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ler, je ne pourrois m'empécher de moüiller peut-être de larmes la Préface d’un Ouvrage de pure plaisanterie.

ARGUMENT.

E Trésorier remplit la première Dignité

du Chapitre , dont il est ici parlé, & il officie avec toutes les marques de l’Episcopat. Le Chantre remplit la seconde Dignité.

, Il y avoit autrefois dans le Choeur , devant la place du Chantre, un énorme Pupitre ou Lutrin, qui le couvroit presque tout entier. Il le fit ôter. Le Trésorier voulut le faire remettre. De-là arriva une dispute, qui fait le sujet de ce Poëme.

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LE LUTRI N. POEME HEROI-COMIQUE.

CHANT PREMIER.

Qui par

E chante les combats , & ce Prélat terri.

ble,

ses longs travaux, & sa force in. yincible Dans une illustre Eglise exerçant fon grand cour , Fit placer à la fin un Lutrin dans le Chour, C'est en vain que le Chantre abusant d'un faux titrc, Deux fois l'en fic ôter par les mains du Chapitre ; Ce Prélat sur le banc de son Rival altier Deux fois , le reportant, l'en couvrit tout entier Mufe, redis-moi donc, quelle ardeur de ven

geance De ces Hommes sacrés rompit l'intelligence, Et troubla fi long-tems deux célébres Rivaux. (1) Tant de fiel entre-t-il dans l'ame des Dévors ?

Et toi , fameux Heros, dont la fage entremise

(1) Virgile, Ænéide , Liv. I.

Tantæ ne animis coelestibus iræ.

Le ce Schisme naissanc débarrassa l'Eglise ,
Vient d'un regard heureux animer mon projet ,
Er garde coi de rire en ce grave sujer.

Parmi les doux plaisirs d'une paix fraternelle,
Paris voyoit fleurir son antique Chapelle.
Bes Chanoines vermeils , & brillans de santé,
S'engraissoient d'une longue & fainte oisiveté.
Sans sortir, de leurs ticsplus doux que leurs here

mines, Ces pieux fainéans faisoient chanter Marines; Veilloient à bien dîner , & laisfoient en leur lieu A des Chantres gagés le soin de louer Dieu. Quand la Discorde , encor coute noire de crimes , Sortanc des Cordeliers pour aller aux Minimes., Avec cet air hydeux qui fait frémir la Paix, S'arrêta près d'un arbre au pied de fon Palais. Là, d'un vil attentif, contemplant son Empire, A l'aspect du Tumulte, Elle-même s'admire. Elle y voit par le coche & d'Evreux & du Mans, Accourir à grands flocsfes fidéles Normans Elle y, voic aborder le Marquis la Comtesse, Le Bourgeois , le Manant, le Clergé, la Nobleffe; Et par-tout des Plaidleurs les escadrons épars Faire au tour de Thémis forter ses étendarts. Mais une Eglise seule à ses yeux immobile , Garde au sein du cumulte une assiette tranquille. Elle seule la brave ; elle seule aux procés De ses paisibles murs veut défendre l'acces. La Discorde , à l'aspect d'un calme qui l'offense, Faic rifler ses serpens , s'excite à la vengeance. Sa bouche fe remplit d'un poison odieux , Eç de longs traits de feu lui sortent par les yeux

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