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somption de l'homme décidé; et nous méprisons l'indécis, qu'une puérile défiance de soi-même arrête.

L'irrésolu aime qu'on le tire de son irrésolution; il sent que c'est foiblesse, il se condamne ; l'indécis résiste au contraire quand on veut le retirer de son indécision; il la prend souvent pour prudence, il s'en applaudit.

Il faut exciter, piquer, aiguillonner, entraîner. l'irrésolu; il faut éclairer, instruire, presser, convaincre l'indécis.

Pour déterminer l'indécis, il faut avoir de l'autorité sur son esprit pour déterminer l'irrésolu, il faut avoir un certain empire sur son ame.

que

Il est plus difficile de mener l'indécis l'irrésolu il seroit peut-être moins aisé de corriger l'irrésolu que l'indécis.

Le terme d'indécis peut être appliqué aux choses; l'épithète d'irrésolu ne convient qu'aux personnes. (M. l'abbé Roubaud, Mercure de France, Oct. II, vol. 1759.)

185. IRRÉSOLUTION. INCERTITUDE.

PERPLEXITÉ.

L'irrésolution est une timidité à entreprendre ; l'incertitude, une irrésolution à croire; la perplexité, une irrésolution inquiète. (Connoissance de l'esprit humain, page 121.)

186. COSMOGONIE. COSMOGRAPHIE.

COSMOLOGIE.

*Si l'exactitude dans les sciences est de première nécessité, on doit regarder du même œil la précision dans les termes qui leur sont propres, et la justesse dans le langage didactique. Cette remarque suffit pour justifier l'association que je fais des synonymes de cet article, avec les autres qui remplissent cet ouvrage. Mais si l'on pense que

l'esprit philosophique, qui gagne de jour en jour, met le langage commun dans le cas d'emprunter des expressions de celui des sciences et des arts; si l'on prend garde que l'un des plus sûrs moyens de perfectionner et de fixer la langue, c'est d'en bien déterminer tous les usages, soit généraux, soit particuliers; si l'on regarde cette édition, conformément à mes vues, comme un essai qui peut servir à élever ce monument à la gloire nationale ; on trouvera peut-être que j'aurois pu et dû expliquer un plus grand nombre de termes didactiques. (B.)

La cosmogonie est la science de la formation de l'Univers. La cosmographie est la science qui enseigne la construction, la figure, la disposition et le rapport de toutes les parties qui composent l'Univers. La cosmologie est proprement une physique générale et raisonnée, qui, sans entrer dans les détails trop circonstanciés des faits, examine, du côté métaphysique, les résultats de ces faits mêmes; fait voir l'analogie et l'union qu'ils ont entre eux, et tâche par là de découvrir une partie des loix générales, par lesquelles l'Univers est gouverné (a).

La cosmogonie raisonne sur l'état variable du monde dans le temps de sa formation; la cosmographie expose dans toutes ses parties et ses relations l'état actuel de l'Univers tout formé; et la cosmologie raisonne sur cet état actuel et permanent. La première est conjecturale; la seconde, purement historique; et la troisième, expérimentale.

De quelque manière qu'on imagine la formation du monde, on ne doit jamais s'écarter de

(a) Ces trois mots ont pour racine commune le nom grec cosmo (monde). Ajoutez-y ge nomai ( je nais) pour le premier; grapho ( je décris pour le second; et logos (discours, raisonnement) pour le troisième : voilà les trois étymologies complettes. (B.)

deux grands principes: 1.° celui de la création ; car il est clair que la matière ne pouvant se donner l'existence à elle-même, il faut qu'elle l'ait reçue. 2.° Celui d'une intelligence suprême, qui a présidé non seulement à la création, mais encore à l'arrangement des parties de la matière, en vertu duquel ce monde s'est formé. Ces deux principes une fois posés, on peut donner carrière aux conjectures philosophiques; avec cette attention, pourtant, de ne point s'écarter dans le système de cosmogonie qu'on suivra, de celui que la Genèse nous indique que Dieu a suivi dans la formation des différentes parties du monde.

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La cosmographie, dans sa définition générale embrasse, comme l'on voit, tout ce qui est de l'objet de la physique. Cependant on a restreint ce mot, dans l'usage, à désigner la partie de la physique qui s'occupe du système général du monde. En ce sens, la cosmographie a deux parties: l'astronomie, qui fait connoître la structure des cieux et la disposition des astres; et la géographie, qui a pour objet la description de la terre.

La cosmologie est la science du monde ou de l'Univers, considéré en général, en tant qu'il est un être composé, et pourtant simple par l'union et l'harmonie de ses parties, un tout qui est gouverné par une intelligence suprême, et dont les ressorts sont combinés, mis en jeu et modifiés par cette intelligence. L'utilité principale que nous devons retirer de la cosmologie, c'est de nous élever, par les loix générales de la nature, à la connoissance de son auteur, dont la sagesse a établi ces loix, nous en a laissé voir ce qu'il nous étoit nécessaire d'en connoître pour notre utilité ou pour notre amusement; et nous a caché le reste, pour nous apprendre à douter. ( Encyclopédie, IV, 292. 293, 294.)

Les livres II et III de l'histoire du ciel, de

M. Pluche, qui occupent presque tout le second tome de cet ouvrage, comprennent des idées trèssaines et des principes excellents de cosmogonie. L'ouvrage le plus convenable au cominun des lecteurs sur la cosmographie, est l'usage des globes par Bion. M. de Maupertuis donna, il y a quelques années, un essai de cosmologie, qui paroît fait d'après les vrais principes, mais qui excita pourtant une dispute très-vive. (B.)

187. DURÉE. TEMP S.

Ces mots diffèrent en ce que la durée se rapporte aux choses; et le temps, aux personnes. On dit, la durée d'une action, et le temps qu'on inet à la faire.

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La durée a aussi rapport au commencement et à la fin de quelque chose, et désigne l'espace écoulé entre le commencement et cette fin; et le temps désigne seulement quelque partie de cet espace, ou désigne cet espace d'une manière vague. Ainsi on dit, en parlant d'un prince, que la durée de son règne a été de tant d'années, et qu'il est arrivé tei événement pendant le temps de son régne que la durée de son règne a été courte, et que le temps en a été heureux pour ses sujets. (Encyclop. V, 170.).

:

1188. DIURNE. QUOTIDIEN.

JOURNALIER.

Ces trois mots désignent tous un rapport à tous les jours, mais sous des aspects assez différents pour ne devoir pas être cofondus.

Ce qui est diurne revient régulièrement chaque jour, et en occupe toute la durée, soit qu'on entende par là une révolution entière de vingt-quatre heures, soit qu'on ne désigne que la partie de cette révolution que le soleil ou toute autre étoile est sur l'horizon.

Ce qui est quotidien revient chaque jour, mais sans en occuper toute la durée, et sans autre régularité que celle du retour.

Ce qui est journalier se répète comme les jours, mais varie de même ; il peut en occuper ou n'en pas occuper toute la durée.

Diurne est un terme didactique, parce qu'il n'appartient qu'aux sciences rigoureuses d'apprécier les objets avec l'exactitude que comporte la signification totale de ce mot. Ainsi, l'on dit en astronomie, la révolution diurne de la terre, pour désigner sa révolution autour de son axe en vingtquatre heures. Arc diurne, pour désigner l'arc que le soleil, la lune ou les étoiles décrivent ou paroissent décrire chaque jour entre leur lever et leur coucher.

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Quotidien est un terme de langage commun mais consacré à caractériser ce qui ne manque pas de recommencer chaque jour, quoiqu'acciden'tellement. C'est pour cela que dans l'oraison dominicale il est mieux de dire, notre pain quotidien', que de dire notre pain de chaque jour, parce que nos besoins, soit temporels, soit, spirituels, renaissent en effet tous les jours. «et pour marque, > dit le P. Bouhours (a), que pain quotidien est > une expression consacrée, c'est qu'elle a passé >> en proverbe, pour exprimer une chose ordi

naire, c'est, dit-on, son pain quotidien. » On appelle aussi fièvre quotidienne, une espèce de fièvre intermittente, qui vient et cesse tous les jours, et est suivie de quelques heures d'intermission.

Journalier appartient absolument au langage commun, et s'applique à toutes les autres choses qui se répètent tous les jours avec des variations accidentelles. Ainsi l'on dit, l'expérience journalière, des occupations journalières, un travail (a) Rem. nouvelles sur la langue Françoise, tome I.

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