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ce qui regarde les sensations. Le caractère général et fondamental de la vie animale, pendant la première enfance, et surtout à ses débuts, c'est l'excitabilité spéciale et le défaut d'harmonie. L'enfant, en effet, dès le début, reçoit des impressions de toute sorte qui se répercutent immédiatement par des contractions, en vertu d'actions essentiellement réflexes. Mais l'harmonie de ces diverses actions réflexes n'existe nullement. Il faut un temps assez considérable pour l'établir, pour fonder des habitudes perfectionnées établissant une relation constante entre nos sensations et nos contractions vers un certain but déterminé. C'est ainsi qu'il faut apprendre à l'enfant à marcher, à courir, à sauter, à prendre, à repousser, etc., et à accomplir un grand nombre d'opérations qui doivent devenir habituelles; il y a une marche dans cet apprentissage où il importe essentiellement de suivre l'ordre de complication croissante. Les mêmes considérations s'appliquent à l'éducation progressive du système de contraction indispensable à la satisfaction des besoins d'incrétion et d'excrétion, cela est d'autant plus indispensable que l'enfant doit vivre dans une civilisation plus compliquée.

L'éducation du système sensorial n'est pas moins importante et en distinguant l'état passif ou actif des sensations, d'après une vue de Gall, très heureusement systématisée d'après le docteur Audiffrent, nous ferons observer que l'éducation, à ce sujet, consistera à passer de l'état passif à l'état actif, en constituant à cet égard de saines habitudes. C'est ainsi que l'enfant apprendra à voir, à entendre, à toucher, etc. L'équilibre de toutes ces fonctions constitue la santé. Mais cette santé présente des perturbations qui sont déterminées par la nature même de la vie organique et de la vie animale. La rapidité de l'évolution de la vie organique expose l'enfant à des oscillations brusques, mais susceptibles aussi d'un rapide retour à l'état normal; ce qui exige néanmoins

actères cérébraux de la

emiere enfance.

une attention constante et continue. L'enfant est sujet. aussi, dans cette première période de sa vie, à des affections morbides que toutes les mères connaissent, au moins par tradition, et sur lesquelles une meilleure éducation scientifique permettra de leur donner, sans pédantisme, des notions plus précises.

Le défaut d'harmonie primitif entre le système sensorial et le système musculaire vient de l'excitabilité spéciale du premier, exposant l'enfant surtout à des maladies. convulsives qui, dans certains cas, peuvent devenir chroniques. La considération de ces conditions pathologiques de la première enfance doit toujours être présente à l'esprit de ceux qui doivent la diriger. Quant aux alternatives de repos et d'activité qui sont une conséquence d'une des lois fondamentales de la vie animale, l'empirisme a permis d'établir des règles au moyen desquelles on peut diriger à ce sujet l'éducation de l'enfant. Il faut seulement remarquer combien, dans les villes surtout, il importe d'être attentif, quand la nuit est venue, à garantir l'enfant de ces excitations artificielles continues et de ces exhibitions où se complaît la vanité maternelle, si dangereusement multipliées dans notre civilisation. L'enfant doit donc être couché de très bonne heure.

Il nous faut maintenant indiquer sommairement les conditions générales de la vie cérébrale pendant la première enfance. Le caractère général de l'activité du cerveau consiste essentiellement dans le défaut profond d'harmonie entre l'activité des diverses parties de la substance cérébrale; il y a, à cet égard, une profonde instabilité. L'évolution de la première enfance est caractérisée, à ce sujet, par la formation des fonctions composées du cerveau et par une harmonie croissante qu'il faut développer entre elles. On tiendra compte, dans les divers cas particuliers, des dispositions plus ou moins spéciales, transmises par la génération et qui produisent,

dans certains cas, des perturbations pathologiques qui créent aux parents des devoirs spéciaux.

pathologiques de

Nous allons préciser ces considérations en examinant Perturbations de plus près, quoique sommairement, les caractères gé-première enfance néraux de la vie affective, contemplative et active, dans la première enfance, et du dégré d'état religieux qui est propre à cette période. Le caractère général de la vie, dans la première enfance, c'est qu'elle se développe complètement dans la Famille, par la Famille et par rapport à elle. Le second caractère consiste dans le défaut primitif d'harmonie des divers penchants ou aptitudes à mesure qu'ils se développent, comme aussi dans une tendance croissante vers cette harmonie, à mesure que l'enfant avance en âge. L'action de la mère est, à ce moment, d'autant plus nécessaire que la civilisation. multiplie davantage les fonctions composées.

Des vies affectiv contemplative et ac

de la

En considérant la vie affective, nous verrons que ce qui prévaut d'abord, c'est la personnalité, sous sa forme la plus élémentaire comme la plus fondamentale, à première enfanc savoir : la manifestation des besoins. Les formes plus complexes de la personnalité, qui se rapportent surtout à la possession des biens, ne sont encore qu'ébauchées, surtout à la fin de cette période. Quant à l'instinct destructeur, il se manifeste vivement, quoique sans persistance et persévérance. On voit aussi surgir très vite la vanité et l'orgueil. La sociabilité proprement dite se révèle surtout quand au respect par rapport aux supérieurs et par les premières manifestations d'attachement et même de bonté relatives surtout aux divers fétiches qui entourent l'enfant. Quant à la moralité ou sentiment du devoir, elle n'apparaît que vers la fin de cette période. Pour la vie contemplative, sous l'impulsion d'un fétichisme alors très intense, elle se rapporte essentiellement d'abord à la construction des êtres qui entourent l'enfant, en s'étendant graduellement au dehors. Pour la vie active,

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elle est surtout relative aux jeux qui, dans cette période, ont un caractère purement personnel et individuel; ce n'est que dans la seconde enfance que les jeux prennent un caractère véritablement collectif. A cet égard, le soin de la poupée constitue pour la petite fille une véritable supériorité quand on la compare au garçon. Quant à l'état religieux qui consiste dans un effort sur soi pour et par un être collectif qui ici n'est rien autre chose que la Famille, il surgit nécessairement dans la première enfance, surtout vers la fin, quand on peut associer l'enfant à certains services de vie intérieure.

Position de la question.

THÉORIE DE LA MORALE PERSONNELLE (1).

I

Institution générale de la morale personnelle.

Nous avons vu que le but de la destinée humaine consiste d'abord à vivre pour ou par les êtres collectifs, Famille, Patrie, Humanité; et en second lieu, dans un effort constant de perfectionnement du corps et de l'âme, pour atteindre une pareille destinée. Cet effort continuel et constant de perfectionnement constitue précisément la morale personnelle proprement dite. Il est évident, en effet, que, quelles que soient les situations dans lesquelles nous nous trouvions placés, par rapport à la Famille, la Patrie et l'Humanité, et quels que soient les devoirs que ces situations nous imposent et les habitudes qu'elles

(1) Résumé de la quatrième leçon du Cours de morale pratique, faite le dimanche 29 novembre 1885, de trois heures à cinq heures, salle Gerson.

nous font contracter, il y a une chose fondamentale, commune à tous les cas, savoir: qu'il est nécessaire que l'homme soit sain de corps, d'esprit et de cœur, et doué d'un caractère énergique, prudent et persévérant. Sans doute, l'action du milieu cosmologique et sociologique sert à résoudre spontanément un tel problème et à en utiliser la solution; mais on conçoit néanmoins la possibilité et l'utilité: 1o de dégager in abstracto la conception du type de ce perfectionnement directement personnel; 2o de considérer à part d'une manière générale les règles, les procédés propres à instituer ce perfectionnement, sans néanmoins jamais perdre de vue, comme l'ont trop fait les métaphysiciens et notamment J.-J. Rousseau, sa véritable destination collective.

C'est ici qu'il convient d'instituer et d'exposer une telle théorie. Pendant la vie préliminaire ou préparatoire, l'enfant étant en tutelle et dispensé par la protection de la Famille et de la Patrie d'un travail personnel responsable, se trouve dans la meilleure situation pour instituer les pratiques de la morale personnelle. Car, dans cette période, les actes ayant peu d'importance, il est permis et possible de considérer surtout les mobiles, de les étudier, de les perfectionner en eux-mêmes et de contracter convenablement les habitudes qui persévéreront ensuite dans toute la vie active. Il se fait là une séparation qui permet de considérer surtout le point de vue logique, quant à l'éducation, au lieu du point de vue véritablement pratique, ou des résultats, qui prévaut plus tard; on peut donc alors instituer comme une sorte de méthode expérimentale qui pose, pour tout le reste de la vie, les bases de la puissance de l'homme sur luimême. Ces considérations s'appliquent surtout à l'éducation de la première et de la seconde enfance. C'est donc ici qu'il faut l'exposer, afin de fournir, pour la direction de l'enfance, aux parents, et spécialement à la

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