilleux étale l'excès de la bonne opinion qu'il a de lui-même. Le glorieux est plus rempli de vanité; il cherche plus à s'établir dans l'opinion des hommes; il veut réparer par les dehors ce qui lui manque en effet.

Le glorieux veut paroître quelque chose. L'orgueilleux croit être quelque chose. (Encycl. VII. 716.) L'avantageux agit comme s'il étoit quelque chose. Le fier croit que lui seul est quelque chose, et que les autres ne sont rien. (B.)

5. SOT. FAT. IMPERTINENT.

* Ce sont-là de ces mots que dans toutes les langues il est impossible de définir, parce qu'ils renferment une collection d'idées qui varient suivant les mœurs dans chaque pays et dans chaque siècle, et qu'ils s'étendent encore sur les tons, les gestes et les manières. Il me paroît en général que les épithètes de sot, de fat, et d'impertinent, prises dans un sens aggravant, n'indiquent pas seulement un défaut, mais portent avec soi l'idée d'un vice de caractère et d'éducation.

Il me semble aussi que la première épithète attaque plus l'esprit; et les deux autres, les manières. C'est inutilement qu'on fait des leçons à un sot; la nature lui a refusé les moyens d'en profiter. Les

discours les plus raisonnables sont perdus auprès d'un fat; mais le temps et l'âge lui montrent quelquefois l'extravagance de la fatuité. Ce n'est qu'avec beaucoup de peine qu'on peut venir à bout de corriger un impertinent.

Le sot est celui qui n'a pas même ce qu'il faut d'esprit pour être un fat. Un fat est celui que les sots croient un homme d'esprit. L'impertinent est une espèce de fat enté sur la grossiéreté.

Un sot ne se tire jamais du ridicule; c'est son caractère. Un impertinent s'y jette tête baissée, sans aucune pudeur. Un fat donne aux autres des ridicules, qu'il mérite encore davantage.

Le sot est embarrassé de sa personne. Le fat a l'air libre et assuré; s'il pouvoit craindre de mal parler, il sortiroit de son caractère. L'impertinent passe à l'effronterie.

Le sot, au lieu de se borner à n'être rien veut être quelque chose au lieu d'écouter, il veut parler; et pour lors il ne sait et ne dit que des bêtises. Un fat parle beaucoup, et d'un certain ton qui lui est particulier : il ne sait rien de ce qu'il importe de savoir dans la vie, s'écoute et s'admire il ajoute à la sottise la vanité et le dédain. L'impertinent est un fat qui pèche en même temps contre la politesse et la bienséance; ses propos sont sans égard, sans considération, sans respect; il confond l'honnête liberté avec une familiarité excessive; il parle et agit avec une hardiesse insolente: c'est un fat outré.

Le fat lasse, ennuie, dégoûte, rebute l'impertinent rebute, aigrit, irrite, offense; il commence où l'autre finit. (La Bruyère, Caract. ch. 12. Encycl. XV. 383.

Tel est devenu fat à force de lecture,

Qui n'eût été qu'un sot en suivant la nature.

DU RESNEL.

6. EFFRONTÉ. AUDACIEUX. HARDI.

Ces trois mots désignent en général la disposition d'une ame qui brave ce que les autres craignent. Le premier dit plus que le second, et se prend toujours en mauvaise part; et le second dit plus que le troisième, et se prend aussi presque toujours en mauvaise part.

L'homme effronté est sans pudeur; l'homme audacieux, sans respect ou sans réflexion; l'homme hardi, sans crainte.

La hardiesse avec laquelle on doit toujours dire la vérité, ne doit jamais dégénérer en audace, et encore moins en effronterie.

Hardi se prend aussi au figuré une voûte hardie. Effronté ne se dit que des personnes ; hardi et audacieux se disent des personnes, des actions et des discours (a). ( Encycl. V. 412.)

(a) Voyez Tome I, article 373.

7. ABDIQUER. SE DÉMETTRE. * C'est en général quitter un emploi, une charge abdiquer ne se dit guère que des postes considérables 2 et suppose de plus un abandon volontaire ; au lieu que se démettre peut être forcé, et peut s'appliquer aux petites places comme aux grandes. (Encycl. IV. 809.)

Christine, reine de Suède, abdiqua la couronne. Edouard II, roi d'Angleterre, fut forcé à se démettre de la royauté. Philippe V, roi d'Espagne, s'en démit volontairement en faveur du Prince Louis, son fils. Tel se déshonore en se faisant donner ordre de se démettre d'une charge, qui pouvoit se faire honneur d'une démission spontanée (a). (B.) (a) Voyez tome I, article 335.

8. RENONCIATION. RENONCEMENT.

La désappropriation est l'effet de l'un et de

l'autre, et tous deux sont des actes volontaires : voici en quoi ils diffèrent.

Renonciation est un terme d'affaires et de jurisprudence; c'est l'abandon volontaire des droits que l'on avoit ou que l'on prétendoit sur quelque chose. Renoncement est un terme de spiritualité et de morale chrétienne: c'est le détachement des choses de ce monde et de l'amour-propre.

La renonciation est un acte extérieur, qui ne suppose pas toujours le détachement intérieur. Le renoncement, au contraire, est une disposition intérieure, qui n'exige pas l'abandon extérieur des choses dont on se détache.

La profession de la vie religieuse exige dans l'intérieur un renoncement entier de soi-même, et de toutes les choses de ce monde, et emporte par le fait la renonciation à tous les droits de propriété que l'on pouvoit avoir avant la prononciation des voeux. (B.)

9. EMBLÈME. DE VIS E.

L'un et l'autre est la représentation d'une vérité intellectuelle par un symbole sensible, accompagnée d'une légende qui en exprime le sens.

Ce qui distingue l'emblème de la devise, c'est que les paroles de l'emblème ont toutes seules un sens plein et achevé, et même tout le sens et toute la signification qu'elles peuvent avoir avec la figure; ce qui n'est pas vrai des paroles de la devise, qui ne s'entendent bien que quand elles sont jointes à la figure.

On ajoute encore cette différence, que la devise est un symbole déterminé à une personne, ou qui exprime quelque chose qui la concerne en particulier; au lieu que l'emblème est un symbole plus général. L'emblème suppose souvent une comparaison entre des objets de même nature:

la

la devise porte sur une métaphore, et souffre que les objets comparés soient de nature différente. (B.)

10. ACTEUR. COMÉDIEN.

Dans le sens propre, on nomme ainsi ceux qui jouent la comédie sur un théâtre, mais il n'est pas vrai, comme le dit le P. Bouhours (a), que dans ce sens ces deux mots aient absolument la même signification.

Acteur est relatif au personnage que représente celui dont on parle; comédien est relatif à sa profession. Des amis rassemblés pour s'amuser entr'eux, jouent sur un théâtre domestique un drame dont ils se partagent les rôles : ils sont acteurs, puisqu'ils ont chacun un personnage à représenter; mais ils ne sont pas comédiens puisque ce n'est pour eux qu'un amusement momentané, et non pas une profession consacrée à l'amusement du public. Les jeunes gens qu'une institution un peu plus que gothique fait monter sur les théâtres de college, sont acteurs et ne sont pas comédiens; mais quelques-uns, qui sans cela seroient peut-être devenus d'habiles avocats de bons médecins, de pieux ecclésiastiques, sont devenus de mauvais comédiens, pour avoir été au collége de pitoyables acteurs encouragés par des applaudissements imbécilles.

Dans le sens figuré, ces deux termes conservent encore la même distinction à beaucoup d'égards. Acteur se dit de celui qui a part dans la conduite, dans l'exécution d'une affaire, dans une partie de jeu ou de plaisir ; comédien, de celui qui feint bien des passions, des sentiments qu'il n'a point, dont la conduite est dissimulée et artificieuse. Le premier terme se prend en bonne (a) Rem. nouv. tome J.

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