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E Traité de l'opinion, ou Mémoires pour fervir à l'hiftoire de l'éfprit humain, a eu une approbation fi générale, & a été lû avec tant de fatisfaction, & de fruit, que l'autheur ne pouvoit défirer une réputation plus étendue & mieux établie ; plufieurs perfonnes auroient cependant fouhaitté, qu'on l'imprimât fur une plus grande forme; c'eft pour fatisfaire à une fi jufte demande, que le Sieur Briffaut libraire à Vienne a entrepris d'en donner une nouvelle edition au Public deux volumes in quarto, tant pour la commodité de ceux qui ont des bibliotheques ou des cabinets de livres choifis que pour ceux qui, voulant fe rafraîchir la mémoire de quelque paffage, aiment mieux avoir un ouvrage en peu de volumes pour n'être pas obligés de récourir à plufieurs autres. Le caractere, & le papier font d'une beauté à faire honneur au Libraire; les citations y font placées dans un bel ordre, & on a eu foin de purger cette nouvelle edition de tous les Errata qui fe glifferent dans les premieres. Enfin celle-ci eft digne d'un tel ouvrage deja fi celebre dans la république des belles lettres. L'auteur s'étant propofé de

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donner la fcience de douter à propos & de ne point fe laiffer entrainer par le torrent à de faux préjugez execute admirablernent fon projet, en fe fervant des fciences profanes, & rapportant les fentimens des anciens & des modernes, pour faire voir l'empire de l'opinion, & à quel point elle regne dans ces fciences. Après avoir fait des réflexions très judicieuses & d'un grand difcernement fur les opinions les plus remarquables, il donne une differtation très curieufe fur les auteurs & prouve, par les exemples des fouverains, & des grands hommes qui ont compofé des ouvrages, avec combien d'avantages on peut allier les belles lettres aux vertus militaires & aux devoirs aufteres de la magiftrature. Il vient enfuite à l'eloquence, qu'il fait confifter bien plus dans l'opinion que dans des régles certaines. Il parle des témoignages peu avantageux que la plupart des hommes avoient pour la poëfie, mais il lui donne une défense trés naturelle, qui eft, qu'elle ne fe fert de la fiction , que pour amener les hommes à la verité. De-là il paffe à l'hiftoire fi remplie de fables, & de contradictions parmi les ecrivains & conclut que fon principal but doit être d'étudier les opinions, les motifs & les paffions des hommes, & d'apprendre à fe connoître en connoiffant les autres de fe corriger par les exemples & d'acquerir de l'expérience fans danger. La chronologie n'eft pas moins embaraffante; il en donne un précis des differentes opinions, & de la fupputation du tems. chez tous les peuples. L'auteur toujours attentif au point de vuë qu'il s'eft propofé remonte a la fource de l'hiftoire de la philofophie, la tirant de l'antiquité la plus reculée; & defcendant par dégrez des fentimens des anciens philofophes à ceux des modernes il fait obferver que les fciences ont paffé trois fois de la Gréce dans l'Occident: la premiére, lorfque les Romains les puiférent en Gréce; la feconde, lorfque les François, après avoir pris Conftantinople, raporterent du Levant les ecrits d'Ariftote, avec les commentaires des Ara bes la troifieme, lorfqu'apres la deftruction de l'Empire d'Orient par les Turcs, les favans de la Grece chercherent une retraite en Italie. Paffant de-là à la métaphyfique, il re trace à l'efprit fa propre hiftoire concernant les opinions fur

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les fubftances fpirituelles; il raporte les opinions des Athées, réfute leurs objections, & conclut par des preuves invincibles la verité de la Religion. Il vient enfuite à la creation du monde, & à fa durée; il explique la doctrine des idées de Platon, & donne un abregé des mondes imaginaires des phi lofophes. Aprés avoir fait le recit des trois hypothefes des modernes fur la connoiffance de l'ame il rapporte toutes les opinions philofophiques fur la nature des bêtes. Les fciences> occultes fondées fur le commerce des efprits n'y font pas oubliées ; il fait voir tout le ridicule de ces impoftures. Il trai-: te enfuite des contradictions des favans fur la phyfique, de: quelques objections faites aux mathématiciens avec des reflexions fur le fyfteme de l'infini, & fur l'état prefent de la géométrie A l'égard de l'aftronomie, il explique les quatre principaux fyftêmes de Ptolomée, de Copernic, de Tycho-: brahé, & de Longomontan, avec les differentes opinions des aftronomes, entre lefquelles il fe trouve de prodigieufes dif-: tances. L'auteur continuant fon projet, toujours d'une maniere egalement inftructive, & amufante, traite de la méde cine, des contradictions, & des differens fyftêmes des méde cins, il déclare fon fentiment particulier fur cet art voir que quoyqu'il foit rempli d'incertitude, & de dangers il n'y a point de fecours plus neceffaire à un malade que ce. lui de la prudence d'un bon médecin. Dans le récit de la chimie, il dévoile les fupercheries des alchimistes, & réfu te leurs principaux raifonnemens; mais il rend juftice aux dé couvertes utiles d'une chimie fage, qui ne s'applique qu'à la connoiffance de la nature & à la préparation des remedes. La science de l'aftrologie judiciaire y eft détruite, & renversée, de même que les autres efpeces de divinations prétenduës naturelles comme phifionomie, chiromancie, talif mans, & autres femblables fuperftitions. Le mêlange des opi nions des naturaliftes fournit des amples mémoires pour l'hi ftoire de l'efprit humain. Dans la differtation fur les arts il difcute en philofophe profond les opinions fur la formation des idées, & ce qui regarde l'imagination & les fens Trai tant enfuite de la politique, il fait connoitre les differentes fortes de gouvernement par l'hiftoire ancienne, & moderne;

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& fait

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il donne des tableaux finis des etats de la Gréce,& de la Republique Romaine; il explique avec une grande connoiffance du droit public la véritable conftitution des gou vernemens, il examine les maximes politiques, la morale, & les differentes loix & coutumes des peuples, il en rapporte les penfées les plus fublimes, & les opinions les plus déraisonnables. La diverfité des coutumes eft propofée comme une fource de réflexions falutaires Enfin il termine fon ouvrage par une differtation éloquente fur la douleur & fur la mort. On ne peut difconvenir, que l'auteur avoit une parfaite connois fance de l'antiquité, & une profonde érudition; tant de fu jets fi diverfifiez contiennent des récherches immenfes en tout genre chaque fcience y eft traitée fuivant fon caractere particulier, & il en résulte un affemblage d'excellens mémoires pour fervir à l'histoire de l'efprit humain, & on peut également y reconnoitre les erreurs & y confidérer les monu mens de fes travaux les plus illuftres.dom

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