NÉCROLOGIE

Nous avons le regret d'annoncer la mort de Madame Georges Laporte, décédée subitement le 2 décembre dernier; nous présentons à notre jeune confrère et à sa famille l'expression de notre fraternelle sympathie.

J. S.

Le Propriétaire-Gérant : CH. JEAnnolle.

9 César 120.

31. ANNÉE

No 3.

1er Mai 1908

MORALE PRATIQUE

OU TRAITÉ D'ÉDUCATION

INSTITUANT LE PERFECTIONNEMENT DE LA NATURE HUMAINE

question.

Après avoir étudié l'éducation de la première enfance, Position de la nous allons aborder celle de la seconde qui lui succède par degrés presque continus et nous conduit à l'adolescence. L'ensemble de la vie humaine se compose, comme nous l'avons vu, de deux successions terminées par une conclusion. La conclusion, c'est la vieillesse qui nous prépare graduellement à la mort et à l'incorporation finale. Les deux successions sont : 1o la vie préparatoire qui se compose de trois degrés, savoir : première enfance, seconde enfance et adolescence; et

(1) Résumé de la 6a leçon du cours faite le 13 dimanche 1885, salle Gerson.

2o la vie active, composée de trois degrés successifs : jeunesse, virilité et maturité. Le but de notre vie fondamentale, comme nous l'avons vu, est le service de la Famille, de la Patrie et de l'Humanité, par un effort constant de perfectionnement personnel qui nous mérite l'incorporation finale à l'Humanité. Voyons quelle est, dans l'évolution préparatoire à une telle vie, la place de la seconde enfance.

La première enfance institue, d'une manière implicite et synthétique, tous les éléments de la vie future de l'enfant et même de l'homme mûr. L'enfant a, en effet, la conception implicite d'un être collectif, la Famille, de sa liaison à cet être collectif et de sa dépendance envers lui; en second lieu, il a une première ébauche de l'effort personnel de perfectionnement; enfin, il est armé des trois grands éléments d'action et de réaction avec les ètres collectifs : la langue articulée, l'écriture et la lecture. La seconde enfance doit développer tous ces éléments, les agrandir, les rendre explicites, de manière à préparer la systématisation dogmatique qui aura lieu pendant l'adolescence, de telle sorte que ce qui caractérise la seconde enfance dans la préparation à la vie normale, c'est le développement des forces; aussi l'imagination, qui est le grand agent du développement des forces actives comme des forces mentales, a-t-elle nécessairement une prépondérance spéciale pendant cette periode de la préparation. L'extension croissante des relations. volontaires qui viennent se joindre aux relations involontaires, seules possibles dans la première enfance, concourt au développement de cette période de la vie. On pourrait caractériser les trois phases de l'âge préparatoire, en disant qu'elles ont pour but d'instituer, de développer et de systématiser; de telle sorte que la première est caractérisée par la prépondérance du sentiment, la seconde par celle de l'imagination et la troi

sième par celle de la raison. La seconde enfance dure de sept à quatorze ans et va ainsi de la deuxième dentition à la puberté. Nous allons en indiquer avec plus de précision la destination, sous les divers aspects qui la caractérisent. Pour cela, il faut comparer la seconde enfance à l'âge de l'Humanité qui lui correspond. Rappelonsnous, en effet, que l'individu répète l'espèce, puisque le point de départ et le point d'arrivée sont nécessairement les mêmes. La convenable application de ce grand théorème permet d'éclairer la théorie de l'éducation, en faisant de l'histoire une sorte de microscope qui, agrandissant les objets, étendant les distances, permet ainsi de mieux saisir les caractères des diverses phases de la vie individuelle.

de l'éducation de l'i dividu avec la pho

correspondante l'évolution de l'H

manité.

La deuxième enfance correspond à la phase poly-Relations de cette pho théique de l'évolution de l'Humanité. Or, voyons quel est le rôle de cette grande doctrine dans le développement de notre espèce. Le Polythéisme, né de l'abstraction, la développe à son tour, en en consolidant et étendant les résultats. La création des dieux, en effet, est une extension de l'observation et de la méditation abstraites. Le Fétichisme considère directement les êtres, tandis que, dans le Polythéisme, le dieu représente le phénomène commun à divers êtres. Or, l'abstraction, surtout quand elle devient scientifique, est la condition de la puissance modificatrice de l'homme. Par l'abstraction, en effet, on peut considérer une infinité de cas possibles, par l'extension des limites en plus et en moins que l'on peut donner aux phénomènes considérés séparément des corps. En outre, les phénomènes étant étudiés isolément, on peut les soumettre à toutes sortes de combinaisons qui permettent d'imaginer une infinité de cas possibles que la réalité n'a pas suggérés. Aussi, du développement de l'abstraction, consolidée par le Polythéisme, naît inévitablement une puissance culture de l'imagination.