Page images
PDF
EPUB

Lettre de Mme Pélagie Francelle et réponse d'Auguste

Comte (1).

Paris, le 31 janvier 1853.

Monsieur,

C'est pénétrée de la plus vive reconnaissance que je vous offre mes sincères remerciements pour le bienfait que vous avez daigné m'accorder à moi et à ma famille; je n'oublierai jamais, Monsieur, le devoir sacré que m'impose votre généreux dévouement, devais-je espérer tant de bonté d'une société qui me connaît à peine et cependant qui agit envers moi comme si j'étais sa fille; comment pourrai-je lui prouver ma reconnaissance, moi pauvre misérable, condamnée au malheur, pour ainsi depuis ma naissance, qui n'ai connu le bonheur que pour le perdre presqu'aussitôt.

Un tel bienfait, Monsieur, me relève au niveau de mes premiers principes religieux, me rappelle mes devoirs et l'obligation que je dois à celui qui en est l'auteur.

Oui, je vais faire des efforts pour devenir digne du nom de fille de l'humanité, je travaille pour cela maintenant, car me voilà gràce au secours qui m'a été accordé si généreusement tiré de l'affreux embarras matériel dans lequel j'étais tombée.

Si je dois être pour toujours séparé de l'époux que j'ai tant aimé ; quoique je ne puisse encore le croire, je fais le serment de consacrer ma vie entière au service de l'humanité, je me rappellerai tous les jours à quelle main bienfaisante je dois mon bonheur.

(1) Sur le dos de la lettre de la main d'Auguste Comte (Reçu le lundi 3 Homère 65. Réponse le jeudi 6, ci-transcrite).

Puisse un jour mon fils se rendre digne d'acquitter la reconnaissance de sa mère.

Je suis, Monsieur, avec le plus profond respect, votre humble servante.

(Réponse.)

Pélagie FRANcelle.

(Copie conforme.)

A Madame Pélagie Francelle, à Paris,
26, rue Soufflot.

Paris, le jeudi soir 6 Homère 65.

Madame,

J'ai lu hier, à la Société Positiviste, votre excellente lettre de lundi. C'est uniquement afin d'y répondre en son nom autant qu'au mien que j'ai retardé jusqu'à présent la satisfaction de vous témoigner la respectueuse sympathie que mérite votre noble et touchant langage. Devenue, suivant votre admirable expression, la fille de l'Humanité, vous devez toujours compter sur l'active sollicitude des dignes serviteurs, théoriques ou pratiques du vrai Grand-Être. Celle qui contracta si mémorablement le premier engagement du veuvage éternel fournira, nous en sommes tous convaincus, la première réalisation de cette obligation volontaire, dont sa jeunesse augmentera le prix. Ainsi consacrée davantage à vos heureux devoirs maternels, vous saurez mieux préparer à l'Humanité, un utile serviteur et peut-être un éminent organe. Tous les vrais positivistes seront envers vous, suivant leur âge, autant de frères ou de pères, constamment disposés à seconder de leurs divers moyens l'auguste existence que vous confère désormais une situation exceptionnelle. En nous offrant une occasion décisive d'ébaucher dignement, quoique sur une faible échelle,

l'organisation normale de la providence matérielle, vous vous êtes indissolublement liée à l'avènement social de la religion universelle.

Respect et sympathie.

Le Président de la Société Positiviste,

AUGUSTE COMTE,

(10, rue Monsieur-le-Prince.)

Lettre du Capitaine Barbot et réponse d'Auguste

Comte (1).

Rocroy, le 6 janvier 1848.

Monsieur,

J'ai l'honneur de vous informer que je passerai par Paris d'ici quelque temps, bien que l'époque en soit encore indéterminée : je vous prie de me faire connaître, si vous voudrez oui ou non me voir.

Croyez, Monsieur, à mon sincère attachement.

BARBOT,

Capitaine-comt l'artillerie de la place de Rocroy.

(Copie de la réponse.)

Monsieur,

Paris, le mardi soir 11 janvier 1848.

Quoique le ton trop militaire de votre question rappelle encore votre imparfaite appréciation habituelle, surtout envers moi, des vraies convenances, je m'empresse pourtant de vous répondre que je suis prêt à recevoir votre prochaine visite, pourvu que votre état actuel

(1) Sur le dos de l'enveloppe, de la main d'Auguste Comte : (Reçu le samedi 8 janvier 1848, lu le lendemain soir). Répondu le mardi soir 11, copie ci-incluse.

d'esprit et de cœur (que vous seul pouvez assez connaître) vous permette de retirer de ma conversation quelque utilité réelle. Si, comme je le crains, vous embrassez maintenant une direction rétrograde, j'espère que l'irrésolution de votre caractère ne vous aura point empêché d'y apporter au moins cette remarquable vigueur logique que je m'étais plu à cultiver en vous pour une meilleure fin. C'est pourquoi, je me flatte, encore que, dans cette hypothèse, vous n'en serez pas resté aux vaines fluctuations de la métaphysique, et que vous aurez déjà rétrogradé jusqu'à la vraie théologie, représentée aujourd'hui par le catholicisme. En ce cas, il pourrait subsiter entre nous quelques points de contact sérieux, dans la manière de concevoir et de poser le principal problème social.

Votre ancien chef spirituel.

AUGUSTE COMTE.

Convocation à Auguste Comte et sa réponse.

Au citoyen Auguste Comte,

Citoyen,

Vous êtes invité à honorer de votre présence le banquet des Démocrates Socialistes des Écoles, qui doit avoir lieu le Dimanche de Pâques 8 avril, Barrière de Sèvres, 49, à onze heures du matin, chez les Cuisiniers associés.

Salut et fraternité.

Pour le Comité des Écoles,

E. MEURIZET,

13, rue Jacob.

(Réponse)

(Copie conforme)

Aux citoyens composant le Comité des Écoles.

Citoyens,

Je serais heureux d'utiliser l'honorable invitation qui vient de m'être transmise, si mon temps n'était pas absorbé demain par un important service social. Veuillez, du moins témoigner à nos frères combien j'apprécie de telles réunions, où l'excitation des sentiments généreux tend à faciliter l'essor des vrais principes républicains, afin que la seconde partie de la grande révolution devienne la digne suite de la première, au lieu d'en rester une vaine imitation.

Salut et Fraternité,

AUGUSTE COMTE,

(10, rue Monsieur-le-Prince).

Samedi soir 7 avril 1849.

(Reçu le samedi soir 7 avril 1849.

Réponse immédiate, dont copie ci transcrite).

Une Lettre du Maire du 11o Arrondissement, Paris, réponse d'Auguste Comte (1).

Paris, le 18 Décembre 1856.

Monsieur,

En vous adressant la circulaire ci-jointe, je n'ai fait que me conformer aux instructions de l'administration supre, et je regrette que vous ayez cru devoir refuser de donner les indications qui vous étaient demandées.

En remplissant le cadre destiné à recevoir quelques renseignements d'état-civil, vous ne faites point acte d'Électeur, vous ne vous compromettez en aucune façon

(1) De la main d'Auguste Comte : Reçu le jeudi 17 Bichat 68. Réponse le lendemain, ci-copiée.

« PreviousContinue »