Page images
PDF
EPUB

Tableau connaissances osmologiques abstraites.

tions à la détermination indirecte des longueurs qu'on ne peut pas déterminer directement. Sans que j'insiste davantage, l'exposition actuelle ne le comportant pas, on voit comment l'enfant sera initié aussi aux principales cubatures. Enfin, on lui fera connaitre la conception des coordonnées et leurs principales applications. Puis, logiquement, au moyen d'une telle étude des phénomènes géométriques, on lui fera comprendre ce que c'est que l'induction, la déduction, l'observation et l'expérimentation. Comme résultat d'un tel enseignement, on précisera dans son esprit la notion de loi et celle de fonction; ce qui conduira à une ébauche pratique et, secondairement, théorique de l'algèbre ellemême. On procédera d'une manière analogue pour initier l'enfant aux principales conceptions du troisième degré de la logique : la mécanique. On énoncera les lois relatives aux machines simples et on les fera vérifier expérimentalement, puis on donnera des notions générales sur les mouvements; il vérifiera ensuite expérimentalement, par le plan incliné, celles qui se rapportent au mouvement uniformément varié déterminé par la pesanteur. On pourra même s'élever jusqu'à donner une certaine idée de la notion de système.

Voyons maintenant, d'une manière extrêmement sommaire, comme il faudra faire connaître les principales conceptions de la cosmologie, (astronomie, physique et chimie).

Pour l'astronomie, on apprendra à l'enfant à tracer une méridienne, à faire, avec des instruments analogues à ceux d'Hipparque, des observations sur les longitudes. et les latitudes du soleil aux diverses époques de l'année; on lui fera connaître la théorie du calendrier, puis, on l'initiera aux notions essentielles relatives aux principales planètes, ainsi qu'à la théorie des éclipses. Quant à la physique, il faudra en grouper les notions essen

tielles autour de la conception des principaux instruments ainsi en barologie, autour des notions des aréomètres, du baromètre, etc. On lui fera vérifier les principales lois relatives à la pression des liquides sur les vases, et ainsi de suite. En thermologie, après avoir établi par l'expérience l'existence des changements de forme, corrélatifs à ceux de la chaleur, on lui donnera la théorie du thermomètre, en insistant spécialement sur le grand principe de la comparabilité des observations. Puis, on lui fera connaître l'hygromètre, les vérifications expérimentales des lois des mélanges des gaz et celles relatives au mélange des gaz et des vapeurs. Il faudra insister sur la conception des manomètres. En chimie, il faudra surtout, par des expériences simples, l'initier à la décomposition de l'air et de l'eau, et aux conséquences qui en résultent, à la notion des corps simples, enfin à la théorie de la nomenclature. Pour la cosmologie, de même que pour les notions précédentes, je rappellerai toujours qu'il faut préférer la précision des connaissances à leur étendue. Enfin, il faudra initier aussi l'enfant aux lois de la morale abstraite dans ses trois degrés successifs: biologie, sociologie et morale proprement dite. Appliquant la notion de similitude aux organismes vivants, surtout animaux, on le conduira à la notion abstraite de type, d'organe et d'appareil. Ces notions abstraites doivent toujours avoir pour base la série des notions concrètes qu'on lui a fait acquérir. Puis on l'initiera, par une analyse analogue, à la connaissance abstraite des principaux phénomènes physiologiques, pour le conduire enfin à la conception finale de la vie, d'après les vues de Blainville et d'Auguste Comte.

En sociologie, en s'appuyant sur les connaissances historiques concrètes, on l'initiera aux conceptions abstraites de la Famille et de la société. On lui en fera connaître les principales lois, en les précisant par une série

Tableau

des connaissan

sociologiques et giques abstrait

d'exemples convenablement choisis dans les diverses civilisations. Enfin, on lui fera comprendre la grande loi de la division des fonctions et de leur hiérarchie naturelle. Abordant ensuite la dynamique sociale, on lui fera acquérir la notion objective d'évolution, complétée par la conception subjective de progrès. On lui indiquera les lois fondamentales d'évolution de l'intelligence, de l'activité et du sentiment, et on complétera enfin par l'ébauche générale de l'évolution de l'Humanité. Enfin, on l'initiera aux principales lois de la morale abstraite. On commencera par quelques notions relatives à la morale théorique, qu'il sera facile de dégager de l'exposition que j'en ai faite. On terminera enfin par la conception de la marche naturelle de l'évolution humaine, de la naissance à la mort, de manière que le but de notre destinée lui apparaisse avec assez de précision et pour qu'il puisse en désirer la systématisation.

MARCHE DE L'ÉDUCATION PENDANT LA
SECONDE ENFANCE (1).

I. DE LA MARCHE DE L'ÉDUCATION PHYSIQUE

Il faut rappeler la position qu'occupe la seconde enfance dans la préparation nécessaire pour atteindre le but de notre destinée : travailler pour les êtres collectifs en se perfectionnant sans cesse. Ce qui était complètement implicite, dans la première enfance, devient de plus en plus explicite dans la seconde. L'enfant sent de mieux en mieux qu'il vit, non seulement par la Famille, mais aussi pour la Famille. En outre, il acquiert une notion plus précise de la Patrie et de l'Humanité, pour lesquelles il vivra plus tard, en sentant déjà sa profonde dépendance envers elles. Quant à son perfectionnement personnel, il tend à devenir de plus en plus explicite et volontaire. Il marche donc ainsi vers un état religieux de plus en plus complet, c'est-à-dire de règlement personnel et de ralliement collectif.

Mais dans cette période, comme nous l'avons vu, il y a un développement extrêmement rapide de toutes les parties de l'organisme, une excitabilité exceptionnelle et une extrême indétermination dans l'existence. De là, la nécessité de l'action gouvernementale de la Famille par le père et la mère, sous peine de tomber dans un état d'anarchie, comme dans la période correspondante de l'évolution de l'Humanité.

Il nous faut maintenant étudier la marche de l'éducation pendant la seconde enfance. Nous étudierons suc

(1) Huitième leçon du cours faite le dimanche 27 décembre 1885, salle Gerson.

Position

de la questio

rche de l'éducation

de la vie organique.

cessivement l'éducation physique, mentale et morale. La première a pour but d'atteindre à une bonne santé; la seconde, à une bonne conscience; la troisième, à un bon jugement. Voyons la marche de l'éducation physique. Elle est relative à la fois, à la vie organique et à la vie animale.

La loi de la marche de l'éducation, en ce qui concerne la vie organique, consiste à développer progressivement la responsabilité de l'enfant en ce qui regarde la nutrition, l'habillement et le logement; de telle sorte que le développement de la vie organique, sous ses aspects fondamentaux, ne soit jamais séparé de la culture cérébrale qui la dirige. Cette conception de la responsabilité croissante de l'enfant se lie au changement dans la pénalité domestique qui, en éliminant les châtiments personnels proprement dits, fait intervenir les conséquences mêmes de l'accomplissement des actes, suivant le dicton vulgaire comme on fait son lit, on se couche. Nous pou vons résumer la marche de cette éducation dans quelques théorèmes fondamentaux.

Premier théorème: assujettissement des fonctions de la vie organique à des lois numériques fixes. Il est clair qu'à ce sujet, il y a des nécessités croissantes dans le système de plus en plus compliqué de notre civilisation. J'ai autrefois, en philosophie première, indiqué des considérations précises, à propos de la théorie subjective des nombres. Tout le système de la société moderne deviendrait impossible si on n'assujettissait pas à des heures déterminées, sans rien d'absolu bien entendu, le lever, le coucher, le moment et la durée des repas. L'enfant est d'abord assujetti à ces règles, comme à une fatalité insurmontable; mais, à mesure qu'il avance en âge, sa participation y prend un certain caractère volontaire, ou, tout au moins, il est initié de plus en plus aux raisons propres de ces déterminations. Il y a là, pour l'édu

« PreviousContinue »