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est toujours sanglant, quelque belle que soit la comédie en tout le restë. On jette enfin de la terre sur la tête, et en voilà pour jamais. J'ai bien moins admiré le célebre chapitre de Montes2 quieu, brillante idée du despotisme, depuis que je l'ai comparé à cette pensée de Pascal, si simple et si philosophique, sur un sujet à peu près semblable. Ce chien est à moi, disoient ces pauvres enfants; c'est là ma place au soleil: voilà le commencement et l'i mage de l'usurpation de toute la terre. Montesquieu a dit après: Quand les sauvages de la Louisiane veulent avoir du fruit, ils coupent l'arbre au pied,

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manquerai au temps, non pas le temps à moi» Pascal avoit dit : « Les choses extrêmes nous échap « pent, ou nous à elles.

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et queillent le fruit. Foilà le gouvernement despotique. J'ai retrouvé encore dans les Lettres persannes une heureuse imitation des Provinciales, quoique inférieure à la vérité; mais ulle part, soit parmi les philosophes, soit parmi les écrivains religieux, je n'ai vu la grandeur de Dieu, la grandeur et la misere de l'homme, aussi fortement exprimées que dans Pascal (1).

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Je ne suis point étonné du peu d'estime qu'il a pour Montaigne. Les mêmes

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(1) Personne, sans doute, ne pense qu'il y ait rien de comparable dans notre langue, ni dans aucune autre, à ce magnifique morceau de la Connoissance générale de l'homme, qui commence ainsi: La premiere chose qui s'offre à l'homme, quand il se regarde, c'est son corps, c'est-à-dire une certaine portion de matiere qui lui est propre, etc. On sait, au reste, tout ce que Pope a em prunté de ce grand homme.

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principes qui l'armerent contre la doc trine des Jésuites, devoient nécessairement lui inspirer du dégoût pour ce phi losophe. Jamais hommes ne contrasterent si bien ensemble! Celui-ci a considéré l'homme par l'esprit ; celui-là l'avoit vu tout entier dans le corps; l'un montre à l'homme son néant, pour l'é lever jusqu'à Dieu; l'autre rabaisse sa raison pour le mettre au rang de la bête où il le laisse ensuite. Quelle idée Pascal pouvoit-il donc avoir d'un chrétien qui sommeille encore parmi les rêveries de ce Pyrrhon, le plus extravagant des philosophes (1); d'un chrétien qui re!

(1) Ses disciples ne pouvoient l'abandonner un seul instant, de peur que, dans le doute où il étoit des apparences mêmes, il ne se fît écraser sous les roues des chariots, ou ne tombât dans quelque pré

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cherche la vertu pour sa commodité et

les vices pour son plaisir; dont la philosophie, au moins neuve en ce point, qu'elle veut que l'homme ne soit étran→ ger à aucune sorte d'infamie, eût fait rougir Diogene lui-même?

Il est de certaines gens, qui, moins frappés de la force et de la justesse d'une pensée que de sa nouveauté, accusent Pascal d'avoir parlé avec irrévérence de la poésie, de s'être en quelque sorte moqué de ce qu'il ne connoissoit point. Hé quoi! il étoit donc une science, un art que n'aura pas su apprécier cet homme si habile à juger de tout ! Il seroit assez étrange, en effet, que celui-là

eipice. Et voilà l'oracle de Montaigne, et de tant d'autres qui ne connoissent le pyrrhonisme que par lui!

dont les écrits passeront à jamais pour un modele de la plus haute poésie, eût méconnu tous ses charmes et le pouvoir qu'elle a sur les hommes. Mais qu'entendoit-il par ce nom, par ce nom, si ce n'est tant de fades compositions, où la mesure et l'arrangement des mots tiennent lieu de toute pensée? Ecoutez-le lui-même : On a inventé de certains termes bizarres, siecle d'or, merveille de nos jours, fatal laurier, bel astre, etc.; et on appelle ce jargon beauté poétique. Pascal bientôt après nous révele le grand secret de la poésie, aussi bien que la véritable éloquence. Quand un discours naturel, dit-il, peint une passion ou un effet, on trouve dans soi-même la vérité de ce qu'on entend, qui y étoit sans qu'on le sút; et on se sent porté à aimer celui qui nous le fait sentir....

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