PREFACE. n 216061 12219 Den SOTA.C. L " } E point de vue de cet ouvrage eft la science de douter non pas en Pyrrhonien, mais lorfqu'il eft avantageux de fufpendre fon jugement. C'est un traité des opinions qui ont régné dans les sciences prophanes; c'est une toute nouvelle pour inftruire l'efprit par l'expérience & parsa propre histoire, dont aucun auteur jufqu'ici n'a formé le projet 155 hds ·Beli eɔmbra 200 · 7 ? Mon prémier deffein avoit été de compofer fucceffi vement des traités féparés, l'un de l'incertitude de l'histoire & de la chronologie ; un autre fur la politique; d'autres fur la physique & laftronomie ; & de partager ainfi les matiéres contenues dans tout l'ouvras ge: mais ce travail a fait naître des vûës, par lesquel, les je n'aurois pas eu la confiance de commencer. J'ai trouvé dans le concours de ces différents pbjets des mémoires pour fervir à l'histoire de l'efprit humain Ce titre à une liaison néceffaire avec un traité de l'opinion, puifque les fciences prophanes réunies & l'hiftoire de l'efprit humain tendent naturellement à nous 4 convaincre, que l'opinion domine fur toutes les recher ches de pure curiofité. Finfifte davantage fur les faits que fur les réflexions, & je traite mon fujet, bien plus en historien qu'en dogmatique. Je marque en général les fources des erreurs publiées par la renommée : mais je ne fais pas fur chaque exemple des differtations particuliéres, qui m'auroient conduit trop loin, & dans lesquelles je n'aurois pu débiter que des conjeetures fort incertaines, tos nus 330 ல் gel Mon principal foin a été d'ôter aux fciences abf traites leur obfcurité, de les rendre intelligibles aux perfonnes qui ne s'y font pas appliquées, & de dévoiler ces mystéres ténébreux l'abri desquels on a vû si souvent les arts les plus trompeurs & les plus vains féduire les efprits foibles & crédules. . - Les opinions décriées depuis long-temps, les erreurs mêmes qui paroiffent avec raifon les plus outrées, ne doivent pas être profcrites de cet ouvrages elles fervent à imprimer fortement dans l'efprit les excès auxquels il est capable de se porter. Les fciencès occultes peuvent y contribuer beaucoup; elles sont aujourd'hui fort méprilées, mais faute d'être affez connues il ne feroit pas impoffible qu'elles redevinffent à la mode dans d'autres temps. 3 Ce traité eft divifé en fix livres; le prémier rou : le fur les belles lettres & l'hiftoire, fciences moins épineules, & par lefquelles on commence ordinairement. Après des réflexions préliminaires fur le véri→ table ufage de la fcience, le lecteur trouvera des obfervations fur les auteurs, & fur les révolutions des sciences, fort eftimées dans des temps, négligées ou perfecutées dans d'autres. J'entre dans un détail qui fe préfente naturellement, des fouverains & grands feigneurs qui ont compofé des ou vrages. J'expofe les contrariétés des critiques, l'incertitude de l'histoire fur les points les plus effentiels, & les embarras de la chronologie. , Je paffe enfuite à la philofophie, qui embraffe le plus grand nombre des fciences prophanes ; j'écris dans le fecond livre l'hiftoire de fes différentes fec tes. Le troifiéme contient les opinions des philofophes tant anciens que modernes fur la métaphysique, & fur les prédictions de l'avenir attribuées au commerce des efprits. 5 Le quatrième livre renferme une courte differta tion fur les mathématiques; les contradictions des auteurs fur la phyfique, laftronomie la médeci ne. Je rétablis dans le méchanisme général de la nature l'uniformité qui manque au fyftéme de Des& j'applique les effets de ce méchanifme $ cartes " au système de Copernic: A l'égard de la médeci ne, avant que de rappeller les opinions des auteurs qui ont témoigné une extrême défiance pour elle, je ne puis me refufer la fatisfaction de déclarer ici mon fentiment particulier, fçavoir que fi la médecine est un art en lui-même rempli d'incertitudes & de dangers, il n'y a point de fecours plus néceffaire à un malade રે , que celui de la prudence d'un bon médecin ; & qu'il y auroit une grande témérité de prétendre fe conduire par fon goût ou par feš lumiéres, dans l'état auquel on est réduit par la maladie. De la médecine je paffe à la chimie, à l'aftrologic judiciaire, & à quelques autres divinations prétendues naturelles. Le quatrième livre eft terminé par les opinions exagérées des naturalistes, par plufieurs exemples de ce qu'on a publié de plus extraordinaire & même de fabuleux touchant les arts, & par les fentiments des philosophes fur l'imagination & les fens. : Le cinquième livre a un objet beaucoup plus noble dans des differtations politiques, qu'on peut appeller la portion de la philofophie la plus utile au genre humain, puifqu'elle eft l'appui des fociétés. Le fixiéme & dernier livre traite de la morale, fur laquelle j'expofe le contrafte des pensées les plus fubli& des opinions les mains raifonnables. Ce livre mes, finit par les loix & les coutumes de differents peuples, & par des réflexions fur la douleur & fur la mort. Job¬ serverai à l'égard des loix & des coutumes étrangères, qu'il me fuffit pour en faire mention, qu'elles foient différentes de nos ufages, mais que je m'attache principalement à celles qui ont le plus d'opposition à nos préjugés & à nos mœurs & même à l'humanité. Sur la route que je viens de décrire, il s'offre des digressions tirées du fujet, & je ne les ai pas évitées. Outre çelle des auteurs distingués par un rang élevé, & celle de l'histoire des fectes des Philofophes, dont j'ai déja parlé, je rappelle dans le chapitre des bêtes ce qui a été observé, ou du moins ce que les auteurs ont dit de leur industrie, de leur fidélité, de leurs autres bonnes qualités, & des honneurs qu'elles ont reçus. Pour prouver combien le peuple est susceptible des leurres qu'on lui jette, je rassemble dans le chapitre des maximes politiques les exemples des impofteurs, qui ont paru en différents temps & en differents païs. Dans le chapitre des biens, en parlant de l'inconstance de la fortune, je rapporte un grand nombre d'exemples des chutes de la grandeur, & des élévations de la bassesse. Il paroît depuis le commencement de cette année une traduction du traité de Thomas Brown Anglois sur les erreurs populaires : cet auteur a travaillé sur un plan fort différent, & nos ouvrages n'ont aucune ressemblance. |