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Pour cirer ces billets avec moins d'artifice',
Guillaume, errfanc de Choeur, prête sa main novice
Son front nouveau tondu , symbole de candeur,
Rougie en aprochant d'une honnête pudeur.
Cependant le Prélar , l'ail au Ciel, la main nuë,
Benic crois fois les noms , & trois fois les remuë.
Il tourne le bonner. L'enfant tire ; & Broncin
Eft le premier des noirs qu'aporte le Deftin.
Le Prélat en conçoit un favorable augure ,
Et ce nom dans la troupe excite un doux murmure.
On se tait , & bien-tôt on voit paroître au jour
Le nom, le fameux nom du Perruquier l'Amour.
Ce nouvel Adonis, à la blonde crinière.
Et l'unique souci d'Anne sa Perruquière.
Ils s'adorent l'un l'autre ; & ce couple charmant. ?
S'unic long-tems , dit-on, ayant le Sacremenç.
Mais depuis trois moiffons', à leur saint assemblage
L'Official a joint le nom de mariage.
Ce Perruquier superbe est l'effroi du quartier,
Et son courage est peint sur son visage altier,
Un des noms reste encore, & le Préfac par grace
Une dernière fois les brouglle & les reffaffe.
Chacun croic

que

són nom, eftle dernier des trois. Mais que ne dis-tu point ; puissant Porte-croix, Boirude , Sacristain , cher apui de con Maître , Lorsqu'aux yeux du Prélat cu vis ton nom paroître ? On dit que ton front jaune,&"ton teint fans couleurs Perdit en ce moment son ancique-pâleuk: Et que ton corps gouteux, plein d'une ardeur guer

300i“ Pour fauter au plancher, fit deux pas en arrière. A Chacun benit tout hanc l'Arbitre des Humains, Qui remet leur bon droit en de fubonnes mains.

rière,

Aufsi-tot on se lève ; & l'Assemblée en foule,
Avec un bruit confus , par les portes s'écoule.
Le Prélat refté seul calme un peu

son dépit, Et jusques au souper le couche & s'assoupit.

CHANT II.

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Cependant cet oiseau qui prône les merveilles,

Ce monstre composé de bouches & d'oreilles , Qui sans cesse volant de climats en climats , Dit par-tout ce qu'il sçait , & ce qu'il ne sçait pas. La Renommée entin , cette prompte Courrière, Va d'un mortel effroi glacer la Perruquière; Lui dit que fon Epoux, d'un faux zèle conduit , Pour placer un Lutrin doit veiller cette nuit. A ce priste recit tremblante , defolée, Elle accoạrt l'oeil en feu , la têre échévelée, Et trop sûre d'un mal qu'on pense lui celer.

Ofes cu bien encor, Traitre , diffimuler, Dit-elle ? & ni la foi que ta main m'a donnée , Ni nos embrassemens qu'a fuiyi l'Hyménée Ni ton Epouse enfin toute prête à périr , Ne sçauroient donc t’Qcer cette ardeur de courir 3.Perfide , fi du moins , à ton devoir fidelle, Tu veillois pour orner quelque tête nouvelle ; L'espoir du jufte gain consolant ma langueur , Pouirroit de con absence adoucir la longueur. Mais quel zèle indiscret , quelle aveugle entreprise Arme aujourd'hui ton bras en faveur itune Eglise Où vas-tu , cher Epoux ? eft-ce que tu me fuis e As-tu donc oublié taat de fi douces. nuits ! Quoi! d'un cail sans pitiéxgis-tu cauler mes larmes.

Au nom de nos baiseurs jadis fi pleins de charmes,
Si mon coeur; de tout cems facile à ces desirs,
N'a jamais d'un moment différé ces plaisirs ;
Si , pour te prodiguer mes plus tendres caresses,
Je n'ai point exigé ni fermens ni promesses;
Si coi seul à mon lic enfin eus toujours part,
Diffère au moins d'un jour ce funefte déparr.

En achevant ces mots, cette Amance enflamée
Sur un placet voisin combe demi-påmée.
Son Epoux s'en émeur, & son cœur éperdu
Encre deux passions demeure suspendu ;
Mais enfin rappellant son audace première :

Ma femme, lui dit-il d'une voix douce & fière , Je ne veux point nier les solides bienfaits, Dont ton ame prodigue a comblé mes souhaits : Er le Rhin de ses flors ira groffir la loire, Avant que tes faveurs sortent de ma mémoire. Mais ne présume pas, qu'en te donnant ma foi, L'Hymen m'ait pour jamais asservi sous ta loi. Si le Ciel en mes mains eût mis ma deftinée, Nous aurions fui cous deux le jour de l Hyménée: Er fans nous opofer ces devoirs prétendus, Nous goûterions exacor des plaisirs défendus. Cesse donc à mes yeux d'étaler un vain titre ; Ne m’Ore pas l'honneur d'élever un Pupitre ; Et toi-même, donnant un frein à tes desirs, Raffermis ma vercu qu'ébranlent tes soupirs. Que te dirai-je enfio ? e'eft le Ciel qui m'appelle Une Eglise, um Prélat m'engage en fa querelle. Il faut partir : j'y cours. Diffipe tes douleurs, Et ne me trouble plus par ces indignes pleurs:

II la quicce à ces mots. Son Amante effarée Demeure le feiar pâle , & la/yúë égarée :

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